« Les féministes qui jugent les peines « trop légères » sont-elles plus enclines à la répression que leurs prédécesseurs ? »

« Les féministes qui jugent les peines « trop légères » sont-elles plus enclines à la répression que leurs prédécesseurs ? »
« Les féministes qui jugent les peines « trop légères » sont-elles plus enclines à la répression que leurs prédécesseurs ? »

J.Je regarde à la télévision, ce 19 décembre, vers 13 heures, ces jeunes féministes rassemblées devant le tribunal d’Avignon qui chantent, juste après la fin du procès Mazan, l’hymne du Mouvement de libération des femmes écrit depuis plus d’un demi-siècle. A cinquante ans d’intervalle, les temporalités s’entrechoquent. « Vingt ans pour tout le monde ! », réclamaient une banderole brandie par certaines féministes devant le palais de justice, en attendant le verdict. Le tribunal correctionnel du Vaucluse n’a pas suivi cette exigence, ce qui est à saluer.

Le global fait référence au totalitarisme ; un système de justice démocratique juge au cas par cas. Il n’y a pas de ma part un éloge de la modération, mais une considération de la complexité des situations, des êtres, des vies. Pourtant, à l’exception de la peine de vingt ans de réclusion criminelle prononcée contre Dominique Pelicot, l’organisateur du scénario sordide et épouvantable construit contre son épouse, les communiqués de la plupart des associations féministes regrettent des peines jugées trop légères.

Face à ces réactions, je ne peux m’empêcher de penser aux décennies précédentes, notamment aux années 1970, où les féministes – j’en faisais partie – luttaient contre le viol, avec des mots parfois différents de ceux d’aujourd’hui, mais pour dire la même chose : que le viol est un signe du patriarcat, qu’il n’est pas le résultat d’une prétendue pulsion sexuelle masculine irrésistible, mais du pouvoir, celui de l’appropriation par les hommes du corps des femmes, et que les femmes doivent cesser d’avoir honte de le dénoncer.

Jugement aux assises

Le combat s’est développé à partir de 1975, juste après que le vote pour la libéralisation de l’avortement ait été remporté par le vote de la loi Veil. Deux problématiques qui concernent toutes les femmes, deux peurs, celle des grossesses non désirées et celle du viol. Se battre mais comment ? En écrivant des chroniques, en inventant des slogans, en organisant des manifestations ? C’était utile mais insuffisant pour tirer la sonnette d’alarme.

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