Vidéo d’une attaque contre un sanctuaire

(Damas) Des milliers de Syriens de la minorité alaouite dont est issu le président déchu Bachar al-Assad ont manifesté mercredi dans plusieurs villes de Syrie après une vidéo montrant une attaque contre l’un de leurs sanctuaires, une ONG faisant état d’un manifestant abattu.


Publié à 8h08

Mis à jour à 15h23

Le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, Rami Abdel Rahmane, a déclaré qu’« un manifestant a été tué et cinq autres blessés après que les forces de sécurité à Homs (Centre) ont ouvert le feu pour disperser les manifestants. manifestants. »

Il s’agit des premières manifestations des Alaouites depuis le renversement de M. Assad par une coalition de rebelles dirigée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), entré le 8 décembre à Damas après s’en être emparé en 11 jours d’une grande partie du pays. pays.

Selon des témoins et l’OSDH, des milliers de Syriens ont également manifesté à Tartous, Banias, Jableh et Lattaquié, dans l’ouest du pays, où la communauté alaouite, branche de l’islam chiite, est très implantée.

A Homs, la police a décrété un couvre-feu nocturne jusqu’à 8 heures du matin (00 heures du matin, heure de l’Est), selon l’agence officielle SANA. Les autorités de Jableh ont également annoncé un couvre-feu nocturne.

La colère des Alaouites a éclaté après une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montrant « une attaque de combattants » contre un sanctuaire dans le quartier de Maysaloon, à Alep (Nord), deuxième ville de Syrie, selon l’OSDH. Cinq employés du sanctuaire incendié sont morts, selon l’ONG.

« Semer la zizanie »

A Damas, le ministère de l’Intérieur a assuré que la vidéo était « ancienne » et datait de la prise d’Alep par les rebelles le 1est Décembre.

“Le but de faire circuler à nouveau de telles images est de semer la discorde au sein du peuple syrien. […] », a-t-il ajouté, accusant des « groupes inconnus » de l’attaque.

Les nouvelles autorités ont multiplié les gestes d’assurance envers toutes les minorités dans un pays traumatisé par la guerre.

A Jableh, les manifestants ont scandé « Alaouites, sunnites, nous voulons la paix », a déclaré un manifestant, Ali Daoud, appelant à « punir les assaillants ».

Les images montraient une foule marchant dans la rue, agitant le drapeau rebelle de l’époque de l’indépendance.

“Non à l’incendie des lieux saints et à la discrimination religieuse, non au sectarisme, oui à une Syrie libre”, pouvait-on lire sur une pancarte.

A Lattaquié, les manifestants ont dénoncé « des violations contre la communauté alaouite, selon Ghidak Mayya, une manifestante de 30 ans. Pour l’instant on écoute les appels au calme […]. Mais la situation pourrait exploser. »

Après la fuite de Bachar al-Assad vers Moscou à la suite de l’offensive rebelle, les membres de la minorité alaouite ont salué sa chute mais ont déclaré craindre une marginalisation, ou pire, des représailles.

Selon le politologue Fabrice Balanche, « les Alaouites étaient très proches du régime de Bachar », dont ils constituaient la « garde prétorienne ». Il estime leur nombre à 1,7 million aujourd’hui, soit environ 9 % de la population.

Un nouveau charnier ?

Par ailleurs, un sauveteur des Casques blancs et un militant ont indiqué avoir découvert un probable charnier contenant les ossements de détenus emprisonnés par l’ancien gouvernement ou de combattants tués pendant le conflit.

PHOTO SAMEER AL-DOUMY, AGENCE -

Des personnes manifestent devant la prison d’Adra pour exiger la libération des membres de leur famille, dans la ville syrienne d’Adra, dans la banlieue nord-est de Damas, le 25 décembre 2024.

Une équipe de l’AFP a vu des fosses alignées les unes à côté des autres dans un terrain vague à une trentaine de kilomètres au nord-est de Damas, formant une tranchée de plus d’un mètre de profondeur.

Plusieurs sacs étaient visibles dans une fosse. Dans l’une d’entre elles, un journaliste de l’AFP a vu un crâne et des os humains.

« Nous pensons que c’est une fosse commune. Nous avons trouvé un coffre-fort ouvert avec sept sacs remplis d’os”, a déclaré le secouriste Abdel Rahmane Mawas.

Le sort de dizaines de milliers de prisonniers et de personnes disparues constitue l’un des aspects les plus douloureux du drame syrien, dans un pays exsangue après 13 ans d’une guerre dévastatrice, déclenchée en 2011 par la répression brutale des manifestations pro-démocratie, et qui causé plus de 500 000 morts.

Destruction des drogues

Sur un autre plan, les nouvelles autorités ont incendié à Damas des stocks de cannabis, des boîtes de Tramadol et une cinquantaine de petits sachets contenant un million de pilules de captagon, une amphétamine produite à l’échelle industrielle sous Assad, selon deux membres des forces de sécurité.

PHOTO OMAR HAJ KADOUR, AGENCE -

Un homme regarde un tas de drogues illicites brûler à Damas, en Syrie, le 25 décembre 2024.

Le pouvoir déchu était connu pour produire du captagon, transformant son pays en narco-État et inondant les marchés du Moyen-Orient.

 
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