Une « bonne journée » de prostitution pourrait rapporter 8 000 euros au patron qui exploitait les travailleuses du sexe latino-américaines

Une « bonne journée » de prostitution pourrait rapporter 8 000 euros au patron qui exploitait les travailleuses du sexe latino-américaines
Une « bonne journée » de prostitution pourrait rapporter 8 000 euros au patron qui exploitait les travailleuses du sexe latino-américaines
Prostitution des mineurs : des proxénètes adolescents poussent désormais leurs victimes à recruter des copines

Déménagé d’une ville à une autre

Le phénomène d’exploitation de ces travailleuses du sexe latino-américaines (TDS) s’est accru ces dernières années et devient de plus en plus problématique, constate Myria. On y retrouve l’influence de réseaux criminels transnationaux hautement organisés. Les victimes, principalement des femmes, viennent principalement du Brésil, de Colombie et du Venezuela.

Recrutées pour travailler dans la prostitution en Europe où on leur promet des revenus attractifs, elles sont piégées par des réseaux constitués de cellules qui mettent en place des « carrousels de prostitution ». Contraintes de travailler dans des lieux privés en proposant leurs services en ligne, les victimes sont déplacées d’une ville à l’autre, d’un lieu à un autre, en fonction des risques de détection par la police et des nouvelles opportunités.

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Sur un ancien site industriel à Lodelinsart

Peu d’informations sont disponibles sur cette forme de prostitution privée et cachée. Mais en tant que partie civile, Myria avait accès à un dossier judiciaire préparé à Charleroi. L’organisme public, qui a passé au crible des dizaines de rapports, d’entretiens de victimes, d’enregistrements d’écoutes téléphoniques, etc., livre une analyse édifiante du système mis en place. Les prévenus ont été condamnés en 2022 pour traite d’êtres humains et exploitation de la prostitution – deux d’entre eux ont également été reconnus coupables de traite.

A la croisée de deux réseaux interconnectés, un ancien site industriel de Lodelinsart transformé en un grand immeuble d’habitation. Le lieu sert de base principale à des dizaines de travailleuses du sexe qui travaillent dans des salons privés. Michel*, propriétaire de l’ensemble immobilier, en est le protagoniste central. Il sert d’intermédiaire auprès des principaux accusés. Inscrit au fichier policier pour exploitation de la prostitution, blanchiment et coups et blessures, l’homme a le bras long. Il est informé en amont des perquisitions grâce à un « ami policier ».

Le propriétaire, le patron, le gardien, les chauffeurs…

Dans le rôle des principaux prévenus : Dulce*, de nationalité brésilienne, et son compagnon Gilberto*, belge d’origine syrienne, eux-mêmes propriétaires de plusieurs appartements. Dulce met en place et dirige le premier réseau. Il définit le rôle des adhérents, donne des instructions sur la réception des TDS à leur arrivée à l’aéroport, sur la distribution dans les différentes localités, sur la gestion téléphonique. Elle perçoit la moitié des revenus des femmes qui travaillent pour elle et détermine les conditions de travail : horaires, prix, lieux. Gilberto l’aide à rédiger les annonces et à les publier sur le site du « Quartier Rouge ». Il collecte également l’argent généré par la prostitution.

Dans leur ombre, il y a Ali*, le gardien de l’immeuble Lodelinsart, fournisseur de cocaïne à l’occasion. Le fils de Dulce et un Belge jouent les chauffeurs. Elles récupèrent les TDS à leur arrivée à l’aéroport de Charleroi ou de Bruxelles et les transportent d’un lieu de prostitution à un autre.

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Les « téléphonistes », souvent d’anciennes prostituées

Il y a aussi les « téléphonistes », maillon précieux du système et phénomène propre aux travailleuses du sexe latino-américaines. Il s’agit généralement de femmes, souvent d’anciennes prostituées, qui complètent leurs revenus en gérant des annonces de services en ligne. Ils sont responsables des communications avec les clients, répondent aux appels, fixent les rendez-vous, transmettent l’adresse au TDS et contrôlent la durée et les modalités des services sexuels. C’est leur numéro qui apparaît sur les petites annonces. Les prostituées latino-américaines, qui ne parlent ni français, ni néerlandais, ni anglais, comptent sur elles pour travailler en raison de la barrière linguistique, ce qui les expose à un risque accru d’exploitation.

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À la fois chauffeur, recruteur et accompagnateur

Dans l’affaire instruite à Charleroi, trois prévenus faisaient office de « téléphonistes » pour le premier réseau : une mère et une fille de nationalité péruvienne, ainsi qu’une Belge. Ils recevaient 5 à 10 euros par client. Une « bonne journée » de prostitution pourrait rapporter 8.000 euros à Dulce, selon les déclarations de Sophie, la « téléphoniste » belge.

A la tête du deuxième réseau, Mae* et Fausto*, un autre couple composé d’un Belge d’origine brésilienne et d’une Brésilienne. Où l’on retrouve Michel*, le propriétaire de Lodelinsart qui corrompt les policiers, et Ali*, le gardien. Et un certain Valentin, à la fois chauffeur, recruteur et chaperon.

On avait prévenu : c’est presque Netflix.

*Tous les prénoms sont empruntés

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