Les Côtes-d’Armor sont le département breton le plus en sous-effectif en chirurgiens-dentistes. Quel rôle la faculté de Brest a-t-elle à jouer pour faire bouger les choses ?
Dans les Côtes-d’Armor, on compte un chirurgien-dentiste pour 1 800 habitants. Sachant qu’un dentiste prend en charge, en moyenne, 831 patients par an. Il y a donc un réel manque, renforcé par le solde migratoire positif que connaît chaque année la Bretagne. Nous avons tous réalisé qu’il y avait un problème et qu’il fallait davantage de formation. A l’Université de Bretagne occidentale (UBO) nous allons passer de 36 à 50 étudiants en 2e année en septembre 2025. Mais il faut aussi rapprocher nos jeunes des territoires.
Est-ce l’objectif de la rencontre organisée ce jeudi 12 décembre à Saint-Brieuc ?
Assez. Avec le doyen de la faculté de médecine dentaire de Rennes, nous venons à la rencontre des professionnels et des élus de la région pour poser les bases d’une meilleure répartition des futurs professionnels de santé en Bretagne. Comme cela a été fait à Quimper ou Vannes, nous expliquerons ce qu’est le stage actif pour les étudiants de 6ème année et verrons qui peut être intéressé à devenir maître de stage.
Comment l’accueil des stagiaires contribuera-t-il à enrayer la pénurie de dentistes ?
Les jeunes dentistes sont plus susceptibles de s’installer dans la région où ils ont effectué leur dernière année de stage si celle-ci s’est bien déroulée. A la faculté de Brest, nous avons constaté que 83 % des étudiants partis au cours des onze dernières années se sont installés en Bretagne. Mais il faut mieux maquiller le territoire pour accueillir les jeunes dentistes dans les Côtes-d’Armor.
De combien d’accompagnateurs de formation disposez-vous dans les Côtes-d’Armor ?
Aujourd’hui, à l’UBO, nous en comptons sept inscrits. Et la faculté de Rennes en compte 41. Mais il faut pouvoir proposer plus. Il y a aussi un enjeu pour les praticiens confirmés qui pourraient, en accueillant des stagiaires, trouver un successeur ou un remplaçant pour le futur.
L’objectif est de répondre aux besoins des résidents en termes de santé publique.
Les discussions sont-elles limitées aux dentistes privés ?
Nous avons également lancé des discussions avec les hôpitaux. Celui de Quimper accueillera par exemple deux élèves de 6e à la rentrée 2025. Je discute avec Ariane Bénard, la directrice du centre hospitalier de Saint-Brieuc, pour voir ce qu’il est possible de faire et quand.
L’année dernière, le président du Conseil départemental de l’Ordre estimait qu’il manquait 40 à 50 dentistes. Il faudra plusieurs années pour rétablir la situation…
Nous nous lançons dans un travail de longue haleine. Mais il faudra bien commencer à un moment donné à améliorer la situation en Bretagne et dans les Côtes-d’Armor.
Les élus locaux ont-ils un rôle à jouer pour améliorer les choses ?
Nous demandons aux communautés de s’impliquer à nos côtés. En remboursant par exemple les frais kilométriques des stagiaires. On sait que c’est compliqué financièrement. Mais représentant d’un territoire, c’est à lui de faire des choix politiques et de trouver des financements. L’objectif est de répondre aux besoins des résidents en termes de santé publique.