en Vendée, des élus satisfaits, des pêcheurs qui pointent du doigt un système à bout de souffle

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Franck Fischbach

Publié le

11 décembre 2024 à 18h17

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Après plus de 48 heures de négociations, Lundi 9 et mardi 10 décembre À Bruxelles, les ministres de la Pêche de l’UE et la Commission européenne sont parvenus, ce mercredi à 1h30, à fixer les quotas et les taux de capture admissibles (TAC) pour 2025.

Des espèces qui trinquent

Au total, si les pêcheurs vendéens s’attendaient à une année catastrophique pour le golfe de Gascogne, le ministre français de la Pêche, Fabrice Loher, a réussi à limiter les dégâts. Avec néanmoins quelques mauvaises surprises.

C’est par exemple le cas du langoustinedont le quota baisse de 25 % en 2025 (une réduction de 40 % était initialement proposée). Une espèce qui n’est pas prioritaire dans la filière mais qui, comme le merlu, peut être utilisée pour des échanges commerciaux avec l’Espagne ou d’autres pays frontaliers.

Le maquereau perdra également 30% l’année prochaine. Mais José Jouneau, président du comité régional des pêches des Pays de la Loire et de l’OP Vendée, tempère : « le cas du maquereau est complexe : ce n’est pas l’Europe mais la Norvège qui gère les quotas. Les pêcheurs norvégiens exploitent leurs quotas et nous prenons ce qui reste.» C’est donc sur ce reliquat que s’applique le quota européen. “Si l’on additionne la baisse de l’année dernière, nous avons en réalité une baisse de 60 ou 70 % du maquereau en deux ans.”

Pour le patron du Comité Régional des Pêches des Pays de la Loire et de l’OP Vendée, le cas de bar lui aussi risque de faire « un grand bruit ». La taille minimale de capture passerait à 42 cm. Ce qui pourrait poser problème aux pêcheurs de bar en ligne par exemple.

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Enfin, le lieu jaune crée la surprise en devenant accessoire de pêche. Comprenez par là que les marins ne pourront plus le viser, mais que son atterrissage sera toléré dans le cadre de captures accidentelles.

Mais José Jouneau précise : « les chiffres avancés ici sont encore provisoires, et doivent être stabilisés. Il faudra attendre les tables finales, qui seront publiées d’ici la fin de la semaine.

Civelle, sole, merlan… Casse limitée

Le port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. © Franck FISCHBACH

Pour certaines espèces, les dégâts ont toutefois été limités. C’est le cas du seulde merlu ou merlanespèces pour lesquelles des quotas sont maintenus.

Idem pour le Civelace qui ne bouge pas par rapport à 2024. Soit une ouverture au 1er décembre, avec deux mois de repeuplement et un mois de consommation.

Quant au port de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, nous sommes très satisfaits de la réouverture du chinchardfermé depuis deux ans.

Cela donnera de l’air à nos pélagiques ! On estime que le chinchard représente 600 000 € du chiffre d’affaires des enchères. Cela permettra notamment de compenser les 300 000 € du lieu jaune, que l’on ne perd pas non plus complètement !

François Blanchet, maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et conseiller régional chargé de la Pêche.

Ils ont dit : des élus « satisfaits »

Two producer organizations share the Vendée: the OP Vendée for the ports of Sables d’Olonne, Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Yeu and l’Aiguillon sur Mer, and the OPPAN (producer organization of Fishermen Artisans de Noirmoutier) for the port of l’Herbaudière, in our photo. ©Courrier Vendée.

Pour le maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, François Blanchet« nous sommes rassurés sur les défis majeurs que nous avons eu. Nous nous battions principalement pour le chinchard et la civelle, et nous en sommes plutôt satisfaits.

Pour le député du 3ème arrondissement de Vendée, Stéphane Buchou« si je me réjouis qu’il n’y ait pas de déclin pour la sole, le merlu, le merlan et le bar, permettant ainsi le maintien d’un bon niveau d’activité pour nos ports et nos criées, je regrette les décisions entérinées pour le maquereau et le lieu jaune qui deviennent » pêche accessoire », c’est-à-dire non exclusive […] Après ces 48 heures de négociations difficilesc’est donc le soulagement et le sentiment de mission accomplie qui dominent.

Pour autant, « il ne faut pas baisser les bras car la pêche est un secteur clé à soutenir. C’est essentiel à notre souveraineté alimentaire, à l’économie de notre département et aux emplois directs et indirects de nos quatre ports vendéens. Le député en profite pour réitérer son souhait de voir la mise en place de quotas pluriannuels.

Dans un communiqué cosigné par Christelle Morancaisprésident de la région Pays de la Loire, Alain Leboeufprésident du Conseil Départemental de Vendée, François Blanchet, Florence Pineauvice-président du Conseil Départemental, Yannick Moreaumaire des Sables d’Olonne et président de l’agglomération, Carole Charuauconseiller départemental du canton de l’Île d’Yeu et maire de l’Île d’Yeu, et Fabien Gaboritprésident de la communauté de communes de l’île de Noirmoutier :

« Nous avons parcouru un long chemin par rapport aux propositions initiales de la commission, c’est un soulagement pour les pêcheurs, les poissonniers, les criées et l’ensemble de la filière qui peuvent ainsi mieux appréhender l’année 2025. Cet accord ne doit pas faire oublier la fermeture prochaine des pêcheries. dans le golfe de Gascogne du 22 janvier au 20 février 2025 et qui avait privé le secteur de plus de 50 % de ses ressources au début de l’année 2024. »

« Le système a atteint ses limites »

José Jouneau, president of the Pays-de-la-Loire Regional Fisheries Committee. ©Journal des Sables

Verser Jose Jouneaule tableau n’est pas si rose. « Quoi qu’il en soit, nous avons perdu par rapport à l’année dernière ! Nous ne pouvons pas nous satisfaire de ce qui vient de se passer. Chacun a joué son rôle, on ne peut que saluer le ministre qui, dans le contexte politique de la , a eu le courage de nous défendre. Mais le système des quotas a atteint ses limites, il s’essouffle ! Cela ne correspond plus aux enjeux de 2025 ! Nous ne pouvons plus nous contenter d’hypothèses et nous cacher derrière des mesures de protection. Tout comme on ne peut pas sauver l’agriculture en laissant les champs en jachère, on ne peut pas sauver la pêche en laissant les bateaux à quai ! « .

Demain, tout le monde n’aura plus accès aux fruits de mer, le poisson deviendra un luxe. Ce n’est pas le but de la pêche française.

Jose Jouneau

Lorsqu’il parle de mesures de protection, José Jouneau fait notamment référence à la réserve de pêche. « Selon les scientifiques, 75% du stock du Golfe de Gascogne s’améliore clairement. Mais il dénonce « des quotas qui ne cessent de baisser depuis 10 ans. »

Mais Bruxelles joue la carte du principe de précaution. « Mais il faut se poser les bonnes questions. Si on bloque nos pêcheurs, il faudra importer du poisson du Chili, du Pérou… Chaque année, la France importe 800,000 tonnes poissons, comme le saumon et le lieu noir. Il faut se demander : si nous supprimons nos quatre ports vendéens, quel impact cela aura-t-il sur le tourisme, sur l’attractivité du territoire ? La pêche locale est un atout, un savoir-faire. »

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