De l’envoyé spécial de l’APS, Ousmane Ibrahima Dia
Ziguinchor, 23 déc (APS) – L’État du Sénégal s’est engagé, avec l’aide de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à développer son potentiel ostréicole en mettant l’accent sur la sécurité des huîtres, dans le cadre des Normes et Fonds de développement du commerce (STDF).
Le renforcement de la filière conchylicole au Sénégal à travers le respect des normes sanitaires et phytosanitaires vise à « favoriser la sécurité sanitaire des coquillages et leur accès aux marchés régionaux et internationaux ». L’initiative stimulera la consommation d’huîtres fraîches et augmentera les revenus des producteurs.
Au Sénégal, la production ostréicole est d’environ 16 000 tonnes par an, la superficie des mangroves, ces espaces naturels de reproduction ostréicole, étant estimée à 300 000 hectares.
Le Sénégal exporte 200 000 tonnes de produits de la pêche par an vers l’UE
En avril 2023, lors de la célébration de la Journée nationale de l’huître, le directeur des industries de transformation de la pêche, Abdoulaye Diouf, a indiqué que le Sénégal cherchait à obtenir l’autorisation lui permettant d’exporter ses produits ostréicoles. vers les pays de l’Union européenne (UE).
« Le Sénégal travaille […] en ce sens avec l’aide de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, ainsi que d’autres partenaires. Nous osons espérer qu’à l’horizon 2025 le Sénégal disposera d’un dossier répondant aux exigences du marché de l’UE”, a déclaré M. Diouf à plusieurs médias dont l’APS, en marge de la célébration de la Fête nationale de l’huître.
Dr Mamadou Ndiaye, coordinateur sous-régional du projet STDF à la FAO
“L’huître est un produit de la pêche très recherché en Europe, d’où la nécessité de réfléchir aux possibilités pour le Sénégal de répondre aux exigences et normes de qualité du marché européen”, a-t-il ajouté, estimant que les exportations vers l’Europe généreront des exportations supplémentaires. valeur pour le Sénégal.
Selon le directeur des industries de transformation de la pêche, les huîtres ne font pas encore partie des produits de la pêche (crustacés, poissons, etc.) exportés par le Sénégal vers l’Europe.
“Le Sénégal exporte annuellement vers l’UE un volume de 200 000 tonnes de produits de la pêche, pour un chiffre d’affaires d’environ 200 milliards de francs CFA”, a-t-il précisé.
Le projet, qui vise à promouvoir la sécurité sanitaire des coquillages et leur accès aux marchés régionaux et internationaux, est mis en œuvre par la FAO et le gouvernement du Sénégal, avec le soutien du STDF., un fonds de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Son objectif est d’améliorer la valorisation des coquillages, de les rendre plus sains et comestibles, et de favoriser leur exportation vers des marchés rémunérateurs en les mettant aux normes sanitaires et phytosanitaires.
Les crustacés peuvent être « très dangereux pour les consommateurs »
Le budget total estimé du projet s’élève à 854 518 dollars américains (environ 539 millions de francs CFA), dont 756 408 (environ 477 millions de francs CFA) financés par le projet STDF.
Depuis janvier 2024, des échantillons mensuels sont prélevés sur 50 sites de production répartis dans les régions de Saint-Louis, Louga (nord), Thiès (ouest), Fatick, Kaolack (centre), Kolda, Sédhiou et Ziguinchor (sud), pour analyses. améliorer l’exploitation des coquillages et leur exportation vers des marchés avantageux.
”En 1996, le système d’inspection et de certification des produits de la pêche au Sénégal a été jugé conforme aux exigences internationales, notamment celles de l’UE. Cette situation a offert une ouverture sur le marché international pour tous les produits de la pêche, en particulier les céphalopodes, les poissons et les crustacés”, a rappelé le Dr Mamadou Ndiaye, coordinateur sous-régional du projet à la FAO.
Toutefois, “ces produits aquacoles en général et les coquillages n’en faisaient pas partie”, a-t-il précisé dans un entretien avec des journalistes, lors d’une mission d’enquête et de collecte d’informations sur les sites conchylicoles (les sites sur lesquels se pratique la conchyliculture). et vulgarisation des activités du projet dans les régions de Sédhiou et Ziguinchor.
Un tableau de classification des zones aquacoles disponible à partir de janvier 2025
”Ces produits, a noté le Dr Ndiaye, ont la particularité biologique de filtrer l’eau dans laquelle ils vivent pour se nourrir. De ce fait, lorsque le plan d’eau est contaminé, les coquillages sont contaminés et deviennent très dangereux pour les consommateurs, surtout s’ils les consomment crus.” D’où la nécessité d’effectuer une surveillance sanitaire des plans d’eau pour garantir la sécurité. des coquillages.
