M. Sing, un Indien de 29 ans résidant au Portugal, a été condamné à deux ans de prison dont un avec sursis, ce jeudi 19 décembre, à Bayonne. Le tribunal lui reproche plusieurs transports de passagers clandestins entre le Portugal et Paris. À bord d’une camionnette de location conçue pour neuf personnes, Sing a été arrêtée à deux reprises. Le 23 octobre, les policiers de Luz l’ont interpellé avec 22 passagers à son bord, à Urrugne. Le 7 décembre encore, puisqu’il a été interpellé au péage de Biriatou avec 19 migrants dans son véhicule.
Autant dire que ces juteux voyages affichaient complet. L’opération téléphonique en compte huit, toujours entre le Portugal et l’Espagne, pour amener des Indo-Pakistanais sans papiers à Paris, dont un Indien expliquant aux enquêteurs qu’un emploi de cuisinier l’attendait à Paris.
Malgré une première audience marquée par la tentative de Sing de faire passer cela pour une excursion touristique à Saint-Sébastien, il s’agissait évidemment d’une nouvelle forme de trafic d’êtres humains. Le prévenu a également fini par reconnaître les faits. Et la présidente du tribunal, Helena Formond, a dévoilé le mode opératoire probable du secteur : chaque passager paie 200 euros à son arrivée à Paris, et le chauffeur, en l’occurrence M. Sing, reçoit la même chose.
Toxicomane
Reste à attraper les commanditaires de ce trafic, qui repousseraient comme des champignons : « Chaque fois qu’un réseau est démantelé, un autre se constitue. Parce que c’est très lucratif», déplore le procureur Jérôme Bourrier. Chanter ne serait qu’une petite main. Un toxicomane accro à l’héroïne et à la cocaïne, père de deux jeunes enfants et travailleur précaire, expérimenté dans les petits boulots : « Ménage, travaux agricoles et emplois au noir dans le bâtiment », précise le président.
« Il savait très bien ce qu’il faisait », assure le procureur. Il s’est inscrit sciemment dans ce secteur […]. À la frontière espagnole, la traite des êtres humains et la drogue sont les deux piliers du crime organisé. » Pour aider le tribunal à en mesurer l’ampleur, le ministère public a fait ses calculs : « Un seul camion permet d’entrer illégalement par an à 1 600 personnes. Et il y a certainement beaucoup de camions. »
De son côté, l’avocate de M. Sing, Me Justine Calo, a rappelé la virginité du casier judiciaire français de son client. Elle a également cherché à dissuader le tribunal d’opter pour une période de confinement trop longue pour le prévenu, loin de sa famille au Portugal. Finalement, les réquisitions (une peine ferme de deux ans) ont été réduites. Cependant, la durée de l’interdiction territoriale française (ITF) a mis tout le monde d’accord : Sing ne pourra pas circuler en France au cours des cinq prochaines années.