Derrière les annonces du nouveau garde des Sceaux Gérald Darmanin, la dure réalité des gardiens de la maison d’arrêt de Carcassonne

Derrière les annonces du nouveau garde des Sceaux Gérald Darmanin, la dure réalité des gardiens de la maison d’arrêt de Carcassonne
Derrière les annonces du nouveau garde des Sceaux Gérald Darmanin, la dure réalité des gardiens de la maison d’arrêt de Carcassonne

Suite aux annonces faites par le nouveau ministre de la Justice, Gérald Darmanin, de vouloir construire des lieux de détention pour des peines mineures, ou encore réaliser des opérations de vidage dans les prisons, les principaux syndicats de la maison d’arrêt de Carcassonne ont accepté de réagir.

“M. Darmanin est sympathique, mais ses annonces nous laissent perplexes ! Ce vendredi 27 décembre, au lendemain des déclarations faites par le nouveau garde des Sceaux Gérald Darmanin, secrétaire local du syndicat pénitentiaire FO Justice de la maison d’arrêt de Carcassonne, Yohann Verschelle reste dans l’expectative face à une situation qui ne fait qu’empirer. La réalité en aujourd’hui est qu’il y a plus de 80 000 détenus avec plus de 4 000 matelas au sol. A Carcassonne, on compte 146 détenus pour 64 places effectives, avec 23 matelas au sol. A la maison d’arrêt de Carcassonne, le taux d’occupation est supérieur à 220 %.

A quoi ça sert d’incarcérer un homme pendant quatorze jours ?

Au sujet des peines courtes évoquées par le ministre, Yohann Verschelle explique que son syndicat avait proposé l’option de« une classification des établissements par rapport au profil des détenus qu’ils hébergent ». L’idée n’est pas de mélanger tout le monde. “A quoi ça sert d’incarcérer un gars pendant quatorze jours ?”ironise Yohann Verschelle. « Nous avons proposé une alternative à la prison, avec la création d’une police pénitentiaire qui serait chargée de surveiller les incarcérations à domicile… » Mais alors se pose la question de la gestion « déclin du personnel » à partir de l’année 2025 : « Il y a beaucoup trop de départs qui ne seront pas remplacés. Ici à Carcassonne, dès le mois de juillet, il y aura sept départs sur les vingt-quatre agents de détention dont nous disposons. Nous allons souffrir, sous pression. Nous ne savons pas comment nous allons faire !

Côté budget, Yohann Verschelle rappelle que« Il manque 500 millions d’euros par rapport aux coupes budgétaires pour la mise en œuvre des projets en cours. Il faudra que M. Darmanin aille les chercher, voire un peu plus, pour nous permettre de recruter et de créer des prisons !

Nous sommes vraiment dans une situation catastrophique. Le métier ne m’intéresse plus.

Représentant local du syndicat Ufap-Unsa Justice à la maison d’arrêt de Carcassonne, Pierre Journet pourrait être séduit par les annonces faites, « parce que nous allons vers des choses qui nous parlent. À savoir, nous devons mettre de l’ordre dans la maison ! C’est utopique, mais c’est le genre de discours qu’on attend d’un ministre.».

Mais derrière tout cela se cache la dure réalité de la surpopulation carcérale et du manque de surveillants : « Nous sommes vraiment dans une situation catastrophique. Le métier n’a plus d’intérêt. Cette année, nous aurions dû recruter 600 encadrants mais à peine la moitié s’est présentée. Nous manquons de personnel, de moyens et de lieux… M. Darmanin nous dit qu’il parle d’ouvrir d’autres structures déjà très déficitaires, mais avec quels moyens et quel personnel, sachant qu’il y aura un budget contraint. D’un côté ou de l’autre, les syndicats pénitentiaires ne se font pas trop d’illusions tant le projet est colossal.

France

 
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