Le Sénat a brisé, dans la nuit de mercredi à jeudi, la promesse du Premier ministre François Bayrou de revenir sur les 4 000 suppressions de postes dans l’Éducation nationale, devenue l’un des éléments centraux de l’accord de non-censure passé entre le nouvel exécutif et les socialistes. Les crédits alloués à l’Éducation nationale ayant déjà été discutés et votés au Sénat avant la censure et l’interruption des travaux parlementaires début décembre, le gouvernement a donc demandé, comme l’autorise la procédure législative, une seconde délibération sur cette partie du projet de loi. budget, afin d’y introduire un amendement valorisant le plan pour l’emploi du ministère de l’Éducation nationale par rapport au texte initial présenté sous Michel Barnier.
Mais c’était sans compter les LR et les centristes, majoritaires au Sénat, qui n’avaient guère goût à voir ainsi bouleversés les équilibres financiers déjà votés. “Si ces emplois sont pourvus, cela représente une dépense de 150 millions d’euros, ce n’est pas l’épaisseur du trait”, a relevé le rapporteur général du budget, Jean-François Husson (LR).
“On nous dit qu’il faut réduire le nombre d’emplois publics, et là nous demandons une augmentation significative, en contradiction avec un vote unanime avant la suspension de notre travail pour la censure”, s’agace encore cet élu. En effet, les différents groupes politiques du Sénat se sont mis d’accord le 2 décembre pour limiter définitivement cette réduction de 4 000 à 2 000 postes. « Ce vote unanime avait, me semble-t-il, l’avantage de prendre en compte l’évolution de la démographie, un déclin important qui va s’accélérer dans les années à venir avec une baisse de 6 % de la population, ce qui a des conséquences sur la population active. Je pense que c’est une bonne politique de planifier et de soutenir les territoires, mais aussi d’adapter le nombre d’enseignants de manière responsable. »
Un flou entre postes d’enseignant et postes administratifs
L’Éducation nationale reste de loin le premier employeur de l’État, avec 1,07 million d’emplois, suivie par le ministère de l’Intérieur (298 000 postes), puis celui des Armées et des Anciens Combattants (271 000). postes). ” Enfin ! Le gouvernement a pris à bras le corps le problème de l’éducation et considère qu’aujourd’hui, notamment dans nos territoires ruraux, nous avons besoin d’enseignants devant nos élèves”, a salué le socialiste Thierry Cozic.
Stéphane Sautarel, vice-président LR de la commission des finances, a déploré un manque de précisions sur la répartition des postes. « Ce ministère n’est pas capable de gérer la différence entre les fonctionnaires qui sont en face des étudiants et les fonctionnaires qui assurent l’administration administrative. Et donc, on ne peut pas garantir que les postes devant les étudiants ne soient pas supprimés alors qu’on a des coupes pour assumer la responsabilité», s’est-il agacé.
-Une inquiétude également partagée par Cécile Cukierman, chef de file des communistes au Sénat, même si son groupe a soutenu le rétablissement de ces postes. « La vraie question est : avons-nous ou non 4 000 postes d’enseignants ? », a-t-elle demandé. “C’est-à-dire des individus qui apprennent aux élèves d’une classe, ou est-ce qu’on se base sur des calculs qui font qu’on est sur 2.000 adultes devant les enfants et pour le reste une redistribution des postes pour des choses qui sont tout aussi importantes dans L’Éducation nationale mais qui fera qu’à terme, nous n’aurons pas 4 000 enseignants devant nos enfants demain ? »
La création de 924 postes pour la justice également annulée
L’amendement du gouvernement a été largement rejeté, par 184 voix (136 voix pour et 21 abstentions). Les membres du groupe Les Indépendants, qui rassemble les soutiens à Edouard Philippe au Sénat, ont choisi de s’abstenir. Dans le même temps, la droite sénatoriale a également renoncé à la création de 924 postes pour le ministère de la Justice, également soutenue par cet amendement. « D’un côté vous ciblez l’éducation, mais je ne vous entends pas sur les 924 postes de la justice… » Thierry Cozic s’est adressé au rapporteur.
Les sénateurs ont achevé l’examen du budget vers 02h40. L’ensemble du projet de loi de finances pour 2025 doit encore faire l’objet d’un vote solennel ce jeudi 23 janvier. Selon toute vraisemblance, il devrait être adopté grâce à l’alliance centriste-droite qui domine le débat. Chambre haute et soutient l’objectif de réduction des dépenses affiché par l’exécutif. Toutefois, de nombreuses modifications pourraient encore être apportées le 30 janvier en commission mixte paritaire (CMP), réunion de sept sénateurs et sept députés chargés d’élaborer une version de compromis du texte entre les deux chambres du Parlement. A cette occasion, la gauche ne devrait pas manquer de remettre les suppressions d’emplois en négociation.