Au total, “1.534 détenus se sont évadés de la prison de haute sécurité” située à une quinzaine de kilomètres de la capitale, a confirmé dans la soirée Bernardino Rafael, chef de la police nationale, lors d’une conférence de presse. Parmi les évadés, 33 ont été tués et quinze blessés lors des affrontements qui ont suivi avec le personnel pénitentiaire, a-t-il précisé. Des opérations de recherche ultérieures, appuyées par l’armée, ont permis d’arrêter quelque 150 de ces fugitifs. Parmi les prisonniers évadés figurent une trentaine de détenus liés à des groupes armés jihadistes qui sèment la terreur depuis sept ans dans la province septentrionale de Cabo Delgado. “Nous sommes particulièrement préoccupés par cette situation”, a commenté le préfet de police.
« Justice électorale ». Malgré les irrégularités relevées par plusieurs observateurs lors des élections du 9 octobre, le Conseil constitutionnel a confirmé lundi que le candidat du Frelimo, parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1975, avait remporté l’élection présidentielle avec 65,17 % des voix. L’opposition, emmenée par un ancien commentateur charismatique de télévision caché à l’étranger, Venancio Mondlane, réclame une « justice électorale », appelant à des manifestations pour dénoncer cette élection « volée ». Beaucoup des 33 millions d’habitants de ce pays africain lusophone comptaient sur ces élections pour tourner la page du Frelimo, mais la durée du mouvement de contestation a surpris les observateurs, dans un pays encore hanté par la guerre civile (1975-1992).
Mercredi, des groupes de manifestants se sont approchés de la prison centrale et ont créé confusion et bruit, provoquant des troubles au sein de la prison où les détenus ont fini par briser un mur par lequel ils se sont évadés, a-t-il expliqué. Des barricades restaient érigées mercredi dans plusieurs quartiers de la capitale, filtrant les rares véhicules tentant de circuler, et les actes de vandalisme se poursuivaient. Outre les commerces et bâtiments publics déjà saccagés depuis lundi, plusieurs ambulances ont été incendiées ainsi qu’un dépôt de médicaments et d’autres commerces locaux, a constaté un correspondant de l’AFP. Certains manifestants avaient installé des tables dans la rue, pour continuer à occuper les terrains tout en célébrant Noël en famille ou avec leurs voisins, a constaté l’AFP dans plusieurs quartiers populaires de Maputo.
Armes. Certains habitants se sont aventurés dehors pour essayer d’acheter de la nourriture et des boissons, mais de nombreux supermarchés ont été vandalisés et seules quelques épiceries locales ont timidement rouvert leurs portes pendant quelques heures. Deux mois de manifestations, grèves et blocus ont déjà coûté la vie à au moins 150 personnes, selon plusieurs rapports croisés d’ONG. Le gouvernement mozambicain a annoncé mardi soir un bilan de 21 morts, dont deux policiers, en seulement 24 heures. Il n’a pas fourni d’évaluation pour mercredi.
Le ministre de l’Intérieur Pascoal Ronda a également recensé 236 « actes de violence graves » entre lundi soir et mardi soir. Il a précisé que “des groupes d’hommes armés d’armes blanches et d’armes à feu avaient déjà mené des attaques” contre onze commissariats ainsi qu’une prison, d’où s’étaient évadés mardi 86 détenus. Le chef de la police a déclaré mercredi soir craindre que ces fugitifs ne se regroupent avec d’autres criminels, ce qui pourrait aggraver l’insécurité dans les prochains jours au Mozambique.
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