Le Parti du progrès et du socialisme (PPS), par la voix de son secrétaire général, Nabil Benabdallaha attaqué l’action du gouvernement. Lors de la cinquième séance du comité central du parti, tenue dimanche dernier, celui-ci a présenté un rapport accablant, soulignant les lacunes du politiques publiques et les multiples échecs de l’Exécutif, qu’il accuse d’aggraver encore les inégalités sociales et économiques dans le pays.
Le leader du Parti du Livre a commencé son discours en critiquant vivement le récent remaniement ministériel. Il a déclaré que « le gouvernement s’est contenté d’un simple remaniement, sans procéder à une réforme en profondeur du contenu des politiques menées ». Le responsable a ajouté que ce remaniement a suscité « des inquiétudes croissantes au sein de l’opinion publique nationale quant à l’avenir des services publics et aux risques croissants de conflits d’intérêts ». En ce sens, il a souligné les nombreuses questions soulevées par ces changements, notamment concernant la capacité de certains nouveaux ministres à assumer des responsabilités aussi importantes.
La Chambre des représentants a adopté vendredi dernier le projet de loi de finances 2025 dans un climat plutôt tendu, avec 171 voix pour, 56 contre et une abstention. L’opposition, emmenée par l’USFP, le PJD et le PPS, a mené une bataille acharnée, en commissions et en plénière, contre un texte qui, selon elle, ne répond pas aux attentes sociales des Marocains. Les trois partis politiques ont détaillé leurs doléances lors d’une séance plénière houleuse, pointant notamment le déséquilibre institutionnel, la marginalisation de l’opposition et l’insuffisance des mesures sociales. Au cœur de leurs critiques : l’incapacité du gouvernement à répondre aux défis liés à la préservation du pouvoir d’achat et à la promotion de l’emploi, dans un contexte marqué par des tensions sociales croissantes.
Le PPS dénonce le mépris du gouvernement pour les voix de l’opposition
Le secrétaire général a également dénoncé l’attitude persistante du gouvernement, l’accusant de continuer à afficher son « mépris habituel en ignorant toute voix opposée ». Il a fustigé le recours à un discours marqué par « une satisfaction excessive et une complaisance », tout en négligeant, selon lui, « la souffrance des Marocains et la dégradation de leurs conditions sociales ». Le même responsable a également fait part de son inquiétude concernant « les difficultés auxquelles est confrontée l’entreprise marocaine », déplorant l’absence de mesures concrètes pour y remédier.
Lors de son discours, le leader du Parti du Livre n’a pas manqué de pointer également la faible stratégie de communication du gouvernement, dénonçant ainsi une « absence politique retentissante du gouvernement », doublée d’un « faible engagement de communication ». Il a également fustigé l’incapacité de l’Exécutif à anticiper les tensions sociales et la lenteur dans leur gestion. Prenant l’exemple de la crise du secteur éducatif, il a évoqué celle des Facultés de Médecine et de Pharmacie, qui s’est poursuivie tout au long de l’année académique. “Une situation qui a généré des répercussions négatives dont il est difficile de se remettre”, a-t-il souligné, soulignant les carences de l’action gouvernementale dans des secteurs clés.
Hausse des prix et choix économiques contestés
Sur une autre note, Nabil Benabdallah a critiqué ce qu’il a décrit comme « une hausse vertigineuse des prix face à des mesures gouvernementales sélectives ou à impact limité ». Il a particulièrement critiqué le projet de loi de Finances, qu’il a qualifié de “quatrième du genre à perpétuer des politiques et des choix économiques antérieurs, déjà utilisés et inefficaces”, incapable, selon lui, de répondre aux défis posés par la montée de la pauvreté, l’érosion du pouvoir d’achat et des difficultés des entreprises marocaines, étouffées par les pressions économiques.
