Un Québécois qui a exporté du fentanyl vers 49 des 50 États américains recevra sa sentence la semaine prochaine en Géorgie. Il le sera alors que le président élu Donald Trump pointe du doigt le Canada comme étant l’un des responsables de la présence dans son pays de cet opioïde qui fait des ravages.
Arden McCann, 37 ans, un résident de Saint-Bruno-de-Montarville, sur la Rive-Sud, était «l’un des plus importants vendeurs d’Internet clandestin», a soutenu un procureur américain lors d’observations sur le sujet à peine entamée cette semaine.
McCann est accusé d’avoir comploté, depuis plus de cinq ans, l’exportation de grandes quantités de fentanyl qui ont provoqué au moins une overdose mortelle.
Arden McCann a été arrêté en février 2020 par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), à la suite d’une demande de la Justice Canada et des États-Unis.
Selon des documents judiciaires américains, McCann a exporté du fentanyl, un opioïde 40 fois plus puissant que l’héroïne, du carfentanil, de l’alprazolam – qu’il a fait passer pour des comprimés de Xanax – et d’autres drogues vers les États-Unis. Unis de l’automne 2015 à 2020.
Il utilisait des pseudonymes et proposait notamment ces drogues sur la plateforme internet illégale AlphaBay, démantelée suite à une opération policière en 2017.
Selon les éléments de preuve, McCann achetait les drogues et les produits précurseurs en Chine, en Corée du Sud ou ailleurs et les faisait livrer à des clients américains qui devenaient des relais.
Ceux-ci traitaient le médicament et l’envoyaient aux consommateurs américains. Toutes les transactions ont été effectuées en crypto-monnaie.
Les porteurs du flambeau devenus témoins collaborateurs ont aidé la police à arrêter McCann. L’un d’eux avait célébré le début de l’année 2015 lors d’une visite à McCann et avait permis à la police de l’identifier.
1 million par mois
Dans des documents judiciaires américains, le procureur de l’État de Géorgie indique que, selon les données recueillies sur seulement deux plateformes Internet clandestines, McCann a exécuté 8 345 commandes pour plus de 10 millions de dollars et qu’il s’est vanté auprès d’un complice que son entreprise lui avait rapporté 1 million de dollars. mensuel.
En termes simples, pour McCann, la somme d’argent faramineuse qu’il a gagnée était un juste prix pour la mort et la vie détruite des citoyens américains qui se sont retrouvés dans son sillage.
Un procureur géorgien, dans des documents judiciaires
Des documents judiciaires révèlent également que les enquêteurs de la GRC au Québec ont perquisitionné sa résidence en 2015 et ont trouvé, entre autres, 15 armes à feu, des gilets pare-balles, des millions de pilules, une presse à pilules et 200 000 $ en espèces. espèces.
McCann a tenté d’exclure la découverte des 15 armes à feu de la liste des circonstances aggravantes, arguant que cette découverte était antérieure à la période couverte par les accusations et que le juge devra trancher.
On apprend également dans les documents que le jeune Québécois Cédrick Bourgault-Morin, arrêté le 13 janvier 2016 sur une voie ferrée à North Troy, au Vermont, alors qu’il tentait de faire entrer clandestinement aux États-Unis à bord d’un traîneau, 82 kilogrammes de Xanax, a ensuite été agissant à la demande de McCann.
Son arrestation a fait la une des journaux en 2016 et Bourgault-Morin a été condamné à un an de prison aux États-Unis.
Peu d’effet dissuasif
Malgré cette arrestation et la perquisition menée à son domicile en 2015, Arden McCann a continué son activité, fait également valoir le procureur américain.
McCann a plaidé coupable du chef d’accusation de complot en vue d’importer des substances déposé contre lui en septembre 2023.
Or, l’année dernière, en 2024, du cannabis synthétique a été retrouvé dans sa cellule suite à l’overdose mortelle d’un codétenu qui se trouvait dans la même aile que lui, au centre de détention Robert A. Deyton à Lovejoy, en Géorgie.
Les enquêteurs de la Drug Enforcement Administration (DEA) des États-Unis ont ouvert une enquête et McCann a été accusé de trafic de substances à l’intérieur des murs de l’établissement.
« La reprise d’un comportement criminel après son plaidoyer de culpabilité montre que McCann est réticent à se détourner du mode de vie criminel qui a conduit à l’arrestation initiale et, par conséquent, n’a pas accepté sa responsabilité.
« Cette période de six ans [au cours de laquelle il a exporté des drogues aux États-Unis] a coïncidé avec une augmentation spectaculaire des décès par surdose aux États-Unis, la plupart impliquant des opioïdes synthétiques tels que le fentanyl et ses analogues. McCann savait depuis le début que les clients Internet clandestins mouraient d’overdoses de drogue. Cela ne l’a pas arrêté. Le mandat de perquisition d’octobre 2015 non plus », écrivent les procureurs.
Au stade de la détermination de la peine, McCann a reçu le soutien d’un de ses amis proches, un ancien enquêteur du Service de police de la ville de Montréal, qui s’est dit, dans une lettre au juge, convaincu que le condamné se comportera à l’avenir « de manière équilibrée et exemplaire ». manière, devenant une personne fiable sur laquelle les membres de sa famille et de la société peuvent compter.
Avec la collaboration de Vincent Larouche, La presse
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Qui est Arden McCann?
- Avant d’être arrêté, il aurait travaillé pour une entreprise de distribution de produits naturels et de compléments alimentaires.
- Il est accusé d’avoir exporté de grandes quantités de fentanyl et de Xanax contrefait vers les États-Unis de 2015 à 2020.
- Les autorités américaines affirment que les médicaments qu’il a vendus ont été à l’origine d’au moins une surdose mortelle.
- Même si sa maison a été perquisitionnée en 2015, il a poursuivi ses activités illicites.
- Arrêté en 2020 par la Gendarmerie royale du Canada à la demande des États-Unis, il a perdu son combat contre la demande d’extradition des États-Unis l’année suivante.
- Il recevra sa sentence la semaine prochaine.