Durant la guerre civile de 2013, Alexandra Sambo et sa famille ont trouvé refuge en Eure-et-Loir. D’abord à Romilly-sur-Aigre, près de Cloyes-les-Trois-Rivières, puis à Châteaudun, où l’adolescente a suivi une partie de son collège et de son lycée.
Après des études de comptabilité à Chartres, la jeune femme s’est lancée cette année dans un master en contrôle de gestion à Rambouillet, tout en gardant un pied dans la cité Carnute, chère à son cœur, où elle travaille en alternance pour la société Pharmaplan.
Miss République Centrafricaine 2025
Le 7 décembre dernier, l’Eurélienne de 24 ans a endossé une toute nouvelle casquette, ou plutôt une nouvelle couronne, celle de Miss Centrafrique 2025.
Alexandra Sambo dit s’être inscrite au concours d’abord par amour des challenges, mais aussi pour se rapprocher de sa culture « et de la communauté centrafricaine », indique la jeune femme. « A Chartres, nous ne sommes pas nombreux, et j’ai très peu d’amis centrafricains », confie l’étudiant. « Le concours m’a beaucoup apporté à ce niveau-là, assure-t-elle.
Lutte contre la mortalité maternelle
Mais l’élection n’est pas qu’un concours de beauté, elle permet chaque année à une jeune femme de réaliser un projet humanitaire lié à la Centrafrique. Le projet d’Alexandra : améliorer la prise en charge des femmes enceintes en distribuant des kits de matériel stérile aux accoucheuses traditionnelles.
« La Centrafrique compte actuellement 19 gynécologues pour près de six millions d’habitants », explique Alexandra Sambo. “Nous sommes l’un des pays où le taux de mortalité pendant la grossesse est le plus élevé.”
L’ancienne colonie française compte 882 décès maternels pour 100 000 naissances, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé, en 2015. Et pour cause, explique l’étudiante : « en province, beaucoup de femmes accouchent encore à la maison, seules, ou avec des accoucheuses traditionnelles.
En parallèle, la jeune femme souhaite sensibiliser les femmes centrafricaines et les inciter à se rendre à l’hôpital pour se faire suivre. « Beaucoup de femmes n’y vont pas parce qu’elles n’en ont pas les moyens, explique-t-elle, même s’il existe certains services gratuits. Il faut dire à ces femmes qu’il existe une aide dont elles peuvent bénéficier gratuitement.
La moralité maternelle est un problème qui touche particulièrement les jeunes femmes. En mai 2024, Alexandra Sambo perd sa tante, alors enceinte de neuf mois. « Elle n’avait pas eu beaucoup de suivi durant sa grossesse. Après neuf mois, elle a essayé d’aller à l’hôpital, mais personne ne s’est occupé d’elle ni ne lui a dit quoi faire. Elle a fini par rentrer chez elle, elle a perdu la vie et son fœtus à cause de la négligence des médecins », accuse Alexandra Sambo. “C’était son premier enfant et elle n’a jamais pu le rencontrer.”
365 jours, coup d’envoi
Alexandra Sambo a un an pour mener à bien son projet. Dans les prochains jours, elle doit déposer les statuts de son association en France et en Centrafrique. La jeune miss organisera également des galas de charité pour récolter des fonds destinés à financer les kits, qui seront préparés en France, puis acheminés par bateau jusqu’à Bangui, la capitale centrafricaine. Donc à suivre.
Julie Houlier