Difficultés des commerçants d’Annecy, acte III. Après que les principaux acteurs se soient plaints de problèmes économiques liés, selon eux, au nouveau plan de circulation de la ville ainsi qu’à la piétonnisation du centre-ville ; après qu’Alexandre Mulatier-Gachet, premier adjoint au maire, ait annoncé le report d’un an de la dernière phase des travaux du secteur, c’est au tour du groupe politique « Oui Annecy ! s’exprimer sur ce sujet visiblement sensible.
Dans un communiqué, lui, qui se définit comme « une minorité dans la majorité », se dit « triste et en colère » face à la décision prise par l’exécutif. « L’apaisement de la ville et notamment de la circulation génératrice de pollution était un point clé de notre mandat proposé », rappellent ses membres. Y renoncer « le trahit » et « sabote des mois de travail des agents et des élus » mais aussi « toute la politique déployée en la matière », affirment-ils.
« Le développement des zones piétonnes est un facteur d’attractivité »
Marion Lafarie, adjointe chargée de la voirie, des espaces publics, du stationnement et de la mobilité active, ajoute que « si les difficultés des commerçants sont bien réelles pour certains d’entre eux, [ce report] est une mauvaise réponse à leur problème et une interprétation très partielle de la causalité de ces difficultés ».
L’occasion du « Oui Annecy ! de rappeler plusieurs points importants en la matière : « Le développement des zones piétonnes est un facteur d’attractivité. Ce sont les clients à pied ou à vélo qui dépensent le plus : s’ils ont un panier moyen inférieur, ils ont une fréquence de visites plus élevée. Par ailleurs, de plus en plus de gens renoncent à faire leurs courses dans le centre d’Annecy car ils ne supportent plus la foule et les embouteillages. Ils aspirent au calme, encourageant la flânerie. Enfin, la situation nationale est complexe, entre baisse du pouvoir d’achat pour les uns, impact du e-commerce, préoccupations climatiques et écologiques avec sensibilisation accrue aux achats pour d’autres. Cela génère un changement d’habitudes visible à travers la fermeture de grandes enseignes partout en France.
« Des observations économiques trop rapides »
Karine Bui-Xuan Picchedda, présidente du groupe, constate de son côté que son équipe “ne cautionne pas cette baisse et ne se satisfait pas des premières phases de piétonnisation qui, dans ce contexte, n’ont aucune chance de produire l’effet escompté”. Frédérique Lardet [ndlr : maire adjointe en charge du commerce et présidente de l’Agglomération] reproche régulièrement à la Ville de confondre vitesse et précipitation, mais c’est cette décision qui est précipitée ! Elle s’appuie sur des constatations économiques trop rapides, sans attendre les effets positifs des premières phases de piétonisation, y compris pour les commerçants ».
Et de glisser un dernier tacle à son homologue : “Reste cependant la question de l’accessibilité au centre-ville, qui nécessite un réseau de transports en commun particulièrement performant. Nous payons les conséquences de décennies d’inaction et, malgré le développement récent des lignes de bus et des transports à la demande, ainsi que des tarifs de bus incitatifs, l’Agglomération accuse un retard important dans le déploiement des transports en commun sur place. propreté promise en 2020, ainsi que P+R (parking et relais).»
“A ce jour, rapporte le communiqué, aucun projet PEM (Multimodal Exchange Hub) n’a été démarré et ne le sera pas d’ici la fin du mandat malgré certaines promesses. Cet obstacle aux projets de piétonisation est donc en contradiction avec les efforts déployés pour inciter au changement des modes de transport.»