« Petit à petit, nous parvenons à construire notre nid »

« Petit à petit, nous parvenons à construire notre nid »
« Petit à petit, nous parvenons à construire notre nid »

«C’est un merveilleux cadeau de Noël. » Lise Vaquer doit signer lundi 30 décembre le bail d’une petite maison entièrement rénovée, située sur la commune de Saint-Mamet-la-Salvetat (Cantal). « Honnêtement, je suis ravicontinue-t-elle. Petit à petit, nous parvenons à construire notre nid. » Depuis cinq mois, la jeune femme de 35 ans dormait dans le salon d’un appartement à Aurillac qui lui avait été prêté, laissant la chambre à sa fille de 13 ans, Abigail, et à sa fille de 9 ans. mon vieux fils, Timothée.

Désormais, chacun aura son espace dans ce logement à loyer modéré, géré par une association. Un jardin jouxte la bâtisse en pierres apparentes. «C’est l’occasion de replanter» poursuit le trentenaire. Il y a six mois, elle cultivait des chouchous, des cucurbitacées des pays chauds, au Mont-Dore, une commune de l’agglomération de Nouméa.

Cette Aurillacoise s’est installée en Nouvelle-Calédonie il y a dix ans pour suivre le père de ses enfants, un Néo-Calédonien d’origine wallisienne qu’elle avait rencontré en métropole lorsqu’il était militaire. Le couple finit par se séparer, mais Lise reste à l’autre bout du monde. «Je me suis toujours senti accueilli et intégré» raconte l’histoire de celui qui enchaîna le « emplois » pour gagner sa vie, en commençant par un McDonald’s. « Financièrement, ça a été un peu un parcours du combattant »confie-t-elle.

Maman célibataire sans travail

Les émeutes, qui ont éclaté le 13 mai 2024 et fait 14 morts, ont brisé ce fragile équilibre économique. Près de 20 000 personnes se sont retrouvées au chômage, soit environ 30 % des salariés du secteur privé. La Néo-Calédonienne d’adoption a elle-même perdu son emploi de caissière-vendeuse dans une boulangerie : « Je me suis retrouvée mère célibataire, sans travail. Je ne pouvais plus payer les factures, je voyais que tout brûlait… C’était compliqué. »

Après quinze jours d’attente, Lise décide de partir et d’emmener ses deux enfants avec l’accord de leur père. L’avion du retour a décollé fin juillet. « En quelques jours, j’ai dû vendre dix ans de vierésume-t-elle. En fait, j’ai tout vendu. Ce que je n’ai pas vendu, je l’ai distribué dans la résidence où j’habitais. Ce fut un véritable crève-cœur de quitter la Nouvelle-Calédonie. »

Si Lise a franchi le pas, c’est aussi parce qu’elle savait qu’elle pouvait compter sur sa famille, qui l’a aidée à financer son voyage et l’a hébergée. Son père et un de ses frères vivent toujours dans le Cantal. Aucune statistique n’a encore été publiée, mais des milliers de personnes seraient parties comme elle, poussées par la violence et la crise économique. «Toutes mes connaissances avaient une base en »elle souligne.

Deux nouveaux chats

En dix ans, Lise n’était revenue qu’une seule fois. Cet hiver, il a dû reprendre l’habitude de “gratter” le pare-brise de sa voiture. “En Nouvelle-Calédonie, c’était une autre vie, c’était un short, des tongs et un petit débardeur”plaisante-t-elle. En attendant de trouver du travail, elle touche le RSA et profite de cette période de transition pour s’installer « petits problèmes de santé ».

Ses enfants ont repris leur scolarité. « Ils se sont fait des amis. Mais ils veulent repartir un jour, leur vie n’est pas là. On verra si la situation s’améliore en Nouvelle-Calédonie. Je ne sais pas si je pourrais vivre sans eux. Mais si je n’ai pas un emploi solide là-bas, je ne me vois pas partir. »

La maison de Saint-Mamet-la-Salvetat accueillera également deux chats, adoptés dans le Cantal. Trois autres sont restés en Nouvelle-Calédonie. Juste avant le grand départ, Lise les confie à de nouveaux propriétaires, avec qui elle garde contact. “Je continue de recevoir des photos et des vidéos, ça fait plaisir”explique-t-elle. Que faut-il lui souhaiter pour 2025 ? « Vivre sereinement et pouvoir toujours avancer, avec joie et détermination. »

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Une crise politique et économique

– Les émeutes ont été déclenchées en mai dernier par l’examen à Paris d’une réforme, contestée par les indépendantistes, visant à élargir l’électorat calédonien. Ils ont fait 14 morts.

– Un calme précaire est revenu, mais les autorités ont décidé d’imposer à nouveau un couvre-feu pour le réveillon du Nouvel An à Nouméa et dans les communes voisines. Une décision prise sur la base « le contexte que connaît le territoire depuis plusieurs mois (…) ainsi que les interventions répétées de la police dans certaines communes »précise le Haut-commissariat de la République.

 
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