C’est l’un des plus anciens navires du monde, le plus ancien trois-mâts européen en état de navigabilité. 58 mètres de la poupe à la proue, une coque en acier et des ponts en bois, un grand mât qui culmine à 38 mètres de haut, 22 voiles et un sinueux entrelacs de cordages (environ 22 km !).
Premier bateau classé Monument Historique, le Blanc128 ans, impressionnant. Cet été, c’est lui qui a ramené la flamme olympique de Grèce à Marseille : la lanterne est encore soigneusement conservée à bord.
«Nous réalisons actuellement des travaux à la main et à l’ancienne»
Depuis octobre, ce joyau du patrimoine maritime est amarré dans le bassin des chalutiers, au centre-ville de La Rochelle. A son bord, un équipage réduit de six personnes, dont le commandant Aymeric Gibet. « Le démâtage, prévu courant janvier au port de La Pallice, nous donnera accès à la partie supérieure du hauban. Nous réalisons actuellement un travail manuel à l’ancienne, avec des maillets spécifiques, sur les câbles en acier. Ils sont gainés de cuir, recouverts d’une peinture protectrice avant d’être réinstallés. explique le propriétaire des lieux.
Révisions mécaniques dans la salle des machines, entretien des bois et des vernis, application de peinture anticorrosion, création de menuiseries sur mesure… Tous ces travaux contribuent à la beauté et à l’entretien courant du navire, à quai au moins cinq mois par an. « Pour que le Blanc Pour continuer à naviguer dans le siècle à venir, nous devons également anticiper et planifier des phases de restructuration plus sérieuses. »
L’hiver prochain, une intervention sur le bas de coque arrière, dont la structure est menacée par la rouille et les infiltrations d’eau, est notamment prévue. Un appel aux dons a été lancé à l’automne. Parce qu’il a été lancé en 1896 à Nantes, le Blanc subit l’usure naturelle d’un grand voilier plus que centenaire et toujours en activité.
Du chocolat aux marins italiens
Il a déjà vécu plusieurs vies. Il fut d’abord un navire marchand, chargé d’acheminer le cacao pour le compte des chocolateries Menier depuis le comptoir portugais qui lui a donné son nom.
En 1914, il change de vocation, racheté par le duc de Westminster qui en fait son yacht privé et l’aménage en conséquence. Le salon capitaine est toujours orné du mobilier d’origine en acajou de Cuba, un bois précieux introuvable aujourd’hui, tout comme le grand rouf, avec son escalier lyre et sa double porte en acajou.
Le navire passa ensuite de la famille brassicole Guinness à un comte italien qui, dans les années 1950, le transforma en navire-école. Mis en vente dans un chantier naval vénitien à la fin des années 1970, il est reconnu par un amateur de gréements anciens.
La Caisse d’Epargne l’achète et le ramène en France avec l’aide de la Marine Nationale. En 1980, elle crée la Fondation Belem qui en devient mécène et assure depuis sa conservation.
Installation en avril
« Notre mission est de préserver la valeur archéologique du navire et de transmettre notre savoir-faire »résume Aymeric Gibet. Le budget annuel de fonctionnement du navire s’élève à plus de 3 millions d’euros. Les cours, ouverts à tous, génèrent des revenus. LE Blanc accueille environ 1 400 personnes chaque année : pendant quelques jours, 48 apprentis marins viennent partager la vie des 16 équipiers et participer aux multiples manœuvres.
Pas de pilote automatique Blancdes cartes papier et « Conduire le gréement comme il y a 100 ans »…Une sacrée aventure humaine ! Le navire quittera le port de La Rochelle en avril pour la première des 27 traversées prévues en 2025. Tout au long de l’été, le trois-mâts fera également escale à de nombreuses
événements nationaux et internationaux.