La bataille couve depuis des mois, mais elle est désormais officielle : la campagne pour les élections aux chambres d’agriculture, qui façonneront le nouveau rapport de force entre les syndicats agricoles, a débuté mardi en France.
L’enjeu principal de ce scrutin sera de voir si l’hégémonie de l’alliance FNSEA-Jeunes agriculteurs est ébranlée et dans quelle mesure, notamment par la Coordination rurale (CR), le deuxième syndicat agricole.
Depuis la crise de l’hiver dernier, les syndicats n’ont cessé d’arpenter le territoire pour exiger des revenus plus dignes, la fin de la concurrence déloyale des aliments importés à bas prix, moins de « bureaucratie » ou de « normes identiques ». » pour tous les producteurs européens.
Si la FNSEA et la CR s’accordent pour exiger l’accès aux pesticides actuellement interdits en France, mais autorisés par l’UE, défendant des « moyens de production », la Confédération paysanne, le troisième syndicat, plaide pour un « revenu juste » par un soutien accru de l’État aux la transition agro-écologique.
Sur le terrain, la FNSEA a démontré cet automne sa force de frappe, avec des actions simultanées revendiquées dans plus de 80 départements, tandis que son meilleur ennemi le CR favorisait des coups d’éclat, contre la grande distribution et l’Office français de la biodiversité, ou visant directement Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA, syndicat jugé « responsable de 40 ans de cogestion catastrophique » avec l’Etat.
S’ils ne sont pas parvenus à mener lundi à Paris une action d’envergure comme ils le souhaitaient, les “casquettes jaunes” du CR ont gagné en visibilité ces derniers mois et espèrent chiper une quinzaine de salles à la FNSEA-alliance. JA.
– Résultats le 8 février « au plus tard » –
Pour la première journée officielle de campagne, leur présidente Véronique Le Floc’h a choisi de participer à un « apéro de campagne » en Dordogne, l’un des départements qui pourraient basculer de la FNSEA à la CR – avec le Gers, la Haute-Garonne, la Corrèze. ou Aube, selon la Coordination rurale.
C’est également dans ce département, où il a lancé la campagne en décembre lors d’une réunion des JA, qu’Arnaud Rousseau reviendra jeudi, pour une rencontre avec les agriculteurs de la chambre locale d’agriculture.
La porte-parole de la Confédération paysanne, Laurence Marandola, visitera une exploitation agricole près d’Arras, à Gavelle, accompagnée des candidats de son organisation du Nord et du Pas-de-Calais.
Les chambres d’agriculture, établissements publics, ont pour rôle « d’améliorer les performances économiques, sociales et environnementales » des exploitations agricoles, selon le Code rural. Ils conseillent et proposent des services aux opérateurs. L’Alliance FNSEA-JA en préside actuellement 97, contre trois pour la CR (Lot-et-Garonne, Vienne et Haute-Vienne) et une (Mayotte) pour la Confédération paysanne.
Alors qu’en 2019, moins d’un agriculteur sur deux prenait part au vote, les syndicats espèrent se mobiliser davantage cette année où, après un été catastrophique, aucun secteur n’est épargné par la crise, des céréales à la vigne en passant par l’élevage.
A l’exception de Mayotte, où le vote a été reporté après le passage dévastateur du cyclone Chido, la campagne est ouverte sur tout le territoire jusqu’au 29 janvier à minuit.
Les agriculteurs sont appelés à élire leurs représentants du 15 au 31 janvier, soit par correspondance, soit par voie électronique. Les opérations électorales sont organisées par les préfectures et les résultats du scrutin annoncés au plus tard le 8ème jour suivant la date de clôture du scrutin, soit au plus tard le 8 février, a précisé le ministère de l’Agriculture.
Renouvelées tous les six ans, les chambres sont composées de 33 membres élus, dont 18 chefs d’exploitation agricole. S’y ajoute désormais un siège attribué automatiquement à un représentant du conseil régional ou départemental. Autre nouveauté : en cas d’égalité entre deux listes, celle dont la moyenne d’âge est la plus basse l’emporte.
Pas de changement en revanche dans le mode de vote, qui privilégie la liste arrivée en tête, et donc, actuellement, la FNSEA. L’enjeu de ce scrutin est également financier : 75 % des 14 millions d’euros du fonds alloué au financement des syndicats sont répartis en fonction du nombre de voix et 25 % en fonction du nombre de sièges.