Souvenez-vous, c’était entre mi-janvier et mi-février, des milliers d’agriculteurs, syndiqués ou non, abandonnaient les champs pour l’asphalte et inondaient nos écrans, nos radios, nos journaux, nos réseaux. Les paroles libérées dressent le portrait d’une profession appauvrie, dévalorisée, discréditée, espionnée, harcelée, alors qu’elle lutte 70 à 80 heures par semaine pour nourrir 68 millions de Français trois fois par jour, pour pas très cher et assez bon. , pour ne pas dire pas cher du tout et très bon. Malgré le recul de la profession, quelques milliers de tracteurs rappellent à nos dirigeants et à nos compatriotes que les agriculteurs ont toujours la clé du frigo et du restaurant. Et que leur combat, provisoirement transféré sur le bitume, n’est pas seulement leur raison d’être, mais une cause noble et juste au service de la Nation tout entière.
Aucun secteur n’est épargné
Et pourtant, ils n’avaient pas tout vu. A l’approche de l’été, les premières batteuses laissent présager une récolte catastrophique, avec des réductions voire des baisses de rendement touchant plus ou moins toutes les espèces. A la fin de l’été, ce sont les machines à vendanger qui grattent le secteur, aux prises avec la récolte la plus faible depuis 1945. Face à un enchaînement critique d’aléas climatiques, de bouleversements géopolitiques imprévisibles et de déconsommation croissante, la filière vitivinicole s’enfonce dans une crise. avec des impacts économiques et socioculturels insondables. Et il y a fort à parier que l’arrachage subventionné fera office de cataplasme contre la gueule de bois. Dans le secteur de l’élevage, ce sont les maladies vectorielles, FCO et MHE, qui fragilisent les filières bovine et ovine qui n’en avaient pas tant besoin. Dans ce jeu de massacre où le changement climatique est au premier plan, le secteur laitier est l’un des rares à se démarquer. Jusqu’à ce que Lactalis annonce, en septembre, sa décision de réduire sa collecte domestique de près de 9 % d’ici 2030.
Du militantisme à l’errance politique
Au cours de cette année, le gouvernement sera lancé dans une course au rattrapage à tout prix en termes de reconnaissance, de reconsidération, de revalorisation, de régénération, de libéralisation, de non-surtransposition, etc. Ils seront consignés dans 70 engagements, dont certains sont inclus dans le projet de loi d’orientation agricole adopté le 28 mai par l’Assemblée nationale. Hélas, la dissolution au soir des élections européennes entraîne la France dans une errance politique dont on voit mal l’issue mais pas les dégâts et l’agriculture, promise à être reconnue comme étant d’« un intérêt général majeur de la Nation française ». , attendra. Dernier avatar en date : la censure et la chute du gouvernement de Michel Barnier, qui prive le secteur de 400 millions d’euros de subventions sociales et fiscales. Deux jours plus tard, le 6 décembre, le coup final est porté par le président de la Commission européenne qui achève le traité de libre-échange entre l’UE et le Mercosur. Un rayon de soleil ? Eh bien non. La veille de Noël, Météo-France décrivait 2024 comme l’année la moins ensoleillée depuis 30 ans. Il reste encore quelques jours.