“C’est ainsi que le Sénégal a demandé au STDF de financer la mise en œuvre du plan de surveillance”, a expliqué le Dr Ndiaye.
Ce suivi est assuré par la FAO, l’Agence nationale de l’aquaculture et la Direction des industries de transformation des pêches, chargée de l’inspection et de la certification des produits de la pêche destinés à l’exportation.
« Il y a eu des sessions de formation des agents pour s’assurer que les prélèvements étaient effectués dans de bonnes conditions. Les échantillons sont ensuite étudiés par le Laboratoire National d’Analyses et de Contrôle du Ministère de l’Industrie et du Commerce, selon la norme 17025”, a expliqué Dr Mamadou Ndiaye.
La surveillance des plans d’eau a débuté en janvier 2024, et les équipes de la FAO devraient, d’ici janvier 2025, disposer de tous les résultats pour classer les zones aquacoles.
L’appui de la FAO permet au Sénégal de s’assurer de la bonne qualité de ses produits avant de les mettre sur le marché, selon le Dr Ndiaye.
A la formation s’ajoute le respect des bonnes pratiques, l’Initiative de pêche côtière, FISH4ACP, dont le but est de promouvoir le potentiel de la pêche et de l’aquaculture, selon le coordinateur sous-régional du projet à la FAO.
L’ostréiculture, source d’emplois
Au Sénégal, la filière conchylicole est également prise en compte. Son potentiel est énorme, selon le Dr Mamadou Ndiaye.
”La récolte suffira à elle seule à satisfaire les besoins du marché […] Si nous parvenons à répondre aux exigences de qualité, nous pourrons satisfaire les exigences des hôtels et des restaurants qui, aujourd’hui, importent ces denrées alimentaires parce qu’ils sont attentifs à la qualité”, a-t-il souligné.
« Beaucoup de femmes travaillent dans ce secteur. Les marchés bénéficieront aux femmes et aux jeunes lorsqu’ils seront ouverts. Un engagement important des parties prenantes a été noté. Le projet FISH4ACP a permis l’organisation des acteurs. Ce sera certainement un cadre de coopération et de relations qui permettra à l’État et aux partenaires, dont la FAO, d’accompagner facilement les parties prenantes. Il y a eu un engagement fort de l’État, qui a été à l’origine de cet appui de la FAO et du STDF de l’OMC”, a noté Dr Mamadou Ndiaye.
Il rappelle qu’il y a eu de nombreuses initiatives visant à accompagner les ostréiculteurs, notamment dans le centre du pays, pour améliorer les conditions et les techniques de production.
”Mais, jusqu’à maintenant […]les hôtels et grands restaurants sont réticents à acquérir une production artisanale, car ils n’ont pas la garantie de la qualité sanitaire des produits. Le projet STDF répond donc à une question extrêmement importante : la capacité de l’État à certifier la qualité sanitaire des coquillages. Nous travaillons là-dessus. Il s’agit d’un levier extrêmement important pour la promotion du secteur », a expliqué le coordonnateur sous-régional du projet.
”Lorsque nous parviendrons à certifier la qualité sanitaire des produits, l’ensemble du marché local, hôtels et restaurants, sera satisfait. Même les produits transformés auront une meilleure garantie de la qualité sanitaire des huîtres, car ils seront certifiés par l’autorité. Nous pouvons nous ouvrir au marché international. Aujourd’hui, il existe de nombreuses perspectives européennes, asiatiques et même américaines.
Les femmes travaillent principalement dans la transformation artisanale. Un travail acharné, qui rapporte peu. L’Etat et ses partenaires se sont engagés dans une démarche de valorisation du potentiel ostréicole en mettant l’accent sur la sécurité sanitaire des huîtres, selon le Dr Mamadou Ndiaye.
Transformation artisanale : les femmes en première ligne
« Nous avons été dans les zones de production. Nous avons vu la pénibilité des activités de transformation. En termes de rendement, il faut 70 kilos d’huîtres fraîches transformées pour avoir un kilo de produits séchés. Et le prix au kilo atteint à peine 5 000 francs CFA. Cependant, si nous parvenons à garantir la qualité sanitaire du produit, nous pouvons le vendre à l’état brut. De ce fait, vous pouvez valablement en vendre une douzaine pour 5 000 francs CFA. Et on passe de 1 x 5 000 à 70 x 5 000 francs CFA. La marge en termes de développement et d’amélioration des revenus est extrêmement importante”, a analysé Dr Ndiaye.
« Travailler sur la certification des produits, c’est travailler à multiplier par 70 les revenus des acteurs du secteur, dont 80 % sont des femmes. Nous voyons clairement les répercussions sociales que cela aura», a-t-il ajouté.
OID/ADL/MTN/FSE