L’année écoulée a été marquée dans le monde agricole par une série de manifestations qui ont abouti sur les bancs de l’inertie gouvernementale, conséquence de la dissolution de l’Assemblée nationale.
Le Vaucluse n’a pas échappé à cette colère avec des actions ciblées qui n’a épargné ni la grande distribution – accusée de profiter de la crise vitivinicole pour faire pression sur les prix – ni les administrations perçues comme des obstacles provoquant une distorsion de concurrence préjudiciable aux viticulteurs français.
Borne, Attal, Barnier, Bayrou : quatre gouvernements en un an… un record ! Sans aucun doute, 2024 restera dans l’histoire comme l’année de l’immobilismecelle durant laquelle les syndicats agricoles ont eu du mal à trouver un interlocuteur fiable… Leurs revendications portaient sur le diesel non routier, les normes environnementales, les rémunérations, les fonds d’urgence, la PAC… Pour la plupart, ils sont restés lettre morte…
Retour sur les épisodes marquants de cette période bien singulière qui a débuté en janvier 2024, avec notamment les blocages d’autoroutes qui ont culminé avec le siège de Paris…
16 janvier : les agriculteurs ciblent la préfecture et l’hypermarché Auchan
Le matin, les agriculteurs du Vaucluse et du Gard arrivent avec leurs tracteurs sur le boulevard Limbert près de la préfecture d’Avignon. Concert de klaxons, d’explosions et de fumigènes. « Sans les paysans, il y a la faim“, peut-on lire sur un panneau… La circulation est bloquée et devant les portes de la préfecture, des bottes de paille et des tas de plastique agricole brûlent.
Après cette longue séquence le long des remparts, le cortège des agriculteurs se dirige vers l’hypermarché Auchan – Le Pontet, symbole de la grande distribution qui – ils disent – les prend à la gorge. Des poubelles sont déposées devant l’entrée du magasin et des affrontements ont lieu entre manifestants, agents de sécurité et policiers à l’intérieur du centre commercial.
vendredi 26 janvier : les annonces de Gabriel Attal
Le Premier ministre, en visite dans une exploitation agricole de Haute Garonne, annonce toute une série de mesures pour sortir de la crise agricole. Simplification des procédures, renforcement de la loi Egalim, accélération des aides d’urgence, simplification de la PAC, suppression de la taxation des GNR, gazole non routier pour les machines agricoles qui a vu les taxes augmenter brutalement ces derniers mois…
vendredi 2 février : un cercueil symbolique devant la Maison des vins
Les annonces faites par le Premier ministre n’ont pas suffi : les actions se multiplient. Et même si la FDSEA du Vaucluse et les Jeunes Agriculteurs ont appelé à la levée des blocages jusqu’au salon de l’agriculture, certains 300 Les vignerons de la Drôme et du Vaucluse manifestent ce vendredi matin dans les rues d’Avignon intra-muros. Où ils ne passent pas inaperçus et pas seulement à cause du bruit qu’ils font avec leurs casseroles et des pancartes qu’ils agitent, mais parce qu’ils portent avec eux un cercueil sur lequel on peut lire « Ici repose le dernier vigneron des Côtes du Rhône ».
Ils déposeront ce cercueil devant la Maison des Vins où se tient le conseil d’administration d’Inter Rhône. Ils viennent demander aux membres du conseil d’administration de faire le ménage.
« Les commerçants qui importent du vin étranger doivent démissionner d’Inter Rhône» clament avec force les manifestants.
lundi 5 novembre : les vignerons détruisent les bouteilles de vin
Les annonces et promesses de Gabriel Attal ne sont plus qu’un lointain souvenir. Dissolution de l’Assemblée nationale, élections législatives, nouveau gouvernement… En l’absence d’interlocuteur fiable, le mouvement de colère des agriculteurs recommence et les signes revenus fleurissent à nouveau dans les villages.
À Orange, un commando de vignerons fait une descente au supermarché Lidl des bouteilles vides de vins des Côtes-du-Rhône vendues 1,99 euro par unité et 3,38 euros pour les deux (bouteilles qu’ils ont achetées). Une déclaration de guerre pour ces vignerons.
D’autres moyennes et grandes surfaces seront ensuite ciblées, principalement autour d’Orange et de Bollène. On peut citer le magasin Grand Frais et l’hypermarché Carrefour de la zone commerciale Coudoulet à Orange le 19 décembre.
