Augmentation des crimes signalés dans les écoles secondaires du Québec

Augmentation des crimes signalés dans les écoles secondaires du Québec
Augmentation des crimes signalés dans les écoles secondaires du Québec

Les policiers qui œuvrent dans les écoles secondaires du Québec ne chôment pas. Avec la place croissante qu’occupent les réseaux sociaux dans la vie des jeunes, ceux-ci sont encore plus occupés.

Marie-Ève ​​Turcotte arpente les couloirs de l’école secondaire Des Sentiers à un rythme effréné. Elle passe la tête par la porte d’une pièce pour saluer un ouvrier. Ici, son uniforme ne fait sourciller ni les professeurs ni les élèves. C’est sa zone de patrouille.

A la cafétéria, elle s’arrête pour discuter avec un surveillant.

Et, est-ce que ça allait cet après-midi ?lui demande-t-elle.

A l’exception d’un événement lié à la présence d’un appareil de vapotage, rien à signaler à l’heure du dîner. La policière le remercie et continue son chemin.

Je viens vérifier : est-ce qu’il s’est passé quelque chose de spécial ? Si c’est le cas, j’aime le savoir car je suis sûr que j’en entendrai parler par la direction s’il y a une intervention à faire.explique-t-elle.

Marie-Ève ​​Turcotte est policière de formation depuis plus de trois ans.

Photo : - / Camille Carpentier

Le SPVQ compte dans ses rangs des policiers de formation depuis 2005. Après avoir travaillé 16 ans comme patrouilleuse, Marie-Ève ​​Turcotte s’est jointe à l’unité jeunesse il y a six ans. Elle a élu domicile à l’école des Sentiers en septembre dernier.

Le policier a pour mandat d’enquêter sur toutes les infractions commises par des élèves ou des adultes dans l’enceinte de l’école et ses abords. Bagarres, vols d’effets personnels, méfaits, menaces… Plusieurs types d’événements se produisent dans son bureau. Mais ce sont surtout les délits commis en ligne qui occupent le policier expérimenté.

L’apparition des réseaux sociaux, qui évoluent très vite, nous a créé une charge de travail importante.

Une citation de Marie-Ève ​​Turcotte, policière formatrice, SPVQ

Pour preuve, les agents de formation de la police québécoise ouvrent de plus en plus de dossiers liés à des infractions commises par des étudiants. En seulement deux ans, entre 2021 et 2023, le nombre de dossiers est passé de 2119 à 3349, soit une augmentation de près de 60 %. En 2024, à la mi-novembre, 2 866 dossiers avaient été ouverts.

Le SPVQqui ne veut pas dévoiler le nombre de policiers en formation dans ses rangs, explique la situation par l’augmentation du nombre d’étudiants, et le fait que les jeunes se retrouvent de plus en plus tôt sur les réseaux sociaux.

La police précise également que ces événements ne donnent pas toujours lieu à des plaintes ou accusations formelles. Cependant, l’ouverture de dossiers permet aux policiers de conserver une trace de ce qui se passe dans les écoles.

Selon ce qu’observe Marie-Ève ​​Turcotte, plusieurs de ces infractions sont de nature sexuelle.

Ce qui revient le plus souvent, c’est la fameuse banalisation de l’échange de photos intimes entre amis, entre nouveaux amoureux.elle mentionne. Ils pensent qu’ils parviendront à le conserver dans une quantité très limitée, même si cela cause beaucoup de dégâts.

Elle assure que lorsqu’une telle situation se présente, sa présence au sein même de l’école lui permet de limiter les répercussions négatives sur la vie des jeunes concernés.

La situation connaît une croissance phénoménale si nous n’intervenons pas rapidement.

La prévention avant tout

Quelques jours avant les vacances, Marie-Ève ​​Turcotte s’est rendue à l’école secondaire privée Saint-Jean-Eudes. Ici aussi, elle est la policière désignée pour la formation. Elle s’y rend pour présenter la conférence Techno et aviséqui se concentre sur les risques liés à l’utilisation des réseaux sociaux. C’est sa première rencontre avec la nouvelle cohorte du 1concernant secondaire.

Mon objectif est de sensibiliser. C’est pour limiter toutes les possibilités qui pourraient arriver si nous ne les informions pas autant.explique-t-elle.

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«Mon objectif ce matin est de vous donner beaucoup d’informations pour vous éviter des ennuis», a déclaré l’agente Marie-Ève ​​Turcotte à un groupe d’une centaine d’élèves de 1re secondaire.

Photo : -

Pendant plus d’une heure, le policier évoque sans tabou prédateurs sexuels, leurre, sextorsion. Elle parle également de possession et de distribution de pornographie juvénile. Si une photo intime d’un adolescent circule dans une école, des jeunes en seront victimes et d’autres accusés.

Si vous recevez une photo comme celle-ci, le plus important est de la supprimerrecommande-t-elle aux élèves, en plus de les inviter à alerter un adulte.

Sa plus grande recommandation est de bien réfléchir à ce que vous mettez en ligne.

Si tu ne prends pas de photos de tes parties intimes, si tu ne les envoies pas, on ne survivra pas à çadit-elle devant un public d’une centaine d’étudiants.

Vous avez le droit d’y aller sur les réseaux sociaux. Vous avez le droit de vous amuser, d’interagir avec vos amis. J’essaie juste de vous donner quelques conseils : faites attention à ce que vous publiez.

Une citation de Marie-Ève ​​Turcotte, policière formatrice, SPVQ

Entre janvier et la mi-novembre 2024, les formateurs des policiers du Québec ont présenté 720 conférences de ce type auprès des élèves du primaire et du secondaire.

Et le recrutement ?

Les risques liés aux réseaux sociaux ne se limitent pas aux délits sexuels. À Montréal, de jeunes adolescents sont recrutés par des gangs de rue pour commettre des crimes.

Marie-Ève ​​Turcotte assure qu’elle n’a pas encore observé le phénomène dans les écoles québécoises dont elle est responsable.

Ça n’est pas venu à mes oreilles, ça n’est pas venu aux oreilles de l’unité [jeunesse] Pour l’instantdit-elle. Mais nous sommes toujours à l’écoute de ce qui se passe et nous réagirons rapidement.

Quant au recrutement par les réseaux de prostitution, elle assure qu’il s’agit de cas isolés.

Marie-Ève ​​Turcotte donne ses cours uniquement aux élèves de 1re annéeconcernant secondaire. La policière espère que les adolescents retiendront ses conseils tout au long de leur parcours scolaire.

Ce que je veux quand je viens travailler, c’est faire une différence pour les jeunesdit-elle.

 
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