Louis Vachon, réalisateur invité | Profession : réserviste

Étudiants, cuisiniers, policiers, enseignants… Venus de tous horizons, les réservistes – ces « militaires civils » qui représentent près de 40 % des Forces armées canadiennes – forment la force tranquille de la défense du pays.


Publié à 1h11

Mis à jour à 9h00

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Une femme et deux hommes traversent en courant le gymnase du NSCM Donnacona, le quartier général montréalais de la Marine royale canadienne, avec des sacs de sable sur les épaules. Ces jeunes d’une vingtaine d’années tentent de se faire une place parmi les réservistes de la force navale. Pour ce faire, ils devront non seulement passer des tests physiques, mais aussi des examens médicaux et cognitifs.

L’effort est visible. Mais la manœuvre haletante contraste considérablement avec la formation sadique du sergent de Veste entièrement en métal. L’allusion à ce classique de l’œuvre de Stanley Kubrick, où les recrues lavent les sols avec des brosses à dents, fait sourire le lieutenant de marine Marianne Forest : « Ce n’est pas du tout la même époque. J’ai été officier de formation des recrues et tout se fait dans le respect et la dignité. »

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PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Marianne Forest, lieutenant

La femme s’est jointe à la réserve il y a sept ans, alors qu’elle étudiait en psychologie et en criminologie à l’Université de Montréal : « Je me suis spécifiquement engagée dans la marine parce qu’un métier précis m’attirait, celui d’officier de la garde navale qui, ultimement, peut me mener à devenir capitaine de navire. »

Cependant, même si le lieutenant Forest travaille à temps plein – elle est réserviste contractuelle – la plupart des réservistes optent pour le temps partiel, habituellement un soir par semaine et une fin de semaine par mois. Formés au combat, ils constituent cette force tranquille de l’armée canadienne, un pilier important de la structure militaire du pays.

Avec 45 000 soldats, marins ou membres de l’armée de l’air, la Réserve représente en réalité un militaire sur trois au pays. Au Québec, leur nombre avoisine les 10 000 militaires.

« Le rôle des réservistes est avant tout d’être prêts », résume en une phrase le colonel David Shane, commandant du 34e Groupe-brigade du Canada. L’unité dont la devise est « Combattre, conquérir ou mourir » regroupe quelque 2 500 réservistes de l’ouest du Québec, principalement concentrés dans la grande région de Montréal : « Ils sont prêts à se porter volontaires lors d’événements ou à être déployés si le besoin s’en fait sentir. »

La presse a rencontré le Colonel Shane à deux pas de la Place des Festivals, dans son bureau du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), où il est chef des communications.

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PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Colonel réserviste dans les Forces armées canadiennes, David Shane est chef des communications du SPVM.

Quand j’étais jeune, je voulais servir les citoyens. Et j’ai hésité entre devenir policier ou soldat. Et en fait, je n’ai jamais arrêté de faire les deux.

David Shane, colonel réserviste des Forces armées canadiennes et chef des communications du SPVM

Sur les murs de son bureau : ses faits d’armes. En plus de ses diplômes du Collège royal canadien et du Collège des Forces canadiennes, on retrouve un drapeau honorifique du Royal 22e Régiment, dont il commandait le 4e Bataillon.

Celui qui a servi dans les opérations au Moyen-Orient et en Bosnie-Herzégovine estime que son expérience militaire a fait de lui une meilleure personne : « Ce que nous apprenons et la formation que nous suivons constamment en tant que soldat nous sont utiles dans notre emploi civil. »

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PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Jonathan Ouellette, matelot-chef

Car être réserviste, c’est aussi devoir maîtriser l’art de jongler au quotidien entre devoirs militaires et responsabilités civiles. Le Matelot-chef Jonathan Ouellette en sait quelque chose. Responsable d’une cinquantaine de marins, l’homme d’une vingtaine d’années partage sa vie au quotidien entre son métier de conducteur de train chez exo et ses responsabilités militaires.

Il mène ces deux vies côte à côte. « Une partie des heures à exo se déroule le matin et l’autre partie en fin d’après-midi. Comme les bureaux sont à Montréal, cela me permet souvent de venir ici entre les deux et d’effectuer mes tâches de matelot-chef », explique-t-il.

