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Maison d’édition de Cahors
Publié le
8 décembre 2024 à 7h06
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Timothée, 35 ans, et Angélique, 40 ans, se sont installés comme éleveurs de moutons a Lapèze sur la commune de Montgesty avec leurs trois enfants Jeanne, Élise et Marius.
Aujourd’hui, alors que la profession agricole est secouée par des crises de plus en plus fréquentes, ils ne regrettent pas leur choix, celui d’un modèle agricole familial à taille humaine et ils nous expliquent pourquoi.
Quel a été votre parcours avant de vous lancer comme éleveur de moutons ?
Angélique – Je suis originaire de Lherm, j’ai grandi à la ferme de Bouzan où mes parents élevaient des vaches laitières. En guise de formation, j’ai commencé par un BTS agricole en Ariège mais comme je n’envisageais pas de reprendre l’exploitation de mes parents, j’ai souhaité m’essayer au métier de bergère. J’ai effectué un contrat de professionnalisation d’un an auprès de différents éleveurs. Avec Timothée, nous travaillions comme bergers saisonniers pour le même éleveur, c’est comme ça que nous nous sommes rencontrés.
Timothée – Je suis né en région parisienne, j’ai grandi à Orléans puis je suis parti dans les Alpes. Enfant, je partais en vacances dans l’arrière-pays niçois chez un oncle et une tante qui avaient des moutons et des chèvres et c’est là que j’ai commencé à développer une passion pour l’élevage et les relations avec les animaux. J’ai fait un baccalauréat professionnel agricole à Carmejane à Digne.
Angélique – En s’occupant d’un troupeau, on devient de plus en plus observateur, attentif au moindre détail et on réfléchit beaucoup, on est seul et on réfléchit. On apprend à se connaître et on se rend compte que les animaux sont tous différents et ont chacun leur propre personnalité. Les animaux ont une mémoire étonnante. Ils parviennent à se reconnaître, même lorsque deux troupeaux se mélangent en montagne. Les mères savent reconnaître leurs agneaux.
« Nous sommes très attachés au contact des animaux, à les voir grandir. »
Comment êtes-vous devenu éleveur de moutons ?
Angélique – Cela fera cette année dix ans que nous sommes revenus des Alpes. Nous avons commencé par acheter un petit camion bétaillère et nous sommes rentrés dans le Lot avec 14 brebis de race Mérinos d’Arles. Au début Timothée avait un travail à l’extérieur dans le service de remplacement agricole. Et petit à petit notre projet familial et professionnel s’est développé. Nous sommes très attachés au contact des animaux, à les voir grandir. Nous avons un petit agnelage d’automne avec une cinquantaine de brebis que nous gardons pour trois mois et un agnelage plus important au printemps.
Aujourd’hui notre entreprise s’appelle GAEC La Petite Mérinos, notre troupeau compte 200 brebis. Nous disposons de 40 hectares de propriété et 150 hectares au total de pâturages. Nous avons choisi la vente directe pour éviter les intermédiaires. Nous vendons aux particuliers des cartons sous vide et de la viande au détail uniquement une fois par mois. Nous disposons d’une liste de contacts et nous informons nos clients d’une vente deux semaines à l’avance. Cela leur permet de passer leurs commandes puis de venir les récupérer. Nous emmenons les animaux à l’abattoir de Gramat, et un boucher qui travaille au Vigan récupère les carcasses. Nous lui disons quelles découpes nous souhaitons puis nous nous rendons sur place pour mettre sous vide et préparer les sacs et colis. Nous allons parfois au marché de Castelfranc le lundi soir.
Nous lavons et filons également la laine de nos moutons puis nous la transformons en pelotes et je tricote. Nous vendons la laine sous forme de pelotes, d’écheveaux ou de créations.
Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez dans votre travail ?
C’est un métier où il faut s’adapter aux aléas de la météo. Ainsi l’hiver dernier, il a plu pendant plusieurs mois et les animaux avaient les pattes dans la boue et ont attrapé le piétin, ce qui nous a demandé beaucoup de précautions. Et cette année, nous avons détecté des cas de FCO, fièvre catarrhale. Mais le plus difficile est la destruction des cultures liée au gros gibier. Sur les céréales, cerfs et chevreuils prennent leur part. Cette année, nous pensions pouvoir récolter des céréales pour nourrir nos animaux en hiver, mais les rendements ont été bien inférieurs aux prévisions.
Les sangliers, lorsqu’ils sont poursuivis, endommagent les clôtures électriques en nylon. Et depuis deux ans, ils se sont multipliés. Ils reviennent et défoncent le sol des prairies. Les chasseurs en tuent une petite partie mais les animaux sont tellement nombreux que cela ne suffit pas. Certains élus souhaitent organiser une chasse administrative qui autoriserait la chasse même sur les propriétés privées, zones où la chasse est habituellement interdite et où les sangliers ont tendance à se réfugier et à se multiplier.
« Nous avons préféré renoncer aux aides à l’installation car elles étaient conditionnées au respect de normes tellement strictes qu’il aurait fallu emprunter pour les respecter. »
Quelle est votre approche du métier d’éleveur et parvenez-vous à en vivre ?
Nous ne nous plaignons pas. Nous n’avons pas un gros salaire mais nous vivons modestement et nous nous en sortons plutôt bien. Nous avons acheté cette ancienne ferme avec bâtiments et terrain il y a un an. Nous prévoyons d’y implanter des locaux pour accueillir les clients, développer le commerce de la laine et fabriquer des teintures végétales.
Nous avons choisi de nous développer à notre rythme, en restant à une échelle que nous pouvons maîtriser, sans endettement ni investissements lourds. Nous avons préféré renoncer aux aides à l’installation car elles étaient conditionnées au respect de normes tellement strictes que nous aurions dû emprunter pour les respecter. Aujourd’hui encore, de nombreux jeunes agriculteurs qui se lancent dans la production conventionnelle se retrouvent enfermés dans un système de productivité qui les pousse à s’endetter lourdement comme si cela était inévitable. Ils vivent sous une pression énorme. Et il y a beaucoup de suicides. Même la reprise de l’exploitation agricole de mes parents par mon neveu a dû être reportée car il exigeait une contribution financière préalable de 30 %. Nous avons préféré commencer petit et aujourd’hui nous sommes très contents. Nous avons le - de nous occuper de nos enfants et ils adorent vivre à la ferme et observer les soins prodigués aux animaux.
Commentaires recueillis par Luc GÉTREAU
Angélique and Timothée Garnier – GAEC La petite Mérinos – 2557, route de Lapèze Montgesty – Tel. : 06 33 26 15 16.
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