Le Tchad et le Sénégal dénoncent les propos d’Emmanuel Macron

Le Tchad a déploré lundi « attitude méprisante » du président français Emmanuel Macron qui considérait que les dirigeants africains avaient “j’ai oublié de dire merci” à la dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, des propos également condamnés par le Sénégal.

Le gouvernement tchadien a exprimé son « profonde préoccupation suite aux propos tenus récemment par le président de la République française, Emmanuel Macron, qui traduisent une attitude méprisante à l’égard de l’Afrique et des Africains »indique un communiqué du ministre tchadien des Affaires étrangères, Abderaman Koulamallah, lu lundi soir à la télévision d’Etat.

Fin novembre, le Tchad a rompu les accords militaires qui le liaient à l’ancienne puissance coloniale.

M. Koulamallah rappelle “qu’il n’a aucun problème avec la France” mais aussi ça « Les dirigeants français doivent apprendre à respecter les peuples africains ».

Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko lors d’une conférence de presse le 26 septembre 2024 à Dakar / SEYLLOU / AFP/Archives

Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a pour sa part contesté lundi que le retrait annoncé des soldats français de son pays aurait donné lieu à des négociations entre Paris et Dakar et s’est opposé avec virulence aux propos du président Emmanuel Macron sur l’engagement militaire français en Afrique.

M. Sonko a décrit sur les réseaux sociaux comme “totalement faux” l’affirmation selon laquelle le départ annoncé de centaines de soldats français ferait suite à une proposition de la France qui aurait donné aux pays concernés par une réorganisation de la présence militaire française la première occasion d’annoncer de tels retraits.

La France avait « raison » intervenir militairement au Sahel « contre le terrorisme depuis 2013 »mais les dirigeants africains ont “j’ai oublié de dire merci”Le président Macron a déclaré lundi, estimant que“aucun d’entre eux” ne gérerait pas un pays souverain sans cette intervention.

“Ce n’est pas grave, ça viendra avec le temps”» a plaisanté le président français, qui s’exprimait lors de la réunion annuelle des ambassadeurs de France.

Dans son communiqué, Abderaman Koulamallah souligne particulièrement le « rôle déterminant » de l’Afrique et du Tchad dans la libération de la France lors des deux guerres mondiales qui “La France ne l’a jamais vraiment reconnu” ainsi que « les sacrifices consentis par les soldats africains ».

« En 60 ans de présence (…) la contribution française s’est souvent limitée à ses propres intérêts stratégiques, sans réel impact durable sur le développement du peuple tchadien »il a critiqué.

« Une véritable indépendance »

« Le peuple tchadien aspire à la pleine souveraineté, à une véritable indépendance et à la construction d’un État fort et autonome » a ajouté M. Koulamallah.

Le Tchad avait annoncé par surprise le 28 novembre mettre fin à l’accord militaire entre Paris et N’Djamena, marquant la fin de soixante ans de coopération militaire depuis la fin de la colonisation française.

Les opérations de retrait de l’armée française ont commencé en décembre.

Anti-France demonstration in N’djamena, December 6, 2024 in Chad / Denis SASSOU GUEIPEUR / AFP

Le Tchad était le dernier point d’appui de la France au Sahel, avec environ un millier de militaires stationnés, principalement au camp Kossei, à N’Djamena, la capitale tchadienne.

Des troupes et des avions de combat français sont stationnés au Tchad presque continuellement depuis l’indépendance en 1960, utilisés pour éduquer et former l’armée tchadienne.

L’ancienne puissance coloniale comptait plus de 5 000 militaires au Sahel dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane, stoppée fin novembre 2022.

Entre 2022 et 2023, quatre anciennes colonies françaises, le Niger, le Mali, la Centrafrique et le Burkina Faso, ont ordonné à Paris de retirer son armée de leurs territoires, où elle était historiquement implantée, et se sont rapprochées de Moscou.

Photo d’archive d’un Mirage 2000 de l’armée française décollant de la base de N’Djamena (Tchad) le 22 décembre 2018 / Ludovic MARIN / AFP/Archives

Le mois dernier, à quelques heures d’intervalle, le Sénégal et le Tchad ont tour à tour annoncé le départ des militaires français de leur sol et officialisé un accord. “réorganisation”. En janvier, la Côte d’Ivoire a également annoncé que la base militaire française de Port-Bouet, près d’Abidjan, lui serait cédée.

Selon le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, au pouvoir depuis 2021, ces accords étaient “complètement obsolète”affronter « aux réalités politiques et géostratégiques de notre époque ».

En mai dernier, trois années de transition se sont achevées à N’Djamena, avec l’élection de Mahamat Idriss Déby, porté au pouvoir par une junte militaire après la mort de son père Idriss Déby, tué par des rebelles au front en 2021.

Menacé par les offensives rebelles, Déby père a pu compter sur le soutien de l’armée française pour les repousser en 2008 puis en 2019.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Coup d’envoi d’une campagne sous tension dans le monde agricole : Actualités
NEXT Une hémorragie sanitaire et économique à stopper – Consonews