Le Premier ministre François Bayrou a réuni pour la première fois l’ensemble de son gouvernement ce vendredi 3 janvier.
“Il existe un moyen” sortir de l’instabilité politique, a assuré François Bayrou vendredi avant son premier Conseil des ministres, au cours duquel Emmanuel Macron a appelé à “unité” et à “l’audace”notamment pour adopter rapidement un budget après la censure du gouvernement précédent.
Comme chaque nouvelle année, les membres du gouvernement se sont d’abord retrouvés place Beauvau, au ministère de l’Intérieur, pour le traditionnel petit-déjeuner de rentrée, où l’hôte des lieux, le Vendéen Bruno Retailleau, a offert à chacun une bouteille de “Trouspinette”un vin d’épines.
Autre rituel, le gouvernement en rangs serrés a ensuite rejoint à pied la salle des fêtes de l’Elysée, à quelques dizaines de mètres. Les ministres sont ensuite restés autour du président pour un Conseil de défense dédié à Mayotte, trois semaines après le passage du cyclone Chido.
“Il existe un moyen” sortir de “cette période d’instabilité”, “c’est encore mieux défini qu’on ne le pense”a assuré François Bayrou à ses ministres, selon son entourage. « Si nous sommes unis, nous parviendrons à éliminer un certain nombre d’obstacles qui se dressent devant nous.», a encore lancé le Premier ministre, qui avait placé 2025 sous les auspices d’un triptyque. « réconciliation, action, stabilité ».
Le président Emmanuel Macron a pour sa part appelé les ministres à “unité” et à “l’audace”a rapporté la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.
« Coups d’État politiques »
« Vous êtes à la tête des administrations, dirigez-les. La vie des Français ne change pas parce qu’une loi est votée ou qu’une parole est prononcée »» a-t-il encore dit selon un participant.
« Être au gouvernement vous élève au-dessus des désaccords »a ajouté le chef de l’Etat, qui a exprimé sa « inquiétude face aux instabilités que connaissent les démocraties »selon une source gouvernementale, et a mis en garde contre « des mesures politiques qui mettraient le pays en danger ».
M. Bayrou espère durer plus longtemps à Matignon que son prédécesseur, resté au pouvoir pendant trois mois, mais il est également privé de majorité à l’Assemblée nationale, faute d’avoir pu élargir son gouvernement au-delà du centre et de la droite. .
Un écart qu’il espère combler par la présence de poids lourds politiques, comme les anciens Premiers ministres Elisabeth Borne (Education) et Manuel Valls (Outre-mer), et quelques ministres qui, selon une source gouvernementale, “une histoire” avec la gauche, comme Eric Lombard (Économie) ou François Rebsamen (Aménagement du territoire).
Auxquels s’ajoutent “deux grosses bêtes”Bruno Retailleau (Intérieur) et Gérald Darmanin (Justice), qui rivalisent de déplacements et d’expressions publiques mais pourraient lui faire de l’ombre.
« Asseyez-vous » sur le déficit
Plusieurs de leurs collègues étaient présents vendredi dans les médias avec un message martelé à l’unisson : « Il nous faut un budget ».
Car sans loi de finances depuis le 1er janvier, « La France fonctionne en service minimum »a expliqué sur RTL Catherine Vautrin, chargée notamment du Travail et de la Santé.
Mais le gouvernement va sans aucun doute “asseyez-vous” sur la réduction du déficit, a indiqué à l’AFP un élu consulté par Bercy. Selon le journal Le mondeM. Bayrou aurait fixé un objectif de déficit de 5,4% du PIB au lieu de 5% comme l’envisageait Michel Barnier.
L’objectif numérique “sera le fruit des discussions” du gouvernement avec les forces politiques, a balayé la porte-parole Sophie Primas, sans donner de calendrier pour l’adoption du budget, le « principales orientations » devrait figurer dans la déclaration de politique générale du 14 janvier.
Grain de sel
Urgence également pour Mayotte, où le Premier ministre s’est rendu avec cinq ministres pour annoncer une batterie de mesures destinées à restaurer “debout” ce département, le plus pauvre de France. Ce texte présenté mercredi et «adopté avant la fin du mois»a assuré Mme Primas.
L’exercice de reporting du Conseil des ministres a été rapatrié à l’Elysée, à la demande de François Bayrou, alors que son prédécesseur avait choisi de le délocaliser dans un bâtiment des services du Premier ministre.
Pour préparer cette première rencontre, François Bayrou a eu un long déjeuner jeudi avec le président. Une manière d’apaiser les tensions, alors que le chef de l’Etat hésitait en décembre à nommer le patron du MoDem, ces derniers menaçant alors de rompre leur alliance historique.
Depuis, le président n’a pas hésité à mettre son grain de sel dans le travail du gouvernement, lors de ses vœux aux Français. La France doit “continue d’être attractif”, « travailler et innover davantage », “continue de créer des emplois” et « assure sa croissance en entretenant ses finances »a-t-il insisté.
La marque d’une nouvelle relation « coresponsabilité »selon le nouveau locataire de Matignon, qui a démarré son bail avec une cote de popularité historiquement basse.