La Fille d’un Grand Amour **
by Agnès de Sacy
Film français, 1h34
C’est probablement le rêve de nombreux enfants de parents divorcés. Rassemblez-les dans une œuvre. Ramenez leur amour mort. Etudiante en cinéma, Cécile se lance dans un film qui donne la parole à son père et sa mère longtemps séparés ; elle superpose leurs regards sur leur rencontre. Un coup de foudre silencieux dans le magasin d’antiquités parisien où travaillait Ana et où Yves est entré par hasard. Petit costume gris ou corsage bleu ? Les souvenirs divergent. Mais l’essentiel demeure : la naissance d’un amour.
Agnès de Sacy signe un film largement inspiré de son histoire et de celle de ses parents. Etudiante à la Femis, elle les a réunis autour d’un film, ce qui a eu un impact sur leur trajectoire commune. Son alter ego sur grand écran s’efface rapidement pour se concentrer sur Ana et Yves. La jeune fille n’est que le déclencheur, mais pas le sujet du film. C’est néanmoins par elle que viendra la confiance cruciale d’Yves sur son homosexualité, vécue dans sa jeunesse comme une maladie.
Isabelle Carré and François Damiens, a painful and fair duo
Chronique étalée sur plusieurs années aux ellipses étonnantes, ce long-métrage doux-amer est marqué par une mélancolie qui se pare de rires pour masquer la tristesse. Avec pudeur, il dessine les forces contraires à l’œuvre : un véritable amour qui jaillit au premier regard, mais des désirs qui portent toujours Yves vers un ailleurs. Malgré les promesses communes de liberté, le couple est brisé. Mais tout le monde commence à espérer que le rapprochement opéré par le film de Cécile effacera les malentendus et les souffrances passées. A moins que, inexorablement, il ne les ravive.
Les acteurs de ce duo douloureux impressionnent par leur justesse. Isabelle Carré émeut comme une femme blessée qui cache ses blessures derrière des bravades, fait preuve de sensualité et de comportements cinglants. François Damiens continue de prouver son aisance dans le registre du drame, avec un personnage emprisonné par une difficulté à vivre, un esthète perdu dans un métier qui l’étouffe, toujours en proie à des pulsions contradictoires qui le déchirent. Initialement centré sur Paris, le film multiplie les allers-retours entre la capitale et les lumineuses Pyrénées où il finit par trouver son équilibre et sa respiration.
• Non ! *Pourquoi pas ** Bon film *** Très bon film **** Chef d’oeuvre