La Mauritanie à l’épreuve d’une neutralité conçue pour ne pas durer

La Mauritanie à l’épreuve d’une neutralité conçue pour ne pas durer
La Mauritanie à l’épreuve d’une neutralité conçue pour ne pas durer

Au cœur des rivalités nord-africaines, la Mauritanie occupe une place stratégique qui la relie à ses voisins immédiats, le Maroc et l’Algérie. Si Nouakchott revendique la neutralité politique, les intérêts économiques profonds avec le Royaume rappellent que Rabat constitue un partenaire crucial.

Depuis plusieurs décennies, le Maroc s’est imposé comme un acteur central du développement économique mauritanien. Premier investisseur africain en Mauritanie, le Royaume a multiplié les initiatives dans des secteurs stratégiques comme les télécommunications, la banque, les matériaux de construction, les carburants ou la pêche. Les échanges commerciaux entre les deux pays, qui ont atteint 300 millions de dollars en 2022, démontrent une coopération solide et sans cesse croissante.

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Maroc : Un partenaire durable pour Nouakchott

Les entreprises marocaines ne se contentent pas d’une présence économique. Ils participent à la structuration du développement mauritanien, notamment à travers des projets d’envergure comme le champ gazier offshore de Grande Tortue Ahmeyim (GTA). Ce dernier, partagé entre la Mauritanie et le Sénégal, pourrait renforcer le projet de gazoduc Maroc-Nigéria et diversifier l’approvisionnement énergétique du Royaume.

Malgré ces avancées, les relations entre Rabat et Nouakchott restent fragiles. La prudence mauritanienne, dictée par la volonté de ne pas froisser l’Algérie, limite parfois le potentiel de cette coopération. Les relations diplomatiques connaissent des moments de tension, souvent alimentés par des incidents isolés, mais ces perturbations ne doivent pas faire oublier les opportunités économiques offertes par ce partenariat.

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Algérie, des ambitions qui peinent à rivaliser

Face à l’influence marocaine, l’Algérie cherche à renforcer sa présence en Mauritanie, mais ses initiatives sont limitées. Certes, Alger a intensifié ses efforts ces dernières années, notamment en inaugurant une banque algérienne à Nouakchott, en établissant un poste frontière fixe et en lançant les travaux de la route Tindouf-Zouerate. Ces projets révèlent la volonté d’Alger de faire de la Mauritanie un pont vers l’Afrique subsaharienne.

Toutefois, les échanges économiques entre Alger et Nouakchott restent modestes en comparaison de ceux du Maroc. L’Algérie peine à rivaliser avec l’influence marocaine, non seulement en termes de volume, mais aussi en termes de diversité des secteurs d’intervention et d’expertise. Si Alger se positionne comme fournisseur d’énergie et partenaire d’infrastructures, elle n’a pas réussi à rivaliser avec le Royaume dans les secteurs clés du développement mauritanien.

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Une neutralité politique à double tranchant

La position de neutralité revendiquée par la Mauritanie entre le Maroc et l’Algérie est un délicat exercice d’équilibriste. Sur la question du Sahara marocain, Nouakchott reste fidèle à une posture minimaliste, affirmant sa neutralité et évitant tout geste qui pourrait être perçu comme un soutien explicite à l’un ou l’autre camp. Cette stratégie vise à protéger ses relations bilatérales avec ses deux voisins tout en évitant des tensions qui semblent jusqu’ici inutiles.

Cette posture limite toutefois un approfondissement des relations économiques avec le Maroc. L’Initiative atlantique, lancée par le Maroc pour offrir aux pays enclavés du Sahel un accès à l’Atlantique via des infrastructures au Sahara, est un exemple de projet stratégique qui pourrait grandement bénéficier à la Mauritanie. Mais les hésitations de Nouakchott face à cette initiative soulignent la prudence mauritanienne, soucieuse de ne pas être perçue, alors qu’elle est en passe de le devenir, comme un allié stratégique de Rabat.

De même, la Mauritanie a refusé d’adhérer à la « nouvelle formule » maghrébine proposée par Alger, illustrant sa volonté de ne pas compromettre ses relations avec le Maroc. Cette neutralité, bien que pragmatique, pourrait devenir un obstacle si les pressions diplomatiques s’intensifient.

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Le Maroc, un partenaire incontournable pour l’avenir

Malgré les défis, les liens économiques avec le Maroc représentent une opportunité unique pour la Mauritanie. Les entreprises marocaines apportent non seulement des investissements, mais aussi une expertise et un savoir-faire qui contribuent à la modernisation des infrastructures locales. La coopération dans des secteurs stratégiques tels que l’énergie, les transports et la finance pourrait permettre à Nouakchott de consolider son développement à long terme.

Par ailleurs, le Maroc, en tant que porte d’entrée vers l’Europe et pôle économique africain, offre à la Mauritanie un levier stratégique pour diversifier ses partenariats et ses débouchés. À condition de surmonter les tensions ponctuelles et d’approfondir leur coopération, Rabat et Nouakchott ont tout à gagner au renforcement de leurs relations.

Si la Mauritanie maintient une neutralité minimaliste entre Rabat et Alger, les faits économiques parlent d’eux-mêmes. Le Maroc, de par son rôle de premier investisseur africain et son ancrage stratégique en Afrique de l’Ouest, représente un partenaire essentiel à long terme pour Nouakchott.

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Dans un contexte où l’Algérie reste dans une posture réactive et peine à rivaliser avec le Maroc, la Mauritanie pourrait être tentée d’approfondir définitivement ses liens avec le Royaume, malgré les tensions régionales. Ce choix, fondé sur des intérêts économiques bien compris, pourrait ouvrir une nouvelle ère de coopération bénéfique pour les deux nations, tout en affirmant la place centrale de la Mauritanie dans le développement régional.

A ce titre, la récente rencontre entre Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le Président Mohamed Ould Ghazouani a eu le mérite de clarifier les perceptions. En effet, les deux chefs d’Etat ont affirmé leur détermination à développer des projets stratégiques pour la connexion entre les deux pays voisins, et à coordonner leurs contributions dans le cadre des Initiatives Royales en Afrique, notamment le gazoduc Afrique-Atlantique et l’Initiative visant à favoriser l’accès des États du Sahel à l’océan Atlantique.

Cette position commune lève toute ambiguïté sur l’avenir de la relation maroco-mauritanienne et ouvre la voie à une coopération bilatérale renforcée dans des domaines essentiels tant pour les deux pays que pour l’ensemble de la région.

 
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