ENTRETIEN. «C’était magnifique!» Romane Berniès, médaillée d’argent aux JO de Paris 2024, est la sportive lotet-garonnaise de l’année

ENTRETIEN. «C’était magnifique!» Romane Berniès, médaillée d’argent aux JO de Paris 2024, est la sportive lotet-garonnaise de l’année
ENTRETIEN. «C’était magnifique!» Romane Berniès, médaillée d’argent aux JO de Paris 2024, est la sportive lotet-garonnaise de l’année

l’essentiel
Si le titre de sportive lot-et-garonnaise de l’année reste seulement honorifique, à nos yeux, Romane Berniès méritait cette récompense. Après du chemin parcouru, l’Agenaise a décroché, à 31 ans, une médaille d’argent aux Jeux olympiques de Paris cet été, marquant ainsi son histoire.

Ce qui est drôle chez Romane Berniès, c’est son énergie. Que ce soit sur ou en dehors du terrain, la Lot-et-Garonnaise ne s’arrête jamais. «Je viens de quitter la chambre, je devais voir le kiné, je dois encore manger», s’est-elle excusée en décalant de quelques minutes notre entretien. C’est Romane Bernies. Une femme énergique, pleine d’enthousiasme, mais dont le paradoxe a été d’attendre de très (trop ?) longues années avant de connaître l’ultime apogée, avec une médaille aux JO. Car la Lot-et-Garonnaise, capitaine du club de Lattes-Montpellier, a marqué l’histoire de son département natal en 2024, devenant médaillée d’argent cet été.

Romane, tout simplement, 2024 a-t-elle été la meilleure année de votre carrière ?

Oui ! Je n’hésite pas vraiment à vous répondre. Sur le plan professionnel, mais aussi personnel et individuel, c’est de loin ma meilleure année. Je suis vraiment heureux et reconnaissant d’avoir vécu une année comme celle-ci. C’était juste magnifique.

Y a-t-il eu quelque chose qui a cliqué ?

J’ai beaucoup travaillé pour arriver ici. Peut-être qu’avec un peu plus de maturité et de confiance, je m’inquiétais moins. Je laisse les choses venir à moi. J’ai aussi beaucoup apprécié chaque instant, mais je n’ai pas vraiment cliqué. Je pense que tout ce qui s’est passé dans ma carrière m’a façonné pour arriver ici.

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On parle souvent de maturité à 27-28 ans chez les sportifs. Pour toi, c’était un peu décalé…

J’ai toujours entendu dire qu’un meneur mûrit à 30 ans. Je me souviens que Céline Dumerc me disait ça. C’est un poste difficile, où l’expérience est importante, et j’ai acquis beaucoup d’expérience au fil des années. Physiquement, j’ai aussi la chance d’être au sommet. Le mélange des deux faisait que cette année, c’était mon « bonus » comme on dit dans le jargon.

“Nous avons atteint la finale qu’il nous fallait”

Votre voyage n’a pas été facile. Réalisez-vous le chemin parcouru ?

J’ai souvent cette pensée. Parfois, je peux rester à la maison et me demander si cela s’est réellement produit. Je peux penser à tout ce que j’aurais pu faire. Je suis heureux et fier. Sur le moment, nous sommes tellement captivés par l’instant présent que nous le remarquons sans nous en rendre compte. Aux Jeux Olympiques par exemple, j’avais tellement donné pour être là, et ça va tellement vite avec les objectifs à atteindre, qu’on est un peu dans une machine à laver. Maintenant, je peux penser à tout cela, me dire que c’était réel et incroyable.

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Si je parle d’un moment fort cette année, c’est évidemment les JO ?

Cela a été une grande année pour moi. Il s’est passé de grandes choses en dehors du terrain qui ont rendu cette année merveilleuse. Mais sportivement et professionnellement parlant, évidemment les Jeux Olympiques sont l’apothéose de mon année et de ma carrière aussi.

Vous avez perdu en finale d’un tout petit point contre les Etats-Unis. Est-ce que cela vous laisse des regrets ?

