Ils ont été le lifting de la soirée, et iront en demi-finale. La troupe de danse Brats Killers, venue près de Marseille, a fait trembler le plateau de « La France a un talent incroyable » ce mercredi soir avec ses chorégraphies vibrantes, en costumes rouges et noirs et décors asiatiques. Éric Antoine aimait ces « vagues de sensations fortes, de joie, de fête, de précision ». Autre sélectionné, l’humoriste Matthieu Nina, qui boitait depuis sa chute d’une échelle lorsqu’il était enfant. « Comme si je sortais d’un casting avec Morandini », raconte-t-il, le visage encore enfantin et naïf dans ses yeux entourés de lunettes. Il termine son sketch magistral par « les handicapés sont invisibles à la télé. Si vous m’éliminez, vous êtes des salauds. »
La qualité du texte, les « culbutes intellectuelles » vantées par Éric Antoine, n’ont pas fait trop longtemps tergiverser le jury. Élodie Poux applaudit : « Même si vous ne savez pas jouer au rugby, vous avez transformé l’essai. » Danielle Schwartz, en revanche, n’a pas accédé aux délibérations. Même si tout le monde l’aime, il manquait du naturel et un texte plus percutant. Même si ses punchlines sont revenues au galop après son passage. Que va-t-elle faire ? “Pecho, maintenant que je suis maquillée. »
La tentative est cependant réussie pour le duo Sonia et Sebastian, qui volent avec amour dans les airs, sous la pluie, virevoltent, s’enlacent, se plient et se déplient. Tout cela sans glisser ni déraper malgré l’eau qui complique le numéro. Élodie Poux voulait juste “être le harnais”, Éric Antoine n’en pouvait plus “tout ce bonheur qu’on lui jette à la figure”, Marianne James est “bluffée par tant de prises de risques”. Un sans-faute pour ce couple déjà finaliste de « America’s got talent », l’émission qui a inspiré « La France a un talent incroyable ». Et puis, quand Creatine Price revient, Marianne James pleure. La chanteuse est fan de la « drag queen » américaine de 34 ans, assistante de direction le jour et blonde platine en robe à sequins aux gros seins le soir. L’artiste aborde un air d’opéra en allemand, joue des castagnettes. Marianne est étonnée, elle confie qu’elle pense à lui tous les jours. Elle pourra le garder encore un peu, son amant. Le jury l’envoie en demi-finale.
Quant à Élodie Poux, elle a déclenché son buzzer doré pour la Canadienne Gabrielle Boudreau. La danseuse de 23 ans propose un écho d’agression sexuelle. Elle danse avec un manteau volant, met un bras dans une manche pour se rattraper, comme si l’agresseur la violait. Sur la chanson « Petite femme », d’Anne Sylvestre, elle interprète sa chorégraphie sans l’ombre d’un choc, d’une chute brutale, d’un objet cassé. Une violence pernicieuse, presque dans la douceur. La jeune femme, diplômée de l’école de danse contemporaine de Montréal, livre ici un échantillon du quotidien de millions de victimes. Sans qu’on le voie, sans qu’on le sache.
« Votre corps a exprimé chaque mot de cette chanson », salue Hélène Ségara. Sugar Sammy l’a trouvée «magnétique». Marianne James adorait cette façon de prendre une idée et de la déployer, « sans vouloir nous impressionner ». Élodie Poux, émue par la prestation, a trouvé le numéro « beau, intelligent sans être montré du doigt ». La demi-finale, mercredi prochain, réunira 10 artistes. « Ce sera au niveau d’une finale », promet Sugar Sammy. C’est la meilleure saison depuis 7 ans que je suis juré. » Nous ne pouvons pas attendre.