trois jours en enfer, racontés de l’intérieur par Bernard Cazeneuve

trois jours en enfer, racontés de l’intérieur par Bernard Cazeneuve
trois jours en enfer, racontés de l’intérieur par Bernard Cazeneuve

Par

Julien Munoz

Publié le

7 janvier 2025 à 17h52
; mis à jour le 7 janvier 2025 à 17h54

se souvient. LE cérémonies de commémoration a eu lieu ceci mardi 7 janvier 2025 boulevard Richard-Lenoiroù le policier Ahmed Merabet a été abattu par les Kouachi alors qu’ils s’enfuyaient.

Puis devant le magasin Hyper Cacher, où le même rituel avec dépôt de gerbes et minute de silence a été répété.

Il y a dix ans, le terrorisme islamiste tuait au siège de Charlie Hebdo à Montrouge et à l’épicerie Hyper Cacher de la porte de Vincennes. Nous nous souvenons des victimes, du courage des policiers et de la détermination de la France à rester debout.

Bernard Cazeneuve, ce mardi sur X (ex-Twitter)

Il y a dix ans, l’ancien maire de Cherbourg-Octeville (2001-2012), puis Ministre de l’Intérieurétait en première ligne. Narratif.

7 janvier : le choc

Le 7 janvier 2015 devait être une journée presque banale dont le point culminant serait les vœux de François Hollande au autorités religieuses en fin d’après-midi. Un mercredi pour lutte contre l’antisémitisme et terrorisme.

L’ordre du jour officiel du ministère de l’Intérieur est vide ce matin-là. Bientôt, tous les rendez-vous qui y sont répertoriés pour la semaine seront supprimés. Vers 11h30, deux hommes armés ont attaqué le siège de Charlie Hebdo.

LE premières informations sont alarmants. Bernard Cazeneuve a appris la nouvelle par ses confrères, vingt minutes après le meurtre. Il y a décèscomme l’a confirmé Patrick Pelloux au Président par téléphone, médecin urgentiste et chroniqueur chez Charlie.

Très vite, François Hollande et Bernard Cazeneuve montent en scène, dans le XI.e quartier de Paris. La zone est déjà bouclée. Ce n’est pas une scène de crime, mais une scène de guerre. Une guerre qui se veut sainte, où Dieu serait une ombre projetée par l’âme de l’homme.

A midi, l’ancien adjoint au maire de Cherbourg revient Place Beauvau. UN cellule interministérielle de crise a été activé par le Premier ministre. C’est à « premier flic de France » que la lourde tâche de surveiller la chasse tombe.

Manuel Valls rehausse le Vigipirate plan à son le plus haut niveau.

J’ai dit aux différents directeurs que personne ne quitterait le fumoir jusqu’à ce que les terroristes soient découverts.

Bernard Cazeneuve

A l’étage supérieur, dans une pièce habituellement surnommée « le Smoking Room », une autre cellule de crise prend place. Autour d’une longue table ronde, le secrets de servicesle policele gendarmeriele Raid et le GIGN sont réunis.

Auditionné quelques années plus tard par le Sénat, Bernard Cazeneuve a reconnu avoir alors perçu « un manque de coordination et de communication au sein du ministère de l’Intérieur, dictée sans doute par l’idée que tel ou tel service attrape les terroristes. J’ai donc indiqué au différents réalisateurs que personne ne quitterait le fumoir jusqu’à ce que les terroristes soient découverts. Et puis il y a eu les attaques de MontrougeHyper Cacher et la marche du dimanche. Ils ont quitté cette pièce mardi matin, à un état d’épuisement. »

Dans les locaux de Charlie et aux alentours, douze personnes ont été tuées, dont deux policiers, ainsi que les principaux rédacteurs de l’hebdomadaire. Entre deux réunions de crise, Bernard Cazeneuve part retrouver les forces déployées sur le terrain. Deux fois il fait le tour du trois hôpitaux où sont situés les blessés.

Dans l’après-midi, le ministre de l’Intérieur est rentré dans les locaux de Charlie Hebdoavant de passer saluer le commissariat XIe. L’occasion de saluer le application de la loiécouter la version des faits d’un responsable du crime” et faire le point avec le préfet d’Île-de-France.

Et suspect a été identifié. Pendant ce temps, la France se rassemble à Paris et et province. Les bougies de l’espoir sont allumées un peu partout.

Le soir, Bernard Cazeneuve visite le Rédactions parisiennesplacé sous surveillance policière renforcée.

