Passionné et passionnant, le fondateur de Camargue d’antan propose de découvrir à bord de son 4×4 la faune et la flore au cœur d’un territoire chargé de traditions.
Tout ce que vous avez à faire est de monter dans votre Land Rover et vous vous sentirez immédiatement de bonne humeur. Un hameçon de raseteur, un front de taureau, un morceau de corne… nous sommes bien ici en terres de Camargue. Cependant, tous ces objets ne sont pas là pour faire joli mais pour raconter l’histoire de ce territoire et de ses traditions. « Je l’utilise pour expliquer aux clients, de manière concrète, comment se pratique l’élevage, les conditions dans lesquelles vivent les taureaux et les chevaux, l’utilisation de certains accessoires… et les gens aiment ça ! » Il faut dire qu’Olivier Bayle est originaire du pays. Originaire de Vauvert, il est surnommé le loup blanc. Sa gentillesse, sa plaisanterie et son humour ont fait de lui, au fil du temps, un personnage incontournable de la Petite Camargue, et bien au-delà diront certains.
Une nouvelle vie professionnelle
Pourtant, Olivier Bayle n’imaginait pas vraiment devenir un jour guide en Camargue, même si enfant, comme beaucoup d’enfants gardois nés dans les années 60, il ne cessait de répéter à sa mère qu’il deviendrait plus tard berger et vivrait parmi les taureaux. Et son rêve, auquel il ne croyait plus depuis longtemps, s’est en partie réalisé il y a trois ans. « J’avais passé plus de trente-cinq ans chez Saur, (Entreprise d’aménagement urbain et rural spécialisée dans la gestion de l’eau, NDLR) au fil du temps, je ne me retrouvais plus dans les relations humaines, mon métier me pesait, je sentais que j’étais arriver au bout de l’aventure. J’ai donc décidé de franchir le pas, de quitter l’entreprise et de commencer une nouvelle vie professionnelle. » Mais comme c’est souvent le cas dans ces cas-là, c’est plus facile à dire qu’à faire !
Une rencontre fortuite qui conforte son idée, qui germe depuis des années, de devenir guide et de le proposer aux touristes – mais aussi aux locaux ! – des safaris 4×4 pour découvrir la faune, la flore et bien sûr les traditions camarguaises. C’est ainsi qu’est née la Camargue d’antan. « J’avais peur au début que le concept ne me plaisait pas, que je n’arrive pas à m’en sortir financièrement… et surtout je ne savais pas si j’allais être à la hauteur. » Mais les doutes ont disparu dès l’apparition des premiers clients. En quelques semaines, Olivier a réussi à trouver ses marques. Fort de sa connaissance des traditions et du patrimoine local, il devient rapidement un conteur incontournable en Camargue. Sa capacité verbale et son empathie envers les clients font le reste. « Il n’est pas question de prendre les gens pour des imbéciles. Je dois leur parler de l’authenticité de nos traditions, mais aussi des enjeux économiques et environnementaux liés à ce territoire à la fois sauvage et fragile. Et pour cela, je m’appuie sur des anecdotes et des histoires pas toujours connues du grand public. » Et le principe fonctionne plutôt bien si l’on en juge par les nombreux commentaires élogieux laissés par les clients sur son site Internet. Ici, authenticité rime le plus souvent avec convivialité. « En fonction des demandes des clients, je m’adapte, underlines Olivier Bayle. J’essaie de faire de chaque sortie un spectacle. Pour cela, je n’hésite pas à mettre les enfants à cheval, à s’arrêter parmi les taureaux… Je veux que les gens repartent d’ici heureux avec des souvenirs plein la tête.
Il n’est pas rare que le guide du Gard se lie d’amitié avec les touristes, comme ce fut le cas l’an dernier avec les Québécois. « Après leur séjour dans la région et la demi-journée passée ensemble à découvrir la Camargue sauvage, nous sommes restés en contact. De retour au Québec, ils m’ont écrit et ils ont été tellement ravis de cette promenade et des échanges que nous avons eu qu’ils nous ont invités, ma femme et moi, à venir chez eux. C’est ce que nous avons fait en janvier. Ils nous ont accueillis à bras ouverts et bien sûr ils nous ont rendu la pareille en nous faisant visiter leur région, mais cette fois sous un mètre de neige ! »sourit l’ancien patron camarguais dont l’entreprise a réalisé une belle saison estivale cette année. « Près de 90 % de ma clientèle est française, le reste se partage entre Belges, dont beaucoup, Brésiliens, Américains et même Italiens. »
Troufy, l’ami de quarante ans
Outre sa verve et sa personnalité attachante, Olivier Bayle bénéficie également, lors de ses excursions, d’un avantage majeur avec la possibilité que lui offre le propriétaire de la manade Martini, Bernard Fougairolles que tout le monde surnomme amicalement Troufy, d’arpenter comme il plaît aux 150 hectares privés qui composent son pays à Franquevaux. « Je dois beaucoup à Bernard, confie Olivier Bayle qui a longtemps été gardien amateur du troupeau. Dès le début, il m’a dit : tu es chez toi ici. Et ça n’a pas de prix ! » C’est également depuis le parking de la manade que débute le safari. Direction tout d’abord l’abbaye cistercienne de Franquevaux datant du XIIe siècle. S’en suit un court arrêt à la taverne du pont avec vue sur la roselière. « C’est l’occasion de parler des animaux qui y vivent, de la nidification des oiseaux et bien sûr de la production d’agneaux. » Puis découverte de la Croix de Camargue « avec une présentation de Folco de Baroncelli », visite du troupeau au plus près des taureaux et chevaux en liberté, sans oublier l’observation des hérons et des flamants roses, animal totem de l’Olive. Le parcours de 55 kilomètres dure en moyenne trois à quatre heures pour un coût par adulte de 55 €. « Aujourd’hui, je ne pourrai pas reprendre le travail en tant que salarié », assure le quinquagénaire. Ma vie est là, parmi les taureaux et les chevaux qui racontent des histoires, rient et apportent de la joie aux gens. Ce qui, pour le moment, n’est pas une mince affaire ! »