UCette pratique, lancée en juin 2024 dans la province du Henan et interdite en novembre, illustre bien l’évolution de la société chinoise. Les jeunes de Zhengzhou (capitale du Henan) ont commencé à se rendre, de nuit, et en vélo partagé, vers la ville historique de Kaifeng après un trajet de 50 kilomètres (en cinq heures) ; le retour s’effectuant par un autre moyen de transport. Seul objectif de cette épopée : manger une spécialité culinaire locale et faire quelque chose d’exceptionnel. La pratique s’est élargie pour atteindre des niveaux spectaculaires le 9 novembre, avec 100 000 cyclistes.
Ce succès est dû aux réseaux sociaux, mais aussi au soutien de l’office du tourisme de Kaifeng, des universités et des médias officiels, qui y voient un écho du discours officiel sur la jeunesse, selon lequel l’énergie des jeunes chinois est le moteur de le dynamisme de la société chinoise, et en particulier de son économie. Cependant, après les foules du 9 novembre, les autorités ont brusquement changé d’attitude : la pratique a été interdite, les universités ont empêché les étudiants de quitter le campus et deux sociétés de vélos en libre-service ont suspendu leurs activités.
L’arrêt des festivités n’est pas un acte de répression – on peut d’ailleurs imaginer que, dans n’importe quel pays démocratique, des mesures auraient été prises vu l’ampleur du phénomène – mais s’explique par l’évolution de l’opinion publique. Au début, les internautes étaient enthousiastes, et les quelques critiques du phénomène se moquaient. Un professeur de l’Université Huaqiao qui critiquait les étudiants a été vertement réprimandé par son université. Mais les internautes ont changé d’avis.
Inventivité sociale
Les perturbations des transports ont eu un énorme impact sur les réseaux sociaux. Les utilisateurs ont décrit un système de location de vélos tombant dans le chaos le plus complet : plus de vélos dans les rues de Zhengzhou et invasion dans celles de Kaifeng. De vifs débats ont eu lieu entre ceux qui mettaient en avant le dynamisme des étudiants et ceux qui n’y voyaient qu’une mode. A l’inverse, de nombreux internautes se sont prononcés contre le confinement des étudiants, cela leur a clairement rappelé de mauvais souvenirs.
Il vous reste 61,79% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.
Monde