Depuis fin novembre 2024, Madagascar traverse une période de sécheresse marquée par une absence de pluie dans la capitale, Antananarivo. Ce phénomène, inhabituel pour la saison, menace la production agricole, notamment dans des zones comme Fenoarivo, qui fournissent une part importante des légumes de la ville. L’épuisement des ressources en eau et la dégradation des terres sont au cœur de cette crise, affectant à la fois les producteurs et les consommateurs locaux.
Sécheresse persistante à Antananarivo : une crise agricole persistante
Les habitants d’Antananarivo, capitale de Madagascar, sont confrontés à un phénomène climatique inquiétant : depuis fin novembre, moins de dix jours de pluie ont été enregistrés. Cela contraste fortement avec les saisons précédentes, où de fortes pluies ont nourri les cultures et assuré une production agricole suffisante pour répondre aux besoins locaux. Ce manque de pluie a des conséquences dramatiques pour les agriculteurs de la région, notamment dans les zones périphériques de la ville comme Fenoarivo, commune qui fournit une grande partie des légumes consommés à Antananarivo.
Les terres, habituellement fertiles, deviennent de plus en plus difficiles à cultiver. Alors que le manque d’eau épuise les ressources en eau disponibles, l’agriculture se retrouve confrontée à une crise de plus en plus profonde. Les producteurs, comme Desy, un agriculteur de 48 ans, constatent les effets du climat. « Les sols sont devenus graveleux et difficiles à travailler. Nos récoltes sont beaucoup moins abondantes et de mauvaise qualité. Les choux, par exemple, sont aussi petits que mon poing et les épis de maïs sont maigres », dit-il, visiblement inquiet.
Impact sur les commerçants et l’approvisionnement du marché
La situation est similaire pour les commerçants, comme Miarisoa, qui gère un étal de légumes à quelques centaines de mètres des parcelles agricoles. Avec la pénurie de légumes de qualité provenant de sources locales, les vendeurs sont obligés de se tourner vers d’autres marchés pour s’approvisionner. « Ici, les légumes viennent d’Anosibe, un marché de la capitale, car nous ne pouvons plus approvisionner suffisamment de produits de notre propre commune. Les sols sont trop arides pour être cultivés », explique-t-elle, soulignant l’ironie de la situation. Fenoarivo, une région autrefois réputée pour la fertilité de ses terres, dépend désormais du monde extérieur pour répondre à ses besoins alimentaires locaux.
Le manque de pluie perturbe non seulement la production agricole, mais entraîne également des problèmes de sécurité dans le quartier. Le commerçant fait état de vols et d’une montée de l’insécurité : « quand il n’y a pas de nourriture, la situation devient difficile. Les gens se battent pour un peu de nourriture », dit-elle.
Hausse des prix et impact sur la sécurité alimentaire
Les consommateurs, déjà touchés par de fréquentes coupures d’électricité, voient une autre conséquence directe de la sécheresse : la hausse des prix des légumes. Ces augmentations risquent d’entraîner une insécurité alimentaire accrue autour de la capitale, les ménages ayant de plus en plus de difficultés à obtenir les produits alimentaires de première nécessité. Outre les difficultés liées aux récoltes, la situation météorologique instable fragilise encore davantage les chaînes d’approvisionnement locales.
Une crise alimentaire imminente
La situation agricole à Madagascar, notamment autour de la capitale, devient de plus en plus critique face à une sécheresse persistante. Les producteurs, commerçants et consommateurs locaux sont tous touchés par la pénurie de produits frais et la hausse des prix. Si cette crise se poursuit, les risques d’une insécurité alimentaire généralisée ne pourront être ignorés. Une intervention rapide pour protéger les ressources en eau et encourager des pratiques agricoles durables sera essentielle pour limiter les impacts de cette sécheresse prolongée sur les habitants d’Antananarivo et au-delà.
Moctar FICUU / VivAfrik
