Dakar, 3 jan (APS) – Le rappeur et entrepreneur sénégalais Nicolas Omar Diop, alias Nix, a énuméré, jeudi, les principales causes de l’échec de « Deedo », la plateforme panafricaine de streaming qui a cessé ses activités en 2022, citant, parmi entre autres, l’absence d’investisseurs africains et le manque d’aide des opérateurs de téléphonie mobile.
« Tout d’abord, pour que cela fonctionne, il faut une volonté politique de soutenir le secteur du streaming, de la vente et de l’écoute de musique en ligne. Ensuite, l’aide des opérateurs téléphoniques a été nécessaire […] pour accompagner ces plateformes, les intégrer dans leur offre téléphonique pour inciter les consommateurs à streamer via ces plateformes. C’est un soutien que nous n’avions pas», a regretté l’artiste.
Lancé le 13 janvier 2017, « Deedo », que Nix a cofondé avec son amie d’enfance Awa Diop Girard, avait déjà enregistré 12 millions de titres dans tous les styles de musique en cinq ans d’activité : mbalax du Sénégal, rumba congolaise, zouglou ivoirien. , afrobeat nigérian, rap, musique cap-verdienne, etc.
« Deedo » a été initialement présentée comme la première plateforme de streaming 100% panafricaine.
Pour Nix, « l’activité s’est arrêtée parce que, justement, nous n’arrivions pas à nous débrouiller financièrement. C’était beaucoup d’investissement. En cinq ans d’activité, près d’un million d’euros ont été investis financièrement. Il indique que le streaming est « un modèle économique [modèle d’entreprise] très lent.
“Donc, avec les investisseurs, les banques, etc., et parce que nous n’avions pas eu de retour sur investissement, nous avons arrêté”, a-t-il expliqué.
L’entrepreneur estime que le projet a été ignoré par les opérateurs de télécommunications qui « ne voulaient pas y investir de moyens ».
» Et même, je dirais un manque de volonté, j’ai envie de dire une technicité. Il était aussi techniquement nécessaire que les télécommunications puissent répondre à la demande, mais cela n’a pas été le cas », a déploré Nicolas Omar Diop.
Il a également pointé l’absence d’investisseurs africains sur cette plateforme de streaming made in Africa.
Le marché est désormais occupé par des plateformes étrangères, notamment « Spotify » qui deviendra la plateforme n°1 en Afrique, a-t-il relevé.
» Et le problème aujourd’hui, c’est que Spotify va devenir la plateforme numéro un en Afrique. Cela signifie que même la musique africaine sera rentabilisée par les sociétés étrangères. Ce qui est triste», dénonce-t-il.
L’artiste souligne que Spotify, qui est la première plateforme de streaming musical au monde, a mis quinze ans à devenir rentable.
» En 15 ans d’activité, ce n’est que cette année que Spotify est devenu super rentable. Aujourd’hui, ils ont été rendus publics. Tous les investissements réalisés aujourd’hui via cette plateforme portent leurs fruits. Il a fallu 15 ans pour obtenir un retour sur investissement », explique Nix.
Selon lui, la plateforme suédoise se trouvait dans une industrie assez mature en Europe et aux Etats-Unis, etc.
Alors que la musique africaine est populaire partout dans le monde et que de nombreuses initiatives de plateformes de streaming africaines échouent, Nix explique ce paradoxe par « un manque d’options dans le secteur ».
» Il faut comprendre que c’est un secteur d’activité qui a une rentabilité lente. Pour réussir, il faut mettre des moyens, de la patience, une vision, il faut investir», insiste-t-il.
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