Aborder l’aspect relatif à hydrocarbures soulevé par le rapport, l’homme politique a vivement critiqué le « refus obstiné du gouvernement de relancer l’activité de la raffinerie de Samir », soulignant son rôle stratégique dans la réduction de la facture énergétique, le stockage et le raffinage, ainsi que dans la garantie de la souveraineté énergétique du pays. Il a précisé qu’en raison de cet entêtement gouvernemental, le Maroc a importé environ 153 milliards de dirhams de produits énergétiques en 2022, et près de 122 milliards de dirhams en 2023. Dans le même temps, le numéro 1 du parti PPS a tenu à dénoncer « la hausse excessive des prix des produits et services de consommation», qu’il considère comme le principal facteur ayant poussé 3,2 millions de Marocains à tomber sous le seuil de pauvreté et précarité. Une situation qu’il attribue au manque de politiques gouvernementales efficaces pour protéger les citoyens les plus vulnérables.
Le PPS critique sévèrement les carences de l’action gouvernementale
Par ailleurs, cherchant à mettre en lumière les « nombreuses failles » du gouvernement actuel, le secrétaire général du Parti du Livre a critiqué sans résultat le soutien accordé à plusieurs catégories de professionnels, relevant en ce sens que les 8,6 milliards de dirhams alloués aux transporteurs et les 13 milliards destiné aux importateurs de bovins et d’ovins n’a finalement eu « aucun impact positif significatif sur le pouvoir d’achat des Marocains ». L’homme politique a également dénoncé l’incapacité du gouvernement à exercer un contrôle efficace sur les marchés, à lutter contre la spéculation et les monopoles, ainsi qu’à plafonner les prix du diesel et de l’essence.
Emploi et dépendance à l’endettement
Evoquant le taux d’employabilité, Nabil Benabdallah a également critiqué la hausse sans précédent du chômage, la qualifiant de « point le plus sombre des échecs économiques du gouvernement ». Faisant référence aux chiffres prévus dans le rapport du Politburo, l’homme politique a rappelé que le nombre de chômeurs a dépassé 1,6 million, portant le taux de chômage à 13,6%, alors que le gouvernement avait promis de créer un million d’emplois.
Plus loin dans son discours et abordant les dysfonctionnements constatés dans le domaine économique, l’homme politique a exprimé son inquiétude face à la faillite de 27.000 entreprises entre 2021 et 2023, ainsi que la persistance d’une dépendance excessive à l’endettement et l’incapacité d’attirer suffisamment d’investissements privés. Il s’est également interrogé sur la transparence et la gouvernance des projets bénéficiant de diverses formes de soutien, craignant qu’ils ne deviennent « des foyers de rentes et de conflits d’intérêts ».
Une gestion controversée des aides sociales directes et de la couverture médicale
Sur le plan social, le parti a critiqué l’incapacité du gouvernement à encourager les professionnels indépendants et les travailleurs indépendants à adhérer au projet de couverture médicale. Selon le rapport, 8,5 millions de Marocains restent exclus de ce programme essentiel, tandis que des seuils jugés « injustes » imposent des cotisations aux familles incapables de les payer. Le PPS accuse également le gouvernement de tenter de réduire les coûts réels de l’aide sociale directe en adoptant des critères d’exclusion « insensés », privant ainsi des milliers de familles de cette aide. Il a également dénoncé l’interruption de cette aide pour certaines familles après seulement quelques mois, ainsi que l’abandon de l’engagement d’instaurer un « revenu dignité » pour les personnes âgées et la suppression des anciens programmes sociaux sous prétexte de rationalisation.
« Si le gouvernement se contente de distribuer une aide directe, souvent limitée à 500 dirhams, environ 4 millions de ménages bénéficient de ce soutien, cela signifie que 14 à 15 millions de Marocains vivent sans aucune source de revenus indépendante, en dessous du seuil de pauvreté. Cette situation est un indicateur sérieux de l’aggravation de la pauvreté sous l’actuel exécutif. Il est également important de souligner l’absence de réponses claires de la part du gouvernement sur la manière dont il compte mener à bien sa mission d’intégration sociale et économique de ces millions de citoyens, et les sortir de leur situation précaire. », note M. Benabdallah.
En conclusion, le Parti du Progrès et du Socialisme a mis en garde contre le creusement inquiétant des inégalités et de la précarité sous le gouvernement actuel. Nabil Benabdallah a appelé à cet égard à une refonte en profondeur des politiques publiques, soulignant l’urgence d’agir pour protéger les citoyens les plus vulnérables et assurer un développement socio-économique équitable. A ses yeux, le statu quo ne peut plus perdurer face aux défis croissants auxquels est confronté le Maroc.