Depuis plusieurs semaines, les adolescents d’Orvault sont pris pour cible. Inquiètes, les familles réclament davantage de sécurité. La police et la municipalité sont mobilisées.
Quatre jours après les faits, ce père de famille ne s’emporte pas. Mardi, son fils de 13 ans a été violemment agressé près de Nantes, alors qu’il sortait de l’école. Alors qu’il attendait son bus, deux jeunes l’ont obligé à les suivre à l’abri des regards. Le plaquant contre un mur, ils l’ont ensuite menacé avec un couteau et lui ont volé une veste et un chapeau de marque. Ils ne voulaient pas de son téléphone portable, qui n’était pas un iPhone… «Ils lui ont demandé de s’agenouiller, de danser et de s’excuser. Un complice filmait”raconte le Figarotoujours bouleversé, le père de la victime. La vidéo a été diffusée sur les réseaux. Son adolescente a également été frappée et giflée. Il a reçu une ITT de cinq jours et une plainte a été déposée. « C’est dégoûtant et le problème est que cela peut se reproduire. Cela se répète encore. Ils opèrent en gang, ils savent où ils vont, où les adolescents ont une marque.»témoigne-t-il, toujours choqué.
Cette scène s’est déroulée près de l’arrêt de bus Morlière, à Orvault, commune de 27 000 habitants. Ce cas n’est malheureusement pas isolé. Une pétition mise en ligne le 22 novembre intitulée « Renforcer la sécurité autour de l’arrêt Orvault Morlière », signée par plus de 300 personnes, indique « racket ou tentative de racket et menaces de bandes organisées, y compris à coups de couteau ».
Un individu arrêté
« Plusieurs incidents de vols violents ont été enregistrés par la direction interministérielle de la police nationale ces dernières semaines sur la commune d’Orvault, notamment à proximité de l’avenue de la Morlière »confirme la préfecture de Loire-Atlantique. Un auteur individuel a été arrêté. « L’enquête se poursuit pour identifier d’éventuels autres auteurs »tandis que la présence des policiers nationaux et municipaux a été renforcée. Des médiateurs municipaux patrouillent également dans le quartier.
« Il s’agit d’attaques souvent commises par plusieurs agresseurs, eux-mêmes mineurs, qui entraînent leurs victimes »détaille le maire d’Orvault, Jean-Sébastien Guitton, sur ces événements survenus non loin d’un collège. Il évoque «des attaques choquantes et intolérables». Conscient de la situation et mobilisé, il assure être en contact avec le directeur interministériel de la police nationale et le procureur de la République de Nantes pour assurer « que tous les moyens sont déployés pour arrêter cela ». Il a également contacté certaines familles, qu’il a encouragées à porter plainte.
Débat autour de la vidéosurveillance
« Il est essentiel que des mesures urgentes soient prises pour renforcer la sécurité autour de cette ligne de transport »» précise encore la pétition, qui décrit un phénomène qui dure depuis des mois. Avant cet été, des attentats avaient déjà eu lieu non loin de là. Mais surtout, les parents suggèrent de mettre en place une vidéosurveillance. Un souhait soutenu par Sébastien Arrouët, conseiller municipal d’opposition (divers droite), qui souhaiterait que des caméras, liées au centre de surveillance urbaine de la métropole, soient installées afin d’avoir une surveillance accrue de la place.
Le secteur dispose déjà d’une caméra pour la gestion des bus et tramways, une au niveau des parkings relais et d’autres dans le tram. “Les policiers ont la possibilité de les consulter”Jean-Sébastien Guitton répond immédiatement. Le maire écologiste estime que « Centrer le débat là-dessus, c’est créer des polémiques et donner des leçons à tout moment, alors que la réalité du terrain montre que ce n’est pas la solution miracle, y compris pour ce type de situation ». Il cite en exemple la vague de cambriolages enregistrée autour de Nantes, où certaines caméras n’ont pas réussi à dissuader les voleurs. Et ajoute que les délinquants prennent soin de s’éloigner avant de commettre »leurs atrocités».
A Orvault, il n’y a pas de système de vidéosurveillance sur la commune. “Je ne suis pas opposé aux caméras par principe”souligne l’édile, précisant que les bâtiments communaux en sont par exemple équipés. Mais, « dans le cadre d’Orvault, nous avons considéré, après analyse, que le déploiement global de caméras n’était pas la meilleure manière de répondre aux enjeux de sécurité »il persiste, impatient d’utiliser « L’argent public de manière efficace ». Pour lui, résoudre ces problèmes nécessite davantage “présence policière” et plus humain. Face à des rackets en série de même nature, la ville de Nantes a également été interrogée il y a quelques jours sur le renforcement de la vidéosurveillance.