« Les consommateurs recherchent l’effet dissociatif »

« Les consommateurs recherchent l’effet dissociatif »
« Les consommateurs recherchent l’effet dissociatif »

Médecin généraliste spécialisé en addictions, le Dr Pierre Taraud suit chaque mois des dizaines de patients au Centre de soins, d’accompagnement et de prévention des addictions (CSAPA) de Tours. La Nouvelle République l’a interviewé pour mieux comprendre la kétamine et ses effets.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la kétamine ?

« C’est un analgésique puissant, qui possède également des propriétés amnésiques, hallucinogènes et dissociatives. Il est largement utilisé en médecine vétérinaire et dans une moindre mesure en médecine humaine, notamment en anesthésie. »

Et c’est classé comme incroyable…

« Oui, son commerce, sa possession et son utilisation sont interdits depuis la fin des années 1990. L’action psychotrope de la kétamine pousse certains à en abuser à des fins récréatives, vendue au marché noir et généralement transformée en une poudre blanche qui peut être sniffée ou ingérée en mélange. »

Quels sont les effets d’une telle utilisation ?

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« Les effets dépendent de nombreux facteurs, comme le poids, la taille, la fréquence de consommation, etc. Ils peuvent donc être multiples. On retrouve souvent des sensations d’euphorie, d’ivresse ou de vertiges, de somnolence, d’engourdissement ou encore d’anesthésie de tout ou partie du corps. Elle peut également prendre la forme d’hallucinations, notamment visuelles, et entraîner parfois une perte de conscience. »

Cette consommation crée-t-elle une dépendance ?

« Comparés à d’autres substances hautement addictives (comme l’héroïne, la nicotine ou l’alcool), les hallucinogènes entraînent généralement peu de dépendance. Mais la kétamine commence à démentir cet adage, car sa consommation peut devenir chronique, conduisant à une tolérance, c’est-à-dire qu’il faut augmenter les doses, et donc les risques, pour obtenir l’effet recherché. De plus, les personnes qui en consomment régulièrement recherchent principalement l’effet dissociatif, qui leur permet d’échapper à une réalité qui leur est douloureuse. Le retour à la réalité est donc toujours difficile et conduira à une nouvelle recherche du produit. »

La kétamine répond-elle à une tendance récente ?

« Oui, clairement, la consommation de kétamine est devenue de plus en plus fréquente au cours de la dernière décennie, notamment chez les jeunes, notamment en raison de la facilité de la produire et de la commander via Internet. C’est une substance très présente dans le milieu festif. Mais globalement, la consommation, même en augmentation, reste assez marginale. »

 
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