Comment protéger efficacement les Landes de la Poterie, « un site d’intérêt écologique exceptionnel », accueillant toutes les espèces de reptiles recensées dans le département, mais aussi toutes les espèces de tritons observables en France, sans oublier une variété de libellules inédite dans les Côtes -d’Armor ? C’est la question à laquelle tentent de répondre depuis des années les élus locaux, mais aussi les membres de l’association VivArmor Nature.
Une partie de la réponse réside peut-être dans le statut de réserve naturelle, l’un des statuts de protection de la nature les plus forts en France. En France, cet outil juridique est déjà en vigueur sur 361 sites, dont 16 en Bretagne. Et les Landes la Poterie pourraient bientôt faire partie de ces espaces protégés, où les activités humaines (circulation des véhicules, activités agricoles, chasse, promenades…) sont très encadrées.
Espèces envahissantes, pesticides et déchets
En 2020, la région Bretagne a lancé un appel à manifestation d’intérêt, intitulé « Nouvelles réserves naturelles régionales en Bretagne ». Soutenue par la Ville de Lamballe, l’Agglomération et VivArmor Nature, la candidature des Landes de la Poterie a ensuite été sélectionnée parmi onze candidats. Mais le dossier – susceptible de prévoir entre 40 000 et 55 000 € de financement annuel – n’est pas encore clos, ni totalement validé par la Région.
Ce lundi 4 novembre au soir, les membres du conseil municipal de Lamballe-Armor ont été informés de l’avancée du projet. Rozenn Gaillard, responsable du service biodiversité à Lamballe Terre et Mer, a d’abord rappelé les dangers qui menacent le site : dépôt de déchets, espèces exotiques envahissantes, arrachage de haies, utilisation de pesticides, trafic routier, etc.
Pas d’expropriation ni de préemption
Si la Région valide définitivement le projet, son lancement officiel pourrait intervenir d’ici un peu plus d’un an. D’ici là, le périmètre de la réserve doit être finalisé. En attendant, les travaux de foncier se poursuivent, afin de convaincre le plus grand nombre de propriétaires possible. « Vingt-trois d’entre eux ont déjà donné leur accord pour une durée de dix ans. Nous avons déjà rassemblé 132 hectares pour la future réserve, dont 86 ha de parcelles publiques », a détaillé Rozenn Gaillard.
« Tout se fait par concertation. Les propriétaires et les exploitants sont libres d’adhérer », rappelle Jean-Luc Barbo, vice-président de Lamballe Terre et Mer en charge des questions de biodiversité. “Il n’y aura ni expropriation ni préemption”, a insisté le maire Philippe Hercouët.
Chasse au gros gibier autorisée
Quelles conséquences pour les propriétaires volontaires ? Une exonération de la taxe sur les terrains non bâtis si leur terrain est en zone humide, en contrepartie de l’interdiction d’utiliser des produits phytosanitaires ou de cultiver des cultures.
Quid de la chasse, pratique défendue par le leader de la droite et du centre Stéphane de Sallier Dupin ? « La chasse au gros gibier (sanglier, cerf, etc.) devrait se poursuivre dans certains endroits. Pour le petit gibier, notamment la bécasse, des discussions sont en cours avec les chasseurs », explique Jean-Luc Barbo.
Quant aux marcheurs, ils pourront continuer à marcher dans les Landes, mais pas en trop grand nombre. « L’effondrement de la biodiversité est une réalité catastrophique. Cependant, il est encore difficile de travailler sur la protection des espèces et de mettre en œuvre des choses très concrètes. C’est ce que nous faisons ici », a conclu Philippe Hercouët.
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