Elle est amère de ne pas avoir pu mener à bien les dossiers qu’elle avait initiés jusqu’à leur conclusion. La démission du Premier ministre Michel Barnier, jeudi dernier, conduit à la chute de son éphémère gouvernement. En poste à Bercy, comme secrétaire d’État à la Consommation, la Nantaise Laurence Garnier n’a tenu que 74 jours. Si elle avait le - de lancer le logo « Origin’Info »l’essentiel de ses travaux n’auront pas abouti, de l’extension de l’exonération des titres restaurant dans les entreprises à l’exonération des frais bancaires en cas de succession. Entretien avec une secrétaire d’État qui s’apprête à retrouver son écharpe sénatoriale.
“Aujourd’hui, je suis responsable des affaires quotidiennes”
Quel a été votre quotidien depuis cinq jours et le vote de la motion de censure qui a entraîné la chute du gouvernement de Michel Barnier ?
Laurence Garnier : Le RN et le NFP ont choisi d’interrompre tout ce que mettait en place le gouvernement de Michel Barnier. Ils ont fait un choix qui me semble irresponsable. Ils ont choisi de priver la France d’un gouvernement, d’un budget et de la stabilité si nécessaire à notre pays. Aujourd’hui, comme tous les membres du gouvernement, je suis responsable des affaires courantes. Cela signifie que nous ne pouvons pas lancer de nouvelles actions politiques. En revanche, lorsqu’un texte a été voté par le Parlement, nous avons la possibilité, par exemple, de publier les décrets. Nous surveillons et veillons à ce que ceux qui nous succèdent arrivent dans les meilleures conditions possibles, dans un pays qui se trouve dans une situation dangereusement fragile.
Quel impact concret la motion de censure a-t-elle eu sur la gestion de vos dossiers à Bercy ?
C’est l’interruption de tous les processus législatifs. En ce qui me concerne, je pense à l’impossibilité pour les salariés qui bénéficient actuellement de titres restaurant de les utiliser pour faire leurs courses à partir du 31 décembre. Cette année, c’était une dérogation qui tombait sous le coup de la loi, il a fallu la renouveler grâce à un projet de loi voté à l’unanimité par les députés il y a quelques semaines. Il devait ensuite être examiné par le Sénat cette semaine. Mais cette exonération qui permettait à six millions de Français d’acheter des paquets de pâtes, de farine, de beurre, etc. ne pourra être prolongée.
Qu’en est-il du projet de loi voté il y a quelques jours qui encadre les frais bancaires en matière de succession ?
Il a en effet été adopté à l’unanimité la semaine dernière à l’Assemblée nationale. Je me suis engagé à ce qu’il soit examiné rapidement au Sénat, dès le début de l’année prochaine. L’idée était d’encadrer les frais bancaires en cas de succession, lorsqu’on perd un proche, une situation difficile à vivre. Ces frais auraient pu être rendus gratuits dans un certain nombre de cas, par exemple lorsque la personne décédée est mineure ou lorsqu’il n’existe pas de cas d’une complexité évidente. Mais là encore, le processus est interrompu. En attendant la reprise, les frais bancaires sur les successions restent une réalité pour nos concitoyens.
« Les plus vulnérables seront les premiers à boire en cas de nouvelle crise financière »
Emmanuel Macron poursuit aujourd’hui ses discussions dans le but de nommer rapidement un nouveau Premier ministre. Aspirez-vous à faire partie du prochain gouvernement ?
La question qui se pose vraiment est avec qui et pourquoi ?
Seriez-vous prêt à gouverner aux côtés des écologistes et/ou des socialistes ?
Je crois qu’il faut être extrêmement clair sur les objectifs. Il faut partir des objectifs et c’est ce qu’attendent les Français. La droite républicaine a montré, je pense, notamment à travers l’action déterminée de Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur, qu’elle pouvait être utile et répondre aux attentes des Français.
Mais cette droite dirigée par Michel Barnier n’a pas duré très longtemps…
Nous devons nous rassembler autour de messages clairs. Quelles sont les priorités aujourd’hui ? Il faut redresser nos comptes publics. Nous ne pouvons pas rester à 7% de déficit public, cela met en danger notre santé financière et les plus fragiles qui seront les premiers à souffrir si notre pays était confronté à une nouvelle crise financière. C’est la première priorité. Les Français nous demandent plus de sécurité, mais aussi plus de fermeté dans la lutte contre l’immigration. Avant de réfléchir aux noms, il faut déjà préciser clairement les objectifs, vers quoi on veut aller et comment on répond aux attentes des Français. Cela ne sert à rien de spéculer, l’équation est compliquée. Il appartient désormais au Président de nommer un Premier ministre. Ce qui m’intéresse, c’est de préciser la feuille de route autour de laquelle on peut travailler.
Vous ne fermez donc pas la porte à un nouveau poste au gouvernement ?
Tant que je peux travailler comme je veux. J’ai initié un certain nombre d’actions pour contribuer au redressement des comptes publics. Je ne veux pas retourner au gouvernement pour le plaisir de revenir au gouvernement, cela n’a aucun sens.