Au fil des années, Jonathan Ouellette a participé à des déploiements et à des opérations. A-t-il été difficile de concilier votre travail civil ? Non, répond-il sans hésiter. « Je n’étais pas obligé de le faire à exo, où je suis arrivé il y a quelques mois, mais avant j’étais au CP [Canadien Pacifique] et cette réalité a été bien comprise. »

“Scénario gagnant-gagnant-gagnant »

Cependant, concilier travail et carrière militaire représente un défi pour de nombreux réservistes. Et les Forces en sont conscientes. Au fil des années, ils ont déployé des programmes pour « mieux comprendre la réalité de nos réservistes », explique le major Mark Ruban, membre de la force aérienne et gestionnaire du Programme de soutien aux employeurs.

« Nous recherchons un scénario gagnant-gagnant-gagnant qui profite aussi bien au salarié qu’à l’employeur et aux forces armées. Avec un peu de flexibilité et de bonne volonté, nous y parvenons », dit-il.

Certes, les situations « ne sont pas toujours évidentes », concède-t-il, précisant par la même occasion que la grande majorité des employeurs soutiennent les réservistes.

Pour certains, cela est même perçu comme une forme de soutien patriotique qu’ils offrent indirectement.

Major Mark Ruban, membre de la Force aérienne et gestionnaire du programme de soutien aux employeurs

Les ressources militaires ont « construit des ponts » avec les employeurs civils. Les certificats sont souvent décernés à ceux qui facilitent l’engagement des employés. «C’est symbolique, mais cela a une certaine importance», explique le major Ruban.

En 2017, à la suite de la guerre en Afghanistan, les Forces canadiennes ont également déployé un programme de compensation pour aider financièrement les employeurs. Si un réserviste s’absente pour une durée minimale de 30 jours, l’employeur civil peut faire une demande d’indemnisation. « Le montant moyen accordé est d’environ 525 $ par semaine d’absence. C’est une manière de les remercier… mais de manière plus concrète », explique-t-il.

Un mardi soir avec les Fusiliers Mont-Royal

  • >Le mardi soir, les réservistes se donnent rendez-vous au manège militaire des Fusiliers Mont-Royal, situé au coin de l'avenue Henri-Julien et de la rue Prince-Arthur. Ils y suivent des formations et des entraînements.>

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Le mardi soir, les réservistes se donnent rendez-vous au manège militaire des Fusiliers Mont-Royal, situé au coin de l’avenue Henri-Julien et de la rue Prince-Arthur. Ils y suivent des formations et des entraînements.

  • >Le Caporal-chef Bédard donne ses instructions lors d'un entraînement au cours duquel les soldats simulent, dans le gymnase, une opération militaire urbaine, peaufinant ainsi leurs techniques d'infiltration.>

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Le Caporal-chef Bédard donne ses instructions lors d’un entraînement au cours duquel les soldats simulent, dans le gymnase, une opération militaire urbaine, peaufinant ainsi leurs techniques d’infiltration.

  • >A quelques mètres d'une stèle commémorant le raid de Dieppe, l'adjudant Boudrault, membres de la fanfare, répètent le défilé d'un défilé.>

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    A quelques mètres d’une stèle commémorant le raid de Dieppe, l’adjudant Boudrault, membres de la fanfare, répètent le défilé d’un défilé.

  • >Le « mess » militaire des Fusiliers Mont-Royal est une pièce aux allures de salon qui sert de club social. Aux murs : photos et toiles rappellent les faits d'armes du régiment, dont une qui évoque la prise des fermes Beauvoir en 1944.>

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Le « mess » militaire des Fusiliers Mont-Royal est une pièce aux allures de salon qui sert de club social. Aux murs : photos et toiles rappellent les faits d’armes du régiment, dont une qui évoque la prise des fermes Beauvoir en 1944.

  • >Les faits d'armes des Fusiliers Mont-Royal et les opérations auxquelles ils ont participé sont affichés au-dessus du gymnase du manège militaire, arborant la grenade qui symbolise leur régiment.>

    PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

    Les faits d’armes des Fusiliers Mont-Royal et les opérations auxquelles ils ont participé sont affichés au-dessus du gymnase du manège militaire, arborant la grenade qui symbolise leur régiment.

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Le mot de Louis Vachon, réalisateur invité

« Les gens peuvent rejoindre l’armée régulière, mais ils peuvent aussi conserver leur emploi quotidien normal et travailler dans la réserve à temps partiel. C’est pourquoi j’ai souhaité mettre en lumière ces deux aspects : le recrutement et le rôle de la réserve dans la société. »

« Et en tant que colonel honoraire, tout ce que je peux faire pour aider au recrutement, je le fais avec plaisir. Donc, donner un peu plus de visibilité dans les médias, je pense que ça aide. »

Lire l’article « Plaidoyer pour l’indépendance financière »

 
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