Une Québécoise de Châteauguay a découvert qu’elle avait été victime de trafic d’enfants en 1991 lorsqu’elle a été adoptée en Roumanie. La Revue et EST l’avoir suivi au cours de son enquête pour retrouver son identité dans son pays natal.
Une femme rom abandonnée après sa naissance et contrainte de vivre dans la rue a passé sa vie à imaginer ce que son avenir aurait été si elle avait eu la chance d’être adoptée comme prévu par un couple canadien il y a près de 40 ans.
«Quand j’avais quatre ans, j’étais censée être adoptée par des Canadiens, mais les services sociaux roumains ont retrouvé mes parents biologiques qui ont refusé l’adoption de peur d’être vendue, mais ils n’ont jamais voulu me reprendre», raconte Alina Constantin, que La Revue rencontré à Bucarest.
Cette femme, aujourd’hui âgée de 40 ans, a été abandonnée à seulement trois semaines dans un orphelinat par ses parents biologiques, qu’elle n’a revu qu’à l’âge de 15 ans.
Dans ces orphelinats de l’horreur, Alina Constantin décrit avoir été abusée sexuellement et victime de violences de la part d’employés du gouvernement.
« C’était horrible de vivre là-bas. J’ai encore tellement de blessures à cause de ce que j’ai vécu là-bas, je ne veux plus y penser, car sinon, je mettrais fin à mes jours », dit-elle.
Des enfants abandonnés partagent un lit à l’hôpital Stefan Nicolau de Bucarest, Roumanie, janvier 1990.
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Dans la rue
Normalement, Alina Constantin aurait dû quitter la Casa dei Copii (orphelinat roumain) à 18 ans, comme la majorité des autres enfants.
“Mais j’étais trop en mauvaise santé et fragile, alors ils m’ont gardée”, poursuit-elle.
Alina Constantin aurait pu être adoptée par des Canadiens, mais ses parents, issus de la communauté rom, ont refusé qu’elle soit adoptée, bien qu’ils l’aient abandonnée lorsqu’elle avait trois semaines.
Photo Clara Loiseau
A 20 ans, lorsqu’elle quitte l’orphelinat, elle se retrouve dans la rue, souvent la seule issue de secours pour les enfants roms transitant par ces établissements gouvernementaux.
« Je n’aurais pas pu vivre ailleurs que dans la rue, personne ne voulait nous donner une chance », ajoute-t-elle.
Comme des milliers d’enfants roms passés par la Casa dei Copii, Alina Constantin s’est retrouvée à renifler de la colle pour échapper à la réalité, mendiant dans les rues de Bucarest et imaginant ce qu’aurait été son avenir si ses parents biologiques avaient accepté qu’elle soit adoptée.
Un avenir volé
Même si plus de 36 ans se sont écoulés depuis le jour où elle a été adoptée par les Canadiens, Alina Constantin n’a jamais cessé d’imaginer à quoi aurait ressemblé sa vie.
«Cela me rend tellement triste d’y penser. Si j’avais eu la chance d’avoir des gens que je pouvais appeler maman ou papa, peut-être que je n’aurais pas eu cette horrible vie dans la rue. J’y pense tous les jours quand j’ouvre les yeux”, confie M.moi Constantin, qui imagine qu’elle aurait pu étudier et même avoir une maison.
Quand La Revue la rencontrant, Alina Constantin travaillait pour un hôtel qui l’hébergeait.
« Si je perds mon emploi, je serai obligée de vivre dans la rue, car aujourd’hui encore, personne ne veut des Roms », dit-elle, expliquant qu’elle rêve de pouvoir un jour acheter un appartement quand elle pourra fermer la porte sans peur d’être expulsé.