Critiqué de toutes parts pour avoir choisi d’aller à Pau au lieu de Mayotte et pour avoir défendu le cumul des mandats, François Bayrou a rencontré mardi Emmanuel Macron en vue de former un gouvernement. Il s’est fixé une fin de semaine pour y parvenir.
Selon son entourage, le nouveau Premier ministre s’est entretenu en fin de matinée pendant « plus d’une heure » avec le chef de l’Etat à l’Elysée.
Objectif, selon Marc Fesneau : évoquer une « architecture start-up » pour son gouvernement. Le président des députés MoDem a ajouté que les deux chefs de l’exécutif composeront la future équipe avec « la volonté de trouver un équilibre ».
Le nouveau locataire de Matignon espère former son équipe « d’ici la fin de la semaine », selon des sources parlementaires. Son intention est de présenter environ 25 personnes, a-t-on ajouté.
Il remettra ensuite sa déclaration de politique générale au Parlement le 14 janvier.
Agitation tous azimuts
En attendant, le Premier ministre s’apprête à prononcer son premier grand discours oral à partir de 15 heures à l’Assemblée nationale. Il répondra aux questions des députés pendant 45 minutes. Seul, puisque les ministres en place ont démissionné et ne sont donc pas autorisés à participer à l’exercice.
L’ancien ministre macroniste de l’Intérieur, Gérald Darmanin, l’interrogera notamment sur Mayotte et « les moyens exceptionnels que l’Etat doit employer ».
Parallèlement, les concertations avec les forces politiques, entamées lundi, se poursuivent à Matignon.
Le président des députés Horizons, Laurent Marcangeli, a plaidé pour la “stabilité” auprès du Premier ministre, qui s’était déjà entretenu au téléphone avec Edouard Philippe dimanche.
Les dirigeants des écologistes se sont montrés beaucoup plus pessimistes, estimant que M. Bayrou ouvrait déjà « petit à petit la voie à sa propre censure ».
Quant à Laurent Wauquiez (LR), reçu lundi, il a demandé mardi un nouveau rendez-vous avec le chef du gouvernement, dont le projet est encore « trop vague » à ses yeux.
A peine quatre jours après sa nomination, le président du MoDem est déjà au cœur d’une double polémique.
Son choix de se rendre dans sa ville de Pau pour défendre sa position de maire, plutôt que d’assister à une réunion de crise sur Mayotte, qu’il a suivie à distance, a suscité de vives critiques jusque dans son propre camp.
Son idée d’autoriser à nouveau le cumul des mandats locaux des parlementaires, afin de les « réenraciner » dans les territoires, est également dénoncée, tout comme sa volonté de conserver la mairie de Pau, en parallèle de Matignon. .
“Indécent”
La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ne l’a pas épargné. Elle aurait « préféré que le Premier ministre, au lieu de prendre un avion pour Pau, prenne l’avion pour Mamoudzou », la capitale de Mayotte, dévastée par un cyclone meurtrier.
Quant au cumul des mandats, « ce n’est vraiment pas le moment » de « remettre ce sujet sur la table ». “Aujourd’hui, le sujet, c’est le budget, c’est Mayotte.”
Le patron du Parti communiste Fabien Roussel a, de son côté, jugé “indécent de parler du cumul des mandats (…) alors qu’en ce moment on enterre des enfants, des habitants” dans l’archipel meurtri. Le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a estimé que le fondateur du MoDem « s’est égaré » en abordant un tel sujet.
Rare voix à venir au secours du Premier ministre, Hervé Marseille, chef des sénateurs centristes et défenseur du cumul, a estimé que M. Bayrou “a fait ce qu’il avait à faire”.
De son côté, le Rassemblement national défend l’idée de cumuler les mandats de député et de maire « en dessous d’un certain seuil » de population. Une opportunité pour le parti de Marine Le Pen de renforcer le réseau local de ses nombreux députés.
Quant au cumul d’une fonction ministérielle et d’un mandat local, rien ne l’interdit dans la loi.
Mme Braun-Pivet a toutefois rappelé qu’une réforme constitutionnelle, inachevée et prévoyant “le non-cumul des fonctions ministérielles et d’un exécutif local”, avait été “votée à la quasi-unanimité” par les députés en 2018.
“En s’accrochant” à son poste de maire de Pau, M. Bayrou “a commis une erreur grave” doublée d’une “erreur politique importante” et “symboliquement dramatique”, a dénoncé le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard.
Cet article a été publié automatiquement. Sources : ats/afp