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Le système régional de sacs poubelles taxés présente des défauts

La Cour des comptes vaudoise critique le système régional de taxe sur les sacs et d’élimination des déchets. Dans un audit publié mercredi, elle estime nécessaire de repenser la gouvernance et d’harmoniser la gestion pour limiter les risques d’erreurs. La Cour constate également que le principe du « pollueur-payeur » n’est pas respecté. Il formule au total 24 recommandations.

“C’est un audit extraordinaire en raison du nombre d’entités auditées et de séances, en raison de la durée de l’enquête”, n’a pas caché aux médias la vice-présidente de la Cour des comptes Valérie Schwaar. « C’est un domaine extrêmement complexe et il est difficile pour les communes de comprendre toutes les subtilités du système », a-t-elle résumé.

Bref, « c’est un système totalement dépourvu de pilote », a affirmé le magistrat. Elle a rappelé que dans le canton de Vaud, l’élimination des déchets était déléguée aux communes. Ces dernières sont réparties en neuf zones de gestion des déchets (sous forme de sociétés anonymes ou de collaborations intercommunales) chargées d’assurer la coordination entre elles. Ils correspondent donc grosso modo aux dix arrondissements du canton.

Plus de 30 millions par an

Fin 2023, plus de 85% de la population vaudoise, répartie sur 237 communes (sur 300 au total), utilise les sacs poubelles « Trier, c’est recycler » proposés par la taxe régionale sur les sacs (TAS). Introduit en 2013, il collecte annuellement un montant total de plus de 30 millions de francs, destiné à financer l’élimination des déchets, a expliqué Mme Schwaar.

Son objectif est la vente de sacs taxés uniformes à un prix unique et la rétrocession de la taxe aux communes membres en fonction du poids des déchets collectés. Sa mise en œuvre est assurée par un Collège des Présidents et sa Cellule Financière, des instances composées de représentants de six territoires participant au dispositif et par l’usine d’incinération Tridel, à Lausanne, mandatée comme prestataire.

Au niveau cantonal, le Département de la Jeunesse, de l’Environnement et de la Sécurité (DJES) exerce une haute police en la matière, tandis que la Direction générale de l’Environnement (DGE) est chargée d’exécuter l’ensemble du droit de l’environnement, ce qui inclut la gestion des déchets.

Conflits d’intérêts ?

La Cour des comptes a identifié plusieurs problèmes et dysfonctionnements. Bien que le Collège des présidents garantisse le bon fonctionnement de l’ensemble du système et soit compétent pour prendre des décisions stratégiques, il ne se considère pas comme un organe directeur. En fait, elle n’existe pas au sens juridique du terme. C’est l’agent Tridel qui encaisse le produit de la taxe auprès du fabricant de sacs, constate le contrôle.

« Il y a donc un manque centralisé de vision stratégique, de gestion et de suivi du système. Il existe également un risque de conflits d’intérêts, car Tridel siège au Collège des présidents et plusieurs présidents font partie du conseil d’administration de Tridel», note Mme Schwaar. Elle souligne également que la convention instaurant la taxe sur le sac n’est plus d’actualité et que le prix du sac n’a jamais été réévalué.

Bien que les six périmètres visent une gestion harmonisée du système, la Cour constate que chaque commune ne bénéficie pas d’un montant identique restitué par tonne de déchets. Elle constate également que « les risques d’erreurs dans la répartition de l’impôt aux communes ne sont pas suffisamment gérés ».

Canton également épinglé

Le canton, via le DJES, est également épinglé. « S’il appartient au DJES, chargé de la haute police, de jouer un rôle de régulation et de contrôle des pratiques, il ne veille pas à la bonne application du cadre légal et réglementaire par les communes à travers des contrôles périodiques. Il n’a aucune visibilité sur le TAS. système », écrit la Cour.

Elle observe également que les administrations publiques ne sont pas systématiquement facturées pour leurs déchets urbains. Le principe du « pollueur-payeur » ne s’applique donc pas à ces entités. « Les coûts liés à l’élimination de ces déchets sont donc répercutés sur les personnes et les entreprises soumises aux taxes. »

La gestion des déchets urbains doit être financée exclusivement par des impôts et doit donc être un domaine d’autofinancement. La Cour constate toutefois que cinq des six communes contrôlées utilisent les recettes fiscales pour financer la gestion de ces déchets urbains.

La Cour adresse sept recommandations au Collège des présidents, qui en refuse deux. Huit recommandations sont adressées aux six communes auditées. Une seule commune en refuse un. Sept recommandations sont adressées à la DGE, qui les accepte toutes, et deux au DJES, qui en refuse une.

Yann Rossier avec Keystone ATS

 
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