18 novembre : les agriculteurs bloquent le pont‘Europe
Également en guerre avec Bruxelles qui tente de leur imposer le traité de libre-échange du Mercosur, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs du Vaucluse choisissent un lieu symbolique et stratégique pour exprimer leur colère : le pont qui traverse le Rhône à Avignon entre le Gard et le Vaucluse, par lequel transitent des milliers de personnes. de véhicules chaque jour.
« C‘est une premièreEtre scène dont le but est de‘alerter la Commission européenneetenne en ce momenttoi le G20 débute au Brésil, l’un des pays poussant à imposer ce traité de libre-échange » déclare Jordan Charransol, président des JA 84.
Outre le blocage partiel du pont‘Europe, les manifestants plantent des cultures sur le terraindevant le pont‘Avignon, diverses cultures dessinant le message « Notre fin sera votre faim » avant une rencontre avec le préfet. Pour le porte-parole des agriculteurs, Sylvain Bernard, secrétaire général de la FDSEA, le compte n’y est pas : « Nous nous attendions à plus » il déclare,exigeant des mesures rapides et concrètesEttes sortir de la crise
27 novembre : le siège de la ville administrative
Le mot d‘L’agenda est de cibler les administrations, agences et services de l’État qui symbolisent la surcontrainte et la surréglementation auxquelles sont confrontés les agriculteurs. Quitter la maison de‘agricoles à Agroparc, ils partent en cortège avec leurs tracteurs vers la cité administrative… via la route de Marseille où ils font une halte musclée aux bureaux de la MSA. Avant d’aller assiéger la cité administrative.
lundi 3 décembre : « 120 €/hl, c’est le prix plancher pour la survie du vignoble »
Press conference at the Maison des vins in Avignon. Around the table, Damien Gilles, president of the Syndicat général des Côtes du Rhône, Philippe Pellaton, president of Inter Rhône and Samuel Montgermont, president of the Union of Rhône wine houses.
For Damien Gilles, the observation is simple: regional Côtes du Rhône ne doit pas vendre à une production inférieure à 120 €/hl pendant la campagne 2024/2025. Un prix plancher incontournable calculé à partir d’indicateurs économiques reconnus.
« Nous devons pouvoir garantir des revenus décents aux producteurs. » marteau pour sa part Philippe Pellaton.
Tous les représentants de la filière vitivinicole de la Vallée du Rhône semblent être d’accord, y compris les professionnels du vin.
13 décembre : haro sur les commerçants qui pratiquent des prix d’achat trop bas
En ce jour de nomination d’un nouveau Premier ministre, les vignerons du Gard, de la Drôme et de l’Ardèche se joignent à leurs confrères du Vaucluse pour une action ciblée contre les commerçants qui pratiquent « des prix d’achat de vins non rémunérateurs et inadaptés au travail que nous effectuons » comme l’a déclaré le président des JA du Gard Romain Angelras.
« Aujourd’hui, il y a un prix minimum à maintenir pour les Côtes du Rhône, il est de 120 €/hlsinon l’histoire est finie pour tout le monde »a également martelé le président du Syndicat général des vignerons des Côtes du Rhône Damien Gilles.
Premier visé, le vracriste Robert Brunel à Mornas. La police était sur place. Au son des pétards, le cortège a ensuite pris la route en direction de Sainte-Cécile-les-Vignes et de la cave des établissements Friedmann, un autre marchand-vraquier. Avant de visiter Violès, le caviste Lavau.
Des échanges sous une tension palpable au terme desquels les traders ont convenu qu’un prix d’achat de 120 €/hlétait acceptable. Fin temporaire de l’histoire.
Prochain Chapitre des Agriculteurs lundi 13 janvier 2025
Le lundi 13 janvier 2025 est le jour choisi par le Premier ministre François Bayrou pour recevoir tour à tour les représentants de la Confédération Paysanne, de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs. Sans oublier ceux de la Coordination rurale qui ont décidé de se mobiliser pour augmenter la pression sans attendre le rendez-vous de Matignon.
Une manière de se démarquer des autres syndicats agricoles juste avant les élections aux Chambres d’agriculture prévues le 15 janvier 2025. Les agriculteurs voteront alors pour élire leurs représentants syndicaux qui ont une forte influence sur la politique agricole.