De très beaux couverts d’un autre âge sont alignés sur la table du bistro pour l’entretien. Louis-Gérard Esnault vient de sortir de sa poche deux couteaux et deux fourchettes datés du 16e et 17e siècle. Leur manche présente des caractéristiques spécifiques ; des sculptures, des bronzes, des viroles en argent et, un peu plus surprenant pour les débutants, des molaires de mammouth teintées.
« Et surtout, nos aînés sont nos maîtres ! »
Le jeune passionné d’à peine 20 ans est devenu brocanteur dès ses années lycée. Bien que son père soit collectionneur d’art primitif, c’est surtout au contact de la compagne de sa mère qu’il développe son goût pour les beaux objets. Il découvre le métier au fil des déballages, notamment aux côtés de sa mère, elle aussi devenue brocantrice depuis peu. « C’est un métier de passion. Quand on devient commerçant, c’est pour la vie. Nous voulons toujours découvrir et nous apprenons chaque jour. Et surtout, nos aînés sont nos maîtres ! »
S’il aspire à ouvrir une galerie d’objets d’art, en attendant, il se forme avec humilité et constance. Après l’obtention de son baccalauréat technologique STI2D (Sciences et technologies de l’industrie et du développement durable), il ressent une attirance pour le travail du bois. « J’ai passé mon CAP d’ébéniste en un an comme j’avais eu le baccalauréat. Et en conséquence, il y avait beaucoup plus de cours de pratique et d’histoire de l’art axés sur le mobilier et le bois. » Aujourd’hui étudiant en première année d’histoire de l’art, il consacre une grande partie de son - libre à dénicher quelques merveilles. «Quand j’avais 15-16 ans, j’ai commencé l’art islamique dès l’âge de 10 ans.e au 18e siècle suite à un véritable coup de cœur pour une terre cuite aux tons bleutés. A partir de cet achat, j’ai fait beaucoup de recherches. Il est intéressant de conserver des objets un certain -, avant de les revendre, de les étudier et de s’y plonger. »
« Rien ne vaut la terre »
S’il se détourne partiellement de l’art islamique “difficile à trouver et à vendre”Louis-Gérard Esnault s’intéresse à la haute période – son « fils rouge » –, du Moyen Âge en passant par la Renaissance jusqu’à la Révolution (près de dix siècles). Tout l’intéresse : la sculpture en pierre ou en bois, les tableaux, les objets du quotidien et surtout les couverts. « C’est un domaine que j’aime, même s’il est difficile de trouver de la qualité. Les rencontres ne font pas le prix ; l’objet doit me parler. Nous détenons parfois des pièces de même valeur que celles présentées dans les musées et c’est un réel plaisir de les avoir entre nos mains. »
Il peut déjà s’enorgueillir d’avoir en sa possession une fourchette qui faisait partie d’une collection du musée Le Secq des Tournelles (Rouen). « Je sais qu’il est passé entre des mains illustres ; c’est un plus pour un collectionneur à qui je pourrais le vendre. Cela prend une autre dimension pour un passionné. »
Une manière de transmettre son savoir puisé dans les livres d’histoire de l’art – qu’il achète et dévore sans modération – en fréquentant régulièrement les musées mais aussi, et surtout, en discutant avec les plus anciens. « Rien ne vaut le terrain, il y a des choses qu’on n’apprend pas dans les livres »fait valoir Louis-Gérard Esnault qui se rend une fois par mois dans une ville pour déballer ses valises : Chinon, Limoges, Tours, Montsoreau et place de la Bourse à Paris notamment. Une étape nécessaire pour gagner du terrain dans l’ombre de doyens bienveillants.
Instagram : @louisgerardesnault
Grande brocante de Noël, ce dimanche 22 décembre 2024, Place Notre-Dame, de 6h (heure du déballage) à 18h