Quel est cet investissement boursier qui cartonne auprès des jeunes Français ?

Quel est cet investissement boursier qui cartonne auprès des jeunes Français ?
Quel est cet investissement boursier qui cartonne auprès des jeunes Français ?

Par

Raphaël Lardeur

Publié le

26 janvier 2025 à 17h00
; mis à jour le 26 janvier 2025 à 17h12

Ils ne connaissent pas les mystères de Wall Street. Ils ne se sont jamais rencontrés commerçants. Et pourtant, les yeux rivés sur les courbes, ils investissent en bourse. Ce sont des jeunes, pour la plupart des hommes, et parfois encore aux études.

En quelques clics, grâce aux applications, leurs pièces glissent dans la grande machine du marché. La main invisible aspire de plus en plus. Qu’espèrent-ils ? Avec les ETF et autres actions, créer un capital confortable pour les années à venir. Presque par magie. Ils ne comptent plus sur le système de retraites qui « implose » et espèrent, pourquoi pas, devenir millionnaires. Décryptage.

Les nouveaux investisseurs du Covid-19

«C’était en 2020», se souvient Ambroise* pour -. À l’époque, il avait 27 ans et étudiait dans l’industrie pharmaceutique. Et comme pour pléthore de jeunes, la crise sanitaire du covid-19 fige leur avenir professionnel. « Je n’avais aucune perspective et j’étais coincé chez moi dans mon appartement parisien exigu. »

Parallèlement, à la télévision, sur les réseaux sociaux et à la radio, l’étudiant entend parler de exploits des marchés financiers. « Après une chute drastique des valorisations puis une hausse spectaculaire, les actionnaires se sont remplis les poches », rappelle-t-il.

« Et pourquoi pas moi ? » Sur les conseils de son frère, preneur d’assurance vie, le jeune homme met 2 000 euros sur la table. Cet argent, Ambroise le place dans des ETF dans le cadre d’un PEA, plan d’épargne en actions. Un produit d’épargne réglementé qui permet d’investir en bourse.

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Ces dernières années, cet itinéraire semble assez classique en . Comme beaucoup, Ambroise avait le vingt pendant la crise sanitaire. Et, grâce aux candidatures, il est devenu investisseur. « Les gens avaient du temps libre, ça les intéressait », observe -l’Autorité des Marchés Financiers (AMF).

Je veux me créer une retraite, avoir un capital solide pour l’avenir.

Ambroise*
investisseur de 32 ans

Qu’est-ce qu’un ETF ? L’investissement préféré des jeunes

Les ETF sont tout un . Aujourd’hui, 15% des Français en sont dotés et leur nombre a quadruplé en cinq ans, entre 2019 et 2024, note l’AMF dans son baromètre. Fonds négociés en bourse, parfois appelés traqueurs ou fonds cotés, il s’agit d’un nouveau type d’instrument apprécié des jeunes.

En résumé, ils permettent suivre l’évolution d’un indice boursierà la fois vers le haut et vers le bas. Au lieu de trouver des sociétés pépites et d’espérer que leurs valorisations augmentent, l’ETF est constitué d’un large panier d’actions de divers secteurs et pays. En 2024, ces actions vaudraient plus de 14 000 milliards de dollars, soit 13,587 milliards d’eurosau niveau mondial. Presque le PIB de la Chine.

En 2020 donc, Ambroise* choisit de placer son agent sur des ETF qui répliquent le MSCI Monde et le S&P500. Le MSCI World pour Morgan Stanley Capital International World, rassemble les 1.546 meilleures entreprises des pays dits « développés », dont les Etats-Unis (64,43%), le Japon (8,56%) et la France (3,51%) dans divers secteurs . Sur 10 ans, entre 2011 et 2021, sa performance annualisée a été de +13,32%.

Le S&P 500 (Standard & Poor’s), star des ETF, regroupe les 500 plus grandes entreprises cotées sur les bourses américaines comme Apple, Nvidia, Microsoft et Amazon. L’avantage est que ces ETF sont autonettoyants. Le jour où une entreprise du S&P 500 fera faillite, la 501ème plus grande entreprise des États-Unis la remplacera automatiquement.

Les limites de cet instrument

Sur le risque présenté par ces instruments boursiers, « l’objectif de la gestion d’un ETF est de s’exposer à un indice, pas de le battre. Si l’indice baisse, votre portefeuille baisse dans les mêmes proportions, voire plus fortement si vous avez choisi des ETF à effet de levier. Vous pouvez donc perdre tout ou partie du capital investi », rappelle l’AMF.

« Les moins sûrs sont les ETF qui reproduisent les cours des cryptomonnaies », argumente Olivier Lendrevie, fondateur de MoneySmart, spécialiste des marchés financiers avec-. Les jeunes « adorent » ces territoires, même s’ils sont très volatiles.

Après la crise des subprimes de l’automne 2008, par exemple, le cours MSCI World a mis plus de cinq ans à se redresser. Le S&P 500 avait chuté de 60%, note la Banque de France. La panique du marché a jeté les entreprises et les épargnants dans le mur.

Selon le professeur d’HEC, « tout dépend de votre horizon d’investissement »avant d’ajouter : « si vous investissez votre argent sur une période de dix ans, les ETF comportent moins de risques. » Tout comme l’AMF, Olivier Lendrevie conseille de disposer d’un « coussin de sécurité », une épargne placée sur des comptes d’épargne disponible en cas d’imprévu.

