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les femmes encore très minoritaires aux postes à hautes responsabilités

P.printemps 2001, mairie de Saintes. Bernadette Schmitt vient d’être élue maire – la première dans l’histoire de la ville – et travaille à la nomination des adjoints. Face à sa proposition de parité, des jeunes loups fraîchement élus sur sa liste lui glissent : « la parité c’était pour la constitution de la liste, mais pour les députés, vous n’êtes pas obligé ! » Il faut dire que le monde politique a commencé en termes d’égalité femmes-hommes. Ces élections municipales de mars 2001 ont été les premières soumises à la loi du 6 juin 2000 sur la parité, introduisant notamment l’égalité obligatoire des candidats pour les élections de liste. Les femmes entrent en plus grand nombre dans les conseils municipaux, mais le chemin vers les postes à hautes responsabilités est encore loin d’être simple.

En Charente-Maritime, l’élection de Bernadette Schmitt était à l’époque un petit événement. Maire et présidente de la Communauté de Communes du Pays Santon – qui suite à une fusion deviendra la Communauté d’Agglomération de Saintes en 2013 –, elle est alors la seule femme à occuper l’un des 20 postes les plus responsables du département (lire par ailleurs).

Une évolution lente

Près d’un quart de siècle plus tard et un chargement de lois sur la parité, les choses ont-elles enfin évolué en Charente-Maritime ? Oui, mais très peu et à un rythme qui ne peut être qualifié de frénétique. De zéro femme en 2000 sur ces 20 postes, on est passé à trois aujourd’hui, et plus de femme députée pour la première fois depuis 2007 et l’élection de Catherine Quéré le 3.e circonscription électorale. Au total, sur les 480 années de mandat que représentent ces 20 postes depuis 2000, seuls 58 sont tombés entre les mains de femmes. 58 ans de mandat pour huit femmes contre par exemple 75 pour le duo Dominique Bussereau-Claude Belot sur la même période. Rappelons que selon les chiffres de l’INSEE (2021), les femmes représentent plus de 52 % de la population charentaise.

« Quand j’ai constitué ma liste en 2014, j’avais du mal à trouver des femmes. Ils m’ont dit : « Je ne sais pas comment faire, je n’ai rien à apporter. »

Malgré cet écart abyssal, la présidente du Département Sylvie Marcilly constate « une accélération de la présence féminine au sein des organismes publics ». Il est indéniable que les lois de 2000, 2007 et 2013 sur la parité ont ouvert plus largement les portes des conseils municipaux, départementaux et régionaux, du Sénat et de l’Assemblée nationale aux femmes. Petit à petit, mettre en place les conditions d’un (lent) rattrapage. « Lorsque j’ai constitué ma liste en 2014, j’ai eu plus de difficulté à trouver des femmes que des hommes », se souvient la maire de Saint-Jean-d’Angély, Françoise Mesnard. Ils m’ont dit : « Je ne sais pas comment faire, je n’en suis pas capable, je n’ai rien à apporter ». Aucun homme ne m’a dit ça ! Mais cela a un peu changé. En 2020, les femmes que j’ai approchées ont continué à poser ce genre de questions mais c’était moins compliqué de les convaincre. Peut-être que ça les a rassurés de voir les précédents, qu’il y avait plus de confiance puisque j’étais déjà maire. »

Zéro sur 13

Réélue en 2020, Françoise Mesnard fait partie des 22 % de femmes maires du département (20 % au niveau national), la seule aujourd’hui à la tête d’une ville sous-préfecture. Il lui a fallu s’accrocher pour en arriver là. « En 1995, nous étions deux assistants sur huit et à chaque fois que nous parlions, les hommes se mettaient à parler entre eux, c’était haineux. Pour nous faire entendre, il a fallu en faire trois fois plus. » Le travail est aussi une valeur mise en avant par Sylvie Marcilly : « L’autorité, l’engagement, le courage et la volonté ne sont pas une question de sexe », insiste-t-elle. Force est de constater, au vu des chiffres de la Charente-Maritime, que cela ne suffit pas toujours pour accéder à la dernière marche, au sommet d’un exécutif local ou à un siège parlementaire.

Peu fan des quotas, la présidente du Département estime que les choses vont s’autoréguler, prenant comme exemple des femmes comme Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne, ou Kamala Harris, capables d’accéder à de très hauts niveaux. haute en puissance. A noter cependant que l’ancien maire de Fouras est président d’une assemblée où la parité est la règle. Dans le dernier type d’institutions où aucun texte n’en impose en matière d’égalité femmes-hommes, à savoir les intercommunalités, les hommes règnent encore en maîtres incontestés. La Charente-Maritime en compte 13. Un seul genre est représenté, on vous laisse deviner lequel.

L’infog

Pour réaliser cet état des lieux, « Sud Ouest » a choisi de sélectionner 20 postes à hautes responsabilités dans le département (à savoir les sièges à l’Assemblée nationale, au Sénat, les maires de préfecture et de sous-préfectures, la présidence des intercommunalités les plus importantes). et la présidence du Département) remontant à 2000, au moment de la première loi sur la parité. Précisons que côté préfecture, une seule femme s’est glissée dans la liste sur cette période : Béatrice Abollivier (2011-2015).

 
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