La politique africaine du Maroc : Une stratégie diplomatique réinventée

La politique africaine du Maroc : Une stratégie diplomatique réinventée
La politique africaine du Maroc : Une stratégie diplomatique réinventée

En embrassant les causes des mouvements de libération nationale, le Maroc a bâti de solides alliances en Afrique. Ce positionnement stratégique a permis au Royaume de devenir un acteur incontournable sur le continent, repensant les relations internationales à la lumière de la question du Sahara, indique une étude publiée par le magazine Lixus dans son numéro de janvier 2025.

Dans le cadre de leur engagement sur la scène internationale, les États sont inévitablement confrontés à une mosaïque complexe de crises et de problèmes, qui nécessitent de leur part des positions réfléchies, façonnées par un ensemble de déterminants à la fois internes et externes. Les déterminants internes englobent les caractéristiques intrinsèques de chaque nation, telles que la structure du système politique, la robustesse économique et financière, ainsi que la capacité militaire. Ces éléments influencent profondément les mécanismes de prise de décision en matière de politique étrangère, a expliqué l’auteur de l’étude intitulée « La politique africaine du Maroc et son impact sur la position des pays africains face au conflit marocain du Sahara », Abdelaziz Ait Kacha. .

Dans le même temps, les déterminants externes sont liés à la nature spécifique de la crise en question, à la dynamique des relations entretenues avec les parties impliquées dans le conflit et au contexte géopolitique global qui prévaut. Ces facteurs externes imposent aux États un besoin d’adaptation stratégique, les obligeant à calibrer leurs positions en fonction de l’évolution de la scène internationale et des alliances potentielles.

Le conflit du Sahara a constitué un banc d’essai crucial pour ces déterminants stratégiques. Le Maroc s’est engagé à structurer ses relations internationales, tant au niveau mondial qu’avec les pays africains en particulier, en fonction de leur posture vis-à-vis de la question du Sahara, a-t-il indiqué.

« Ce conflit, né dans les années 1970, a coïncidé avec de multiples changements régionaux et internationaux marqués par la prolifération de discours libérateurs fondés sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et l’accession à l’indépendance de nombreux pays africains et asiatiques. suivant ce principe. Par conséquent, beaucoup ont perçu ce conflit comme une lutte entre un État expansionniste orienté vers l’Occident et un peuple opprimé menant une bataille pour son indépendance, ce qui a influencé la position de nombreux pays sur le conflit.“, a indiqué le chercheur.

Il a indiqué que la capacité du Front Polisario à amplifier sa voix sur le continent africain au cours des premières phases dépendait largement du soutien substantiel et direct des régimes algérien et libyen. Toutefois, cette dynamique s’avère transitoire, car les relations internationales sont soumises à des évolutions dictées par les circonstances et divers déterminants. Ainsi, au début des années 1990, une modification de ces paramètres a conduit à une réorientation des positions des États africains face à ce conflit. Cela a conduit à une érosion du soutien au Polisario au sein des capitales africaines, tout en offrant à la diplomatie marocaine une fenêtre d’opportunité pour transcender les obstacles de la phase initiale, consolider ses liens avec les nations africaines et les inciter à reconsidérer leur position sur ledit conflit. .

En explorant l’évolution des relations maroco-africaines, le chercheur a illustré comment, dès les premières années qui ont suivi l’indépendance, le Maroc a clairement défini son positionnement vis-à-vis de l’Afrique. Le Royaume s’est engagé sans relâche à renouveler et à revitaliser ses liens avec ce continent, en soutenant activement les mouvements de libération nationale dans de nombreux pays africains. Il a précisé que la question de l’intégrité territoriale restait un facteur central, guidant la politique étrangère marocaine envers l’Afrique à chaque étape post-indépendance.

L’auteur de l’étude a également souligné le choix stratégique du Maroc qui, après son indépendance, s’est tourné vers le renforcement de ses alliances politiques et économiques avec les États africains progressistes. Ce choix a soulevé de nombreuses questions sur l’orientation du Maroc, notamment parce qu’en tant que nation modérée, il pourrait s’aligner plus naturellement sur les États africains conservateurs, partageant des affinités historiques dans un contexte de fissure idéologique prévalant en Afrique. postcoloniale.

Le chercheur a précisé que les positions des nations africaines progressistes vers lesquelles s’est tourné le Maroc opposaient une farouche opposition aux puissances coloniales. Ces pays ont demandé un soutien aux mouvements de libération qui luttent encore pour leur indépendance et ont fait campagne contre toutes les formes d’impérialisme colonial, tout en renforçant les relations afro-soviétiques. Des personnalités comme Kwame Nkrumah, président du Ghana, et Patrice Lumumba, président du Congo, se sont imposées comme les leaders incontestés de ce mouvement.

Dans cette perspective, le Maroc a concrétisé son orientation révolutionnaire à travers un ensemble d’initiatives politiques et militaires. Il est notamment intervenu militairement sous l’égide des Nations Unies à la demande de Lumumba pour contrer le mouvement séparatiste de Moïse Tshombe au Congo.

Par ailleurs, le Maroc a joué un rôle clé dans la création du Groupe de Casablanca en janvier 1961, conçu comme un cadre politique pour les États africains progressistes cherchant à coordonner et à unifier leurs positions face aux crises internationales et régionales, et à cimenter une coopération accrue en faveur de L’unité africaine.

« Le retrait du Maroc de l’Organisation de l’Union africaine en 1984 a marqué la fin d’une phase négative dans les relations de Rabat avec l’Afrique. Il était donc naturel que les changements apportés par le Maroc à sa politique africaine depuis lors contribuent à inciter les pays à revoir leurs positions sur le conflit du Sahara. Ce retrait du Maroc d’un obstacle politique qu’il considérait comme le seul déterminant lui a permis de s’ouvrir à de nombreux pays africains, où il a déployé de gros efforts pour intensifier le processus de coopération. Cela a conduit nombre de ces pays à réévaluer le conflit du Sahara et à prendre, dans la plupart des cas, des décisions favorables à l’intégrité territoriale du Royaume.“, a conclu le chercheur.

 
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