Un chef d’entreprise et élu de Dordogne soupçonné de prise illégale d’intérêts

Un chef d’entreprise et élu de Dordogne soupçonné de prise illégale d’intérêts
Un chef d’entreprise et élu de Dordogne soupçonné de prise illégale d’intérêts

L’information est restée secrète pendant près d’un an. Une plainte vise Thierry Gauthier pour prise illégale d’intérêts, comme l’a révélé le site d’information en ligne Street Press.

L’homme a plusieurs cordes à son arc. Il est entrepreneur en Dordogne : commerce, immobilier, tourisme, industrie… Plusieurs entreprises sont placées sous la direction de ce Sarladais de 62 ans, comme l’hôtel-restaurant du domaine Monrecour à Saint-Vincent-de-Cosse. .

Mais c’est avec sa casquette d’élu que M. Gauthier est attaqué. L’association de défense de l’intérêt général en Dordogne (DIGD) a porté plainte auprès du parquet national financier dans le cadre d’un scrutin auquel le prévenu a participé en tant qu’adjoint au maire de Beynac et élu à la Communauté de communes (CdC) Sarlat-Périgord noir. .

Une lettre en question

Les faits allégués remontent à 2022 et 2023. En avril 2022, l’entrepreneur écrit au président de la CdC, Jean-Jacques de Peretti. Sa demande concerne la modification du plan local d’urbanisme (PLU) : « Afin que notre établissement réponde aux attentes de nos clients pour les années à venir, il est indispensable que nous puissions obtenir les superficies demandées ci-dessous afin d’offrir les prestations attendues telles que : piscine extérieure, hammam, sauna, salle de massage, 30 chambres de luxe, etc. »


Jean-Jacques de Peretti, maire de Sarlat, a validé le PLU en sa qualité de président de la Communauté de Communes Noires Sarlat-Périgord.

archives Stéphane Klein / SO

S’agissant d’un entrepreneur, cette demande n’est pas inhabituelle. En revanche, en juillet 2023, c’est l’élu Thierry Gauthier, siégeant à la CDC, qui vote cette demande en faveur de Thierry Gauthier, le chef d’entreprise. Ce qui est illégal : dans différentes collectivités, tous les élus doivent quitter la séance pour ne pas voter sur un sujet qui les concerne. “Oui, c’était des conneries”, affirme l’intéressé. Personne ne m’a invité à sortir. En tant qu’élu, j’en assume la responsabilité. »

Au-delà de cette question de forme, la DIGD voit un problème de fond : il s’agirait d’un délit de conflit d’intérêts. Théophile Pardo, président de l’association, assure : « Les parcelles demandées par M. Gauthier n’étaient pas constructibles et par un tour de magie, 3,5 hectares sont devenus constructibles à son bénéfice. »

Le quota de terrains constructibles aurait profité à M. Gauthier au détriment des autres citoyens.

Cette interprétation est au cœur de l’affaire. Contacté par « Sud Ouest », l’accusé (qui bénéficie de la présomption d’innocence) dément : « Ma lettre concernait uniquement une augmentation des surfaces constructibles sur des terrains qui étaient déjà constructibles bien avant mon élection, pas pour avoir des terrains constructibles supplémentaires. »

Jean-Jacques de Peretti, président de la CdC, défend la thèse de Thierry Gauthier (dont il est proche) : « Ils [les plaignants, NDRL] ils manquent le point. M. Gauthier a demandé la prolongation du permis de construire, mais la constructibilité du terrain a diminué. »

Des habitants lésés ?

L’un des arguments de la plainte de la DIGD est que cette opération a entraîné un préjudice pour les habitants : « Il y a tout un quartier à Saint-Vincent-de-Cosse qui se retrouve réduit au strict minimum parce qu’il n’y a plus de terrains à bâtir. » estime son président. Bref : le quota de terrains constructibles aurait profité à Thierry Gauthier au détriment des autres citoyens.

Là encore, Jean-Jacques de Peretti nie : « Finalement, M. Gauthier avait moins de surfaces constructibles qu’il n’en avait au départ, lorsqu’il n’était pas élu. Nous avons fait mieux que ce que la loi exigeait pour le PLU. »

Thierry Gauthier, de son côté, semble envisager une réponse judiciaire : « J’ai l’intention de me venger. J’ai des éléments solides et je gagnerai de l’argent avec ce business. La contre-attaque sera précise. On s’en prend à un honnête gars, on s’en prend au président d’un groupe qui vaut 50 millions d’euros. Nous avons tué un chef d’entreprise qui s’est battu toute sa vie pour l’économie locale. »

Procédure

La plainte a été déposée le 17 janvier 2024 auprès du parquet national financier, qui l’a transmise au parquet de Bergerac. La procureure Sylvie Guedes indique qu’une enquête préliminaire est en cours. Elle peut classer le dossier ou décider de le renvoyer devant le tribunal correctionnel.
Mais il existe aussi un deuxième front judiciaire : la Sepanso 24 (Société pour l’étude, la protection et la mise en valeur de la nature du Sud-Ouest) a initié, il y a un an, une demande d’annulation du PLU litigieux devant le tribunal administratif de Bordeaux. Cette fois pour des questions environnementales.

 
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