Non, je ne suis pas quelqu’un qui vit avec des regrets. Nous avons atteint la finale qu’il nous fallait. C’est évidemment énervant en tant que compétiteur car nous voulons toujours gagner, mais nous avons montré au monde entier nos vraies couleurs et de quoi nous étions capables. Nous avons regardé les Américains du même œil, ils avaient peur… Bien sûr, c’est dommage qu’ils repartent avec une victoire, mais il n’y a aucun regret. Je suis super fier de l’équipe, de ce que nous avons fait et montré.

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“Je vieillis!”

Après les Jeux, votre club de Lattes-Montpellier réalise un excellent début de saison, se classant deuxième du championnat…

En équipe, ça se passe bien. Après, je ne vais pas non plus mentir. J’ai vécu une première partie de saison pas si facile. Le retour à la réalité a été un peu dur, physiquement mais surtout mentalement. Je ne me sentais pas à l’aise et je n’étais pas au niveau que je voulais avoir lors des premiers matches. C’était un peu difficile. J’ai dû verbaliser des choses, parler à certaines personnes… Cela m’aide aussi à me remettre sur le bon chemin. Mais ce qui est bien, c’est que même si je n’étais pas satisfait de ma performance, l’équipe gagnait, donc c’est tout ce qui compte. Mais il est aussi important de souligner que, malgré ce que j’ai vécu cet été, c’est parfois difficile. Il ne faut pas croire que tout est beau, tout rose. En tout cas, collectivement, ça se passe bien et je suis super content.

L’opinion des gens a-t-elle changé depuis votre médaille ?

Je n’y prête pas forcément attention. Les adversaires me connaissent. Je suis dans la Ligue depuis un moment, et je vieillis ! Je ne pense pas que cela change sur le terrain. Ce sont surtout les gens à proximité qui nous félicitent après les matchs et me remercient pour les émotions et ce qu’on a fait pour le basket français. Il y a toujours eu des enfants qui demandaient des autographes, mais il y a aussi de nombreux parents qui me remercient et me félicitent maintenant. On se rend compte de l’enthousiasme que cela aurait pu développer.

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Cela vous a-t-il surpris ?

Je suis conscient que le sport est suivi en France. Ces Jeux ont été un tel succès que je ne suis pas surpris que les gens nous regardent et nous remercient. Je ne suis pas surpris, mais je suis heureux et fier de ce public français. Il a répondu.

“Petite fille, j’étais pleine de vie et de rêves”

Ces Jeux sont-ils l’un des meilleurs souvenirs de votre vie ?

Oui ! Cela a été plus qu’incroyable. Les Jeux sont fondamentalement quelque chose d’unique. Les vivre chez soi, entouré de ses proches, avec un public incroyable et des salles pleines à chaque fois, c’était évidemment un régal. Cela restera le principal souvenir de ma carrière, c’est sûr. La médaille est chaleureuse, dans sa belle boîte. Il est exposé à la maison. Parfois, je passe devant et je pense que c’est réel. C’est bien d’avoir ramené ça à la maison, parce qu’on a quelque chose de matériel, sinon ce ne sont que des souvenirs. C’est cool, et elle est magnifique aussi.

Romane Bernieès, entourée de ses proches. / Instagram Romane Bernies

Vous êtes la première Lot-et-Garonnaise de l’histoire à être médaillée aux Jeux. Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Je n’ai pas vraiment les mots pour le décrire. Je pense surtout à mes proches que j’espère avoir rendus fiers. Ils aiment le sport. Petite fille, j’étais pleine de vie et de rêves. Je faisais du sport à gauche et à droite. Ils peuvent en témoigner. Ces Jeux étaient un doux rêve que cette petite fille n’aurait jamais imaginé pouvoir réaliser, c’est donc une belle histoire et je suis tout simplement heureuse.

Que pouvons-nous vous souhaiter pour l’avenir ?

La santé déjà ! C’est la chose la plus importante pour rester en forme. La première étape pour moi serait de ramener un titre avec mon club. Ce serait une chose incroyable, parce que je le recherche depuis un moment. C’est tout aussi important qu’une médaille olympique. Cet été, on a aussi une autre échéance avec les Bleues (NDLR : le Championnat d’Europe). J’espère en faire partie et avoir la chance de continuer avec cette équipe. Chaque chose en son temps, mais ce sont les objectifs à moyen terme.

 
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