Suite à la nouvelle estimation du nombre de loups en France, les membres du Groupement National du Loup ont discuté ce lundi 16 décembre des perspectives 2025 de mise en œuvre du Plan d’action national 2024-2029. Si les chiffres tendent à démontrer la stagnation de la population de lupin, les données annoncées doivent être nuancées. 30millionsdamis.fr fait le point avec Thierry Ruf, référent Wolf pour Aspas.
Le chiffre était attendu. Jeudi 12 décembre 2024, l’Office français de la biodiversité (OFB) a estimé le nombre de loups à 1 013 individus pour l’année 2024, résultat d’une nouvelle méthode de comptage réalisée à partir de données génétiques. Ce nombre reste stable par rapport aux 1 003 loups recensés l’année précédente, dans toute la France. Cependant, cette évolution ne signifie pas que l’espèce se porte bien. « Au contraire, il y a encore du travail à fairenuance Thierry Ruf, Loup Aspas referent. La population de lupin était de 1 096 spécimens en 2022. On note une baisse des effectifs de près de 8 % en deux ans ! »
192 loups pourraient être tués en 2025
Cette estimation permet de fixer le quota d’abattage, actuellement fixé à 19% de la population recensée. Ainsi, le nombre de loups pouvant être tués a été établi à 192 loups en 2025 – contre 209 en 2024 : « Ce quota reste énorme compte tenu de la baisse de la dynamique reproductive »déplore Thierry Ruf rejoint par 30millionsdamis.fr.
Car, selon l’OFB, les loups se distinguent en deux catégories : les meutes reproductrices, et les meutes non reproductrices, ces dernières comprenant des juvéniles et des individus. “n’ayant pas trouvé leur moitié pour s’accoupler”explique Aspas. « Et aujourd’hui, la dynamique de reproduction montre une baisse de la survie des loups de 7 %. Sans parler du taux de braconnage que nous ne pouvons pas estimer… »
Des chiffres à nuancer
Réunis lundi 16 décembre 2024, les membres du National Wolf Group ont souhaité mettre en lumière un “hausse des prédations constatée au niveau national (+4,6% d’attaques, +10,6% de victimes)” annoncé par la préfecture. Mais là aussi, les interprétations prêtent à confusion : « Ces attaques sont observées dans des territoires où l’espèce, jusqu’à présent, n’était pas présente. C’est notamment le cas de la Bourgogne Franche-Comté et d’une partie du Jura, informe Thierry Ruf. C’est précisément dans ces endroits que les troupeaux ne sont pas protégés. »
A l’inverse, les chiffres révèlent une tendance inverse dans les départements abritant plus de 90 % des loups en France. «Les dégâts sur les animaux de ferme, notamment dans les Alpes et le Jura, ont nettement diminué grâce à la protection des troupeaux.» rapporte le spécialiste. Un point sur lequel insistent les associations de défense de l’environnement : « Ces deux constats mettent en évidence l’échec évident de l’État à gérer la coexistence entre les activités d’élevage et les loups », dénoncent plusieurs associations (FNE, ASPAS, Ferus, Humanité & Biodiversité, LPO, WWF) dans un communiqué.
Un état de conservation défavorable
Seules des méthodes de protection éprouvées réduisent les dommages de manière durable.
FNE, ASPAS, Ferus, Hum. & Biodiversité, LPO, WWF
Toujours dans un communiqué, la préfecture d’Auvergne Rhône-Alpes évoque la diligence d’une expertise scientifique réalisée par le Muséum national d’histoire naturelle (MnHn) et l’OFB. « afin d’actualiser les connaissances disponibles sur la population de lupin et le bon état de conservation de l’espèce ».
Cependant, l’état de conservation défavorable du loup a déjà été démontré par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et l’Alliance européenne pour la conservation du loup (EAWC), dans une analyse commandée par la Commission en décembre 2023. « Les études scientifiques sont claires : les tirs létaux ne peuvent être qu’un moyen complémentaire de gestion des situations de prédation exceptionnelle, alors que seuls les moyens de protection éprouvés, et notamment les chiens de protection, les clôtures et le gardiennage, sont efficaces. réduire les dégâts de manière durable »poursuivent les associations environnementales.
La protection des loups affaiblie
Début décembre 2024, l’Union européenne a voté un abaissement du niveau de protection des loups ; proposition approuvée par les membres signataires de la Convention de Berne. L’espèce, jusqu’alors « strictement protégée », ne ferait que devenir « protégée », ouvrant la voie à une simplification de la chasse. « Cette initiative met en péril la survie d’une espèce déjà vulnérable sans résoudre les difficultés rencontrées par les éleveurs » prévient le WWF dans un communiqué.
Le La Fondation 30 Millions d’Amis milite depuis longtemps pour une cohabitation pacifique entre cette espèce protégée et l’Homme. Comme les associations de défense de l’environnement, elle plaide pour un soutien « anticipé et renforcé » aux éleveurs afin de « prévenir efficacement les dégâts », plutôt que de privilégier – à tort – le tir contre les loups.