« Vous soupçonniez quelque chose ? », lui demande, un peu désespéré, un employé de Libération. Le ministre répond que le danger est vaste. Le soir, il dispose de trois noms de suspects. Parmi eux, le deux frères Kouachi.

8 janvier : la double chasse

Au ministère de l’Intérieur, une nuit blanche se termine. Tous les services sont mobilisés et en alerte permanente, 24 heures sur 24. coordination est permanent avec le Justice et l’exécutif.

Jusque tard dans la nuit, recherches ont été réalisés à Reims, chez des proches des Kouachi. C’est la plus grande chasse à l’homme jamais lancé en France. Près de 88 000 policiers, gendarmes etmilitaire sont mobilisés.

En communiquant des informations qui ne sont pas exactes, nous compliquons les choses dans un contexte où nous avons besoin de contrôle et de sang-froid.

Bernard Cazeneuve

En milieu de matinée, Bernard Cazeneuve se rend à Montrouge. Un policier municipal vient d’y être abattu. Un employé est grièvement blessé. Sur place les enquêteurs n’ont pas de description précise. Tout lien avec la tuerie de la veille est alors impossible. Une certitude cependant : trois criminels lourdement armés sont dans la nature.

« En tant que ministre de l’Intérieur, je n’ai pas le droit de m’inquiéter », assure Bernard Cazeneuve, avant de se diriger vers le Quartier général de la police de Paris pour un hommage aux policiers tués dans la fusillade de la veille. LE deuil national est décrété. Les drapeaux sont en berne, comme les cœurs. C’est la liberté qui est assassinée.

Les attentats m’ont mis à rude épreuve car ils se sont produits avec une extrême violence, même si toute mon énergie a été mobilisée pour qu’ils n’aient jamais lieu. Dans ces circonstances, j’ai puisé une partie de ma force dans le courage des Français, restés dignes et unis malgré les épreuves.

Bernard Cazeneuve à La Presse de la Manche

A la préfecture, une réunion a lieu avec François Hollande, le procureur et le pyjama. Plus tard, Hollande s’enferme dans un salon pour un tête-à-tête avec son ministre de l’Intérieur. LE Président se concentre sur deux objectifs: retrouver les auteurs de cette attaque et garantir l’unité nationale.

Dans l’après-midi, l’enquête se poursuit. Depuis la nuit précédente, la photo des frères Kouachi tourne en boucle sur télévision. Dans sa communication, Bernard Cazeneuve joue sur le temps. Il ne faut pas paniquer ni trop en dire.

“L’information et la communication sont aussi importantes que l’enquête”, a déclaré l’ancien maire de Cherbourg. C’est le même sujet. En communiquant des informations qui ne sont pas exactes, nous compliquons les choses dans un contexte où nous avons besoin de contrôle et de sang-froid. »

9 janvier : prise d’otage

Dans la nuit, le lien entre le meurtre de Charlie Hebdo et le criminel de Montrouge, Amedy Coulibaly, est fichu. Le matin, tout s’accélère. Après une poursuitethe Kouachi brothers took refuge in a company in Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne).

Vers 11 heures du matin, filmé en direct par toutes les chaînes de télévision, le chef de l’Etat a décidé de se rendre à pied au ministère de l’Intérieur pour suivre les opérations en cours contre les terroristes. Au bout d’une heure, Hollande, Cazeneuve et Valls se retrouvent au bureau du ministre de l’Intérieur.

Vers 13 heures, alors que François Hollande partait pour the Élysée le préfet d’Île-de-France fait irruption dans la salle de crise. Une prise d’otageje viens de commencer Porte de Vincenneschez Hyper Cacher. Bernard Cazeneuve s’est immédiatement rendu sur place pour se renseigner.

A 15 heures, Cazeneuve rencontre Hollande, Valls et Taubira à l’Élysée. Pendant deux heures, ils vont suivre l’actualité minute par minute. Ensemble, ils s’accordent sur le principe d’une intervention simultanée à Dammartin et à Paris. En tirant sur les policiers, vers 17 heures, les frères Kouachi ont précipité l’assaut de la gendarmerie et, par la même occasion, celui des policiers de la porte de Vincennes. L’annonce de la mort des terroristes arrive rapidement.

En sortant de l’Élysée, vers 18 heures, Cazeneuve et Taubira tombent dans les bras l’un de l’autre. Le Ministre de l’Intérieur se rend à l’Hyper Cacher, où aideintervenir auprès des blessés.

La France vient de vivre des jours qui, dix ans plus tard,n’a pas quitté sa mémoire.

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