Écrit par Norbert Cohen
Ce lundi, nous commémorons le 80e anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. A cette occasion, nous avons entendu quatre rescapées des camps de la mort : Judith Elkan Hervé, Yvette Lévy, Ginette Kolinka et Esther Senot. Derniers témoins, aujourd’hui, de l’horreur nazie.
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Pendant près de cinquante ans, Yvette Lévy, Judith Elkan Hervé, Ginette Kolinka et Esther Senot se sont murées dans le silence. De peur d’être mal compris. De peur que personne ne croie à leur histoire.
80 ans après la libération du camp polonais de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau par les troupes russes, le souvenir de l’horreur est encore intact pour ces quatre survivants des camps de la mort. Ces femmes témoignent partout où l’on veut les entendre et notamment dans les écoles, collèges et lycées. C’est justement à cette jeunesse qu’Esther Senot, âgée de 97 ans, s’adresse aujourd’hui dans une lettre émouvante, lue au Mémorial de la Shoah.
Je compte sur vous pour que lorsque nous ne serons plus là, nous qui avons connu les camps et puissions certifier qu’ils ont réellement existé.
“Je le répète, ne vous laissez pas entraîner sur la voie du racisme et de la xénophobie, c’est-à-dire de la haine des étrangers. Cela conduit aux crimes les plus horribles. Accepter d’être différent les uns des autres.»
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Norbert Cohen/ Wilfried Redonnet/ Lisa Dubos.
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Esther Senot est née le 15 janvier 1928 en Pologne. Elle est la sixième de sept enfants. Pour échapper aux pogroms polonais, la famille arrive en France dans les années 1930 et s’installe à Paris dans le quartier défavorisé de Belleville, car les loyers sont bon marché. La famille de huit personnes vit dans une masure entourée de machines à coudre pour travailler. Esther Senot sera la seule à revenir des camps de la mort.
Elle passera deux hivers dans ce même camp de la mort, 17 mois dans des conditions extrêmes. Elle verra sa sœur s’affaiblir petit à petit puis mourir.
-Vous me promettez que si vous avez la chance de revenir et de raconter ce qui s’est passé ici, nous ne serons pas oubliés par l’histoire.
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Norbert Cohen/Wilfried Redonnet.
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Autre rescapée des camps, Judith Elkan Hervé. Elle est née en Transylvanie. En mai 1944, elle est arrêtée puis déportée avec sa famille. Elle a 18 ans. Elle se souvient des enfants emmenés à la chambre à gaz. “Pour moi, Auschwitz, c’est ça, des mères qui amènent leurs enfants à la mort.
Sur 1300 personnes, 896 se sont rendues directement à la chambre à gaz.
A cette époque, la jeune Yvette Lévy était membre des scouts juifs de France. Avec son groupe, elle cache des enfants échappés de la rafle du Vel-d’Hiv. En juillet 1944, les enfants et Judith sont arrêtés, dirigés vers le camp de Drancy, avant d’être tous déportés par le convoi 77.Dès que nous sommes descendus du train, nous avons tous été emmenés. D’emblée, c’est la sélection, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Sur 1300 personnes, 896 sont allées directement à la chambre à gaz.»
13 mars 1944, Ginette Kolinka avait 19 ans lorsqu’elle a été arrêtée avec son père, son jeune frère et son neveu de 14 ans. Un mois plus tard, ils sont déportés vers Auschwitz-Birkenau.
Ginette Kolinka se souvient des Kapos dans le camp : «Je neai Jamais vu de personnes Aussi méchant. Ils ne le font pas pensée Celui-la choisi : c’était de Nous frapper, Nous frapper. “Quand on dit que tu as été touché, je vois la Kapo qui frappe la victime jusqu’à ce qu’elle soit à terre et lorsqu’il est à terre et très ensanglanté, elle continue de le frapper. C’est le capot.»
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Norbert Cohen/Wilfried Redonnet
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Yvette Lévy, Judith Elkan Hervé, Ginette Kolinka et Esther Senot ont gardé le silence très longtemps puis l’obligation de mémoire leur a été imposée comme une évidence.
Auschwitz-Birkenau est le symbole du génocide perpétré par l’Allemagne nazie qui a entraîné la mort de six millions de Juifs, dont environ un million dans ce camp entre 1940 et 1945.