Autre risque de ce placement très prisé : la concentration. « Les ETF contribuent au succès des sept magnifiques (ndlr : Nvidia, Meta, Tesla, Amazon, Alphabet, Microsoft et Apple), grâce aux sommes gigantesques des ETF. » Des bulles créées par les algorithmes, qui risquent peut-être d’éclater. « Personne n’a de boule de cristal. »

Pourquoi un tel succès ?

L’Autorité des marchés financiers a bien analysé l’engouement pour les ETF. « Depuis 2020 et la crise du covid-19, plus d’un million de nouveaux investisseurs sont arrivés sur les marchés financiers apparus en France », observe France Mayer, directrice des relations avec les épargnants et de leur protection, à -.

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« Une étude de l’OCDE pour l’AMF montre que ces nouveaux investisseurs, plus jeunes, ont investi pour moitié dans les crypto-actifs (comme le Bitcoin, ndlr) », poursuit le directeur. Au premier semestre 2023, 38,5% des nouveaux investisseurs avaient moins de 35 anscontre 28% en 2020 et 12% en 2019.

Voici le profil de Olivier. Il vit avec ses parents. A 19 ans, cet étudiant en BTS de commerce de l’ouest parisien investit en bourse depuis sa majorité via… les ETF. Avec son salaire fixe en alternance d’environ 1 000 euros“un quart de parts sur le marché, car c’est un placement sûr”, confie-t-il à -.

Que faire de cet argent ? Pourquoi investir ? “Je n’ai pas vraiment de projets pour le moment”, avoue-t-il, “mais je ne crois plus au système français, il implose, c’est un peu ‘les ETF à la place de ma retraite'”. Capital pour plus tard, placé sur « à très long terme » « éviter l’inflation », sans avoir peur de « tout perdre » et enfin « se mettre à l’abri ».

J’oublie ce montant pour le moment, nous verrons plus tard.

Olivier
investisseur de 19 ans

“Grâce aux applications des néobrokers comme Trade Republic, Degiro ou encore eToro, il est devenu tellement simple d’investir avec un catalogue d’ETF bien plus large que dans les banques traditionnelles”, argumente Olivier Lendrevie pour -. Un équipement qui incite les jeunes à s’y intéresser.

Même son de cloche pour Clément, qui a débuté au temps du covid-19. « J’avais 22 ans et j’ai vite ouvert un PEA, poursuit-il. Après quelques « erreurs », le jeune homme de 26 ans, qui travaille depuis deux ans dans l’ingénierie aéronautique, investit chaque mois dans des ETF. « C’est mieux que les actions et c’est simple. »

« La génération de mes parents n’est pas du tout fan de la bourse, constate-t-il. « Au début j’avais peur, je perdais de l’argent, maintenant J’ai accepté la volatilitéc’est un investissement à très long terme. »

Telles sont les principales raisons qui poussent ces jeunes à s’essayer à la bourse : vaincre l’inflation, créer des revenus pour la retraite et surpasser le rendement des fameux comptes d’épargne. Comme le Livret A, le placement préféré des Français, avec plus 414 milliards d’euros cumulés en 2024, selon la Banque de France. Et dont le taux descend à 2,4% en 2025. A l’inverse, il atteint environ 10% pour le MSCI World depuis sa création.

Le rôle croissant des influenceurs et des réseaux sociaux

Comment expliquer le phénomène ? La réponse vient des réseaux sociaux. « Ces nouveaux investisseurs se renseignent davantage sur les réseaux sociaux et auprès des influenceurs », précise France Mayer pour -. Après la crise du covid-19, le gendarme financier a constaté cette multiplication efficace de ses conseillers financiers, « un véritable écosystème ».

C’est aussi ainsi qu’ont débuté Olivier, Gabin et Ambroise*. Par le biais de vidéos sur YouTube, de bouche à oreille ou sur les réseaux sociaux. On les retrouve aujourd’hui sur les forums de discussion de Finaleune plateforme réputée utilisée par environ 350 000 investisseurs.

Ce site permet aux utilisateurs de gérer leurs actifs, d’investir dans les cryptomonnaies ou encore de suivre l’évolution de leurs livrets. Grâce à des vidéos, son co-fondateur, Mounir Laggoune explique l’intérêt d’investir dans les ETF. Comme Mathieu Louvet de la chaîne S’invest ou encore Xavier Delmas de Zone Bourse. Sur Internet, il y en a pour tous les goûts.

Face à ce nouveau monde des créateurs de contenus, l’AMF s’associe à l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP). « Le but ? Destiné aux influenceurs de la finance afin d’aider à la professionnalisation de l’influence commerciale, activité désormais réglementée par la loi du 9 juin 2023 », fait valoir -France Mayer. In finele régulateur des marchés financiers souhaite protéger le néophyte en investissement à risque.

Seulement 55 influenceurs classés finance aurait obtenu la certification, précise l’AMF.

« Avant d’investir, multipliez et croisez vos sources d’information. Contactez également votre intermédiaire financier habituel qui pourra vérifier que l’investissement est adapté à vos besoins et à votre profil », conseille l’AMF par la voix de son directeur. L’autorité publique indépendante française conseille de consulter son site internet pour “trouver notamment des informations pédagogiques sur les placements financiers ainsi que des outils qui permettent de faire le point sur son épargne”. Et ainsi, comprendre où investir et dans quel horizon.

“Assurez-vous que la prise de risque est en adéquation avec votre projet, votre horizon d’investissement et votre capacité à perdre une partie de cette épargne (n’investissez pas si vous n’êtes pas prêt à perdre tout ou partie de votre capital)”, rappelle l’AMF.

*Le prénom a été modifié.

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