Jeux olympiques, 80 ans du Débarquement, réouverture de Notre-Dame… L’année qui vient de s’achever a été particulièrement faste et riche en événements en France. Alors que, selon l’ONU, le tourisme mondial a retrouvé son niveau d’avant Covid, les images de la France ont donc fait le tour du monde et attiré encore plus de visiteurs, au nombre de 100 millions de touristes. Le secteur représente pourtant 7,5% du PIB français.
Les revenus générés par les touristes étrangers ont augmenté de 12% en un an, atteignant un montant record de 71 milliards d’euros l’an dernier, selon le premier bilan établi par le ministère.
En 2024, le nombre de touristes internationaux atteindra de nouveaux sommets en France
« Ces chiffres sont sujets à caution, Cependant, Didier Arino, directeur du cabinet Protourisme à Bordeaux, nuance. D’après les méthodes de comptage, notamment les téléphones portables étrangers qui limitent les frontières, le Belge qui se rend dix fois dans sa résidence secondaire en Dordogne sera compté comme dix touristes, ça n’a aucun sens ! » Au-delà de ces résultats, la France est en tout cas particulièrement « contesté » cette année par l’Espagne. Avec seulement 94 millions de touristes étrangers, le voisin ibérique engrange en effet presque deux fois plus de revenus, à 126 milliards d’euros.
Travailler sur les « ailes de saison »
Dans un entretien au Figaro, la ministre déléguée chargée du Tourisme, Nathalie Delattre, reconnaît que la France est de plus en plus en concurrence avec les pays du sud de l’Europe, l’Espagne, mais aussi l’Italie, le Portugal et la Grèce, où les vacanciers séjournent plus longtemps. Elle appelle donc les professionnels à tout faire pour inciter les estivants à rester plus longtemps et augmenter le fameux « panier moyen ».
“C’est le même refrain depuis des années, annoys Nicolas Jabaudon, director of the Médoc Atlantique tourist office, in Gironde. En juillet-août, période où la fréquentation est la plus forte sur le littoral, les prix sont très élevés. Et le reste de l’année, soit les établissements sont fermés, soit ils proposent des prestations dégradées mais à des tarifs toujours élevés. Tout l’enjeu est de travailler ces « ailes de saison », que ce soit avril-mai-juin mais aussi septembre-octobre. » Selon le ministère, le nombre de nuitées, en hausse de 7,3% l’an dernier, est principalement porté par les logements locatifs comme Airbnb ou Abritel, en hausse de 16,4%.
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Mais le camping n’a pas dit son dernier mot. « Durant les deux années post-Covid, il y a eu aussi un véritable engouement pour l’hôtellerie de plein air haut de gamme, note Marc Canavaggia, président de la chaîne de campings indépendants Sunêlia, notamment sur le bassin d’Arcachon et au Pays Basque. Nous avons vu arriver de nouvelles populations issues de l’hôtellerie traditionnelle. Airbnb ne pourra jamais leur proposer les animations, les clubs enfants ou les activités sportives entre amis que nous proposons. » Le groupe affiche également une croissance de 10% en volume en 2024.
Les stations de ski sont pleines
Les arrivées d’Américains, souvent dotés d’un fort pouvoir d’achat, ont bondi de 5%, ce qui en fait une clientèle incontournable. Les Chinois reviennent progressivement en France, mais toujours en baisse de 60 % par rapport à ce qu’ils étaient avant le Covid-19. « La bonne nouvelle, c’est le retour de clients lointains, très rentables, qui pèsent lourd dans l’impact économique, se réjouit M. Arino.
Le problème majeur est que la France souffre de l’absence d’une véritable stratégie de politique étatique dans ce domaine.. Que ce soit en termes d’infrastructures ou d’aménagement, nous nous appuyons sur un tourisme conçu dans les années 1960 sans aucune vision. »
Vision ou pas, la fin d’année 2024 a également bénéficié d’un excellent enneigement en montagne, notamment dans les Pyrénées, qui a favorisé une hausse (+3%) de la fréquentation des stations de ski françaises. Cette courbe vertueuse semble également se poursuivre avec des prévisions d’arrivées internationales en hausse de 10% pour le premier trimestre 2025.