après un cancer du sein, un tatouage pour se reconstruire

après un cancer du sein, un tatouage pour se reconstruire
après un cancer du sein, un tatouage pour se reconstruire

Céline (prénom modifié pour garantir l’anonymat de la patiente) a été opérée d’un cancer du sein il y a un peu plus d’un an, en octobre 2023. Elle n’a désormais plus de mamelon sur son sein gauche et l’opération lui a laissé des cicatrices. En surfant sur les réseaux sociaux, elle découvre Sophie Brossard, qui a ouvert à l’été 2024 un cabinet de dermographie au sein de la polyclinique Inkermann. Une activité méconnue, émergente dans les Deux-Sèvres, les cabinets les plus proches étant situés à La Rochelle, Nantes ou Bordeaux.

Cela permet de retrouver la féminité, cela aide à se reconstruire et à avancer.

Céline

Céline n’a donc pas hésité et a entamé les démarches pour que Sophie Brossard lui crée une aréole mammaire en 3D, en “trompe l’oeil” comme le dit le professionnel de la santé. Ce sera bientôt chose faite. Et Céline est ravie. “La 3D est incroyable”dit le quadragénaire. Il ne s’agit pas seulement de « cacher » des cicatrices. Il s’agit d’une étape importante dans le parcours post-cancer. « Ça permet de retrouver la féminité, ça aide à se reconstruire et à avancer. »

Lors de la première rencontre avec le professionnel de santé, il y a d’abord un moment d’échange, notamment autour des traitements en cours, pour s’assurer qu’il n’y a pas de contre-indications. Sophie Brossard propose ensuite une simulation en dessinant au pinceau sur le sein pour voir si cela convient à la patiente. «Ça permet de se projeter»avant de décider si le tatouage sera permanent (avec des encres de tatouage) ou temporaire (d’une durée d’environ deux ans, avec des produits naturels).

Céline est rentrée chez elle après cette simulation. «J’ai pu le montrer à mon mari»elle raconte. Elle évoque alors un sujet encore tabou : la sexualité après le cancer. « Il faut trouver une alternative au geste, à la tendresse. Il faut être ingénieux ! »explique-t-elle, car elle n’a plus de sensation au niveau du sein et du bras gauches.

Un premier rendez-vous permet à Sophie Brossard de montrer à la patiente sa future aréole mammaire.
© Photo NR

Technicien en mammographie depuis dix-huit ans

Sophie Brossard a dix-huit ans d’expérience en tant que technicienne en mammographie au centre d’imagerie Burgonce à Niort. De par son métier, elle est évidemment très sensible au cancer du sein. « Un jour, j’ai vu une aréole mammaire chez une de mes patientes et je me suis renseignée pour devenir dermographe »dit-elle. Elle a suivi une formation théorique et pratique à Bordeaux. Elle a également acquis de l’expérience auprès des tatoueurs basés à Saint-Maixent-l’École. « J’ai aussi suivi une formation complémentaire en maquillage permanent des sourcils, lorsque les patients les perdent avec la chimio »ajoute-t-elle. Enfin, elle perfectionne ses compétences en techniques de colorimétrie, afin de pouvoir créer les aréoles mammaires les plus naturelles.

La dermographie réparatrice peut être permanente (avec de l’encre de tatoueur) ou temporaire (avec des produits naturels).
© Photo NR

Sophie Brossard a conservé son poste de technicienne en mammographie. Elle ouvre son cabinet de dermatographie les vendredis et samedis. En plus des aréoles mammaires, elle réalise également des tatouages ​​artistiques et des colorations cutanées sur les cicatrices.

Sophie Brossard, cabinet de dermographie à la polyclinique Inkermann : 06.29.64.72.75 ; [email protected] encredesoi.com.

Et le remboursement ?

Le sénateur Philippe Mouiller s’est saisi d’un projet de loi visant à mieux prendre en charge les frais spécifiques liés au cancer du sein, dont notamment la dermographie. Actuellement, seuls les infirmiers, dermatologues ou chirurgiens formés en dermographie peuvent assurer le remboursement de leurs patients. Cela exclut d’autres professionnels de la santé, comme c’est le cas de Sophie Brossard, qui a pourtant suivi une formation spécifique.

Une aréole mammaire reconstructive coûte environ 400 €. Pour que ses patients n’aient pas à payer la totalité de la prestation, Sophie Brossard fait appel au parrainage des mutuelles, de l’association Les PrinSEINses et dispose encore « d’une petite enveloppe » de la CPAM.

Si Céline a pu obtenir un coup de main, il lui restait encore une part à assumer : « C’est une somme, je mets un peu de côté chaque mois. Mais c’est un investissement dans son bien-être. » « C’est thérapeutique, ajoute Sophie Brossard.

 
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