Le chef de police par intérim d’Akwesasne, Ranatiiostha Swamp, a l’impression que la communauté mohawk a été oubliée dans le plan fédéral de sécurisation de la frontière canado-américaine, annoncé mardi dernier, alors que le territoire dont il a la responsabilité est l’un des plus utilisés. par des criminels pour effectuer des traversées illégales vers les États-Unis.
Le gouvernement Trudeau est engagé dans une course contre la montre pour échapper aux tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens que le président américain élu Donald Trump envisage d’imposer si, selon sa lecture de la situation, le Canada ne met pas fin au trafic de drogue. le fentanyl et l’entrée de migrants illégaux aux États-Unis.
Ottawa a donc annoncé en grande pompe mardi une enveloppe de 1,3 milliard de dollars sur six ans pour sécuriser davantage la frontière canadienne avec les États-Unis, mais M. Swamp déplore n’avoir reçu ni appel ni courriel du gouvernement Trudeau pour s’enquérir de leurs besoins.
La situation des passages illégaux à des fins de trafic s’aggrave. On constate que de plus en plus d’organisations criminelles du Grand Toronto et du Grand Montréal passent par nous pour se rendre illégalement aux États-Unis.
dit le chef de la police.
Compte tenu de nos effectifs limités et de la taille de notre territoire, nous réalisons que nous ne sommes capables d’intercepter qu’un faible pourcentage du trafic illégal vers les États-Unis.
Ranatiiostha Swamp affirme avoir besoin de plus de ressources et de technologies, comme des caméras de surveillance, sur son territoire.
Photo : - / Benoit Gagnon
Dotée d’un mince budget annuel de 5 millions de dollars, le mandat principal de la force policière d’Akwesasne est d’assurer la sécurité d’une communauté d’environ 6 500 résidents. Cependant, la situation géographique de ce territoire mohawk pose des problèmes uniques en Amérique du Nord.
Répartition annuelle du financement de la police d’Akwesasne
Fédéral : 2,6 millions de dollars
Québec : 1,2 million de dollars
Ontario : 1,2 million $
Source : Ministère fédéral de la Sécurité publique
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Le territoire d’Akwesasne longe une partie étroite du fleuve Saint-Laurent qui permet aux groupes criminels de traverser illégalement la frontière, en moins de quelques minutes, pour rejoindre les États-Unis.
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Le territoire d’Akwesasne longe le fleuve Saint-Laurent et chevauche l’Ontario, le Québec et l’État de New York sur une distance de 37 kilomètres de berges. Les Mohawks qui y résident peuvent se rendre au Canada et aux États-Unis sans passer par un poste frontalier.
Au départ, notre mandat ne consiste pas à lutter contre les activités criminelles des groupes de trafiquants. Nous ne sommes qu’une petite police municipale. Cependant, la situation nous oblige à avoir les mêmes responsabilités que les grandes organisations policières comme le GRCle SQ et le OPP
explique le chef de la police mohawk.
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Akwesasne se trouve dans une situation unique en Amérique du Nord. En effet, les Mohawks qui y vivent peuvent se rendre au Canada et aux États-Unis sans passer par un poste frontalier.
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Il a été largement démontré dans le passé que la situation géographique d’Akwesasne en fait l’un des points de passage les plus utilisés par les groupes criminels.
La police mohawk réclame donc qu’une partie de l’enveloppe fédérale de 1,3 milliard de dollars sur six ans soit utilisée pour cinq objectifs principaux :
- ajouter une dizaine de policiers aux effectifs actuels de 43 policiers ;
- ajouter un troisième bateau pour patrouiller le fleuve Saint-Laurent;
- créer une escouade canine pour fouiller les bateaux et les véhicules ;
- créer un service d’enquête pour analyser les appareils intelligents saisis ;
- ajoutez des caméras et des drones le long de la frontière.
Le premier ministre François Legault a rappelé mercredi, sur le réseau X, que 80 % des arrestations liées aux passages illégaux ont eu lieu dans les secteurs d’Akwesasne et de Swanton, au Vermont, le long de la frontière québécoise.
Le gouvernement réclame des détails sur le plan de déploiement du gouvernement Trudeau, notamment concernant Akwesasne. Nous examinerons les demandes spécifiques une fois qu’elles nous seront envoyées. Or, nous demandons depuis plusieurs semaines que le plan fédéral de sécurité des frontières contienne des mesures spécifiques pour Akwesasne. Nous attendons toujours les détails de ce plan
a déclaré le cabinet du ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel.
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Six ressortissants indiens ont tenté d’entrer aux États-Unis via Akwesasne le 28 avril 2022. Leur bateau a toutefois chaviré. Leur passeur, Brian Lazore, a été condamné à cinq ans de prison.
Photo : Facebook / Facebook / CBP américain
Ranatiiostha Swamp n’est pas seulement le chef de la police d’Akwesasne mais aussi le soi-disant un gars du coin
. Il est né et a passé son enfance sur sa terre ancestrale.
En tant que chef de la police, il ne demande rien de moins que de contribuer aux efforts des services de police de tout le pays pour fermer la frontière aux groupes criminels.
Le trafic de drogue, d’armes et de migrants n’apporte aucun bénéfice collectif à ma communauté [personne ne s’enrichit avec ces activités illégales]. C’est juste une poignée d’individus qui en profitent au détriment de tous les autres. Je trouve dégoûtant de voir des groupes criminels dans les grands centres urbains profiter de nos terres pour s’enrichir sur nos dos.
insiste-t-il.
Le bureau du ministère fédéral de la Sécurité publique a refusé de commenter les allégations de la police mohawk d’Akwesasne malgré nos